Elu en 2011 à la tête du Niger, le Président Mahamadou Issoufou est un homme qui tente de marquer de son empreinte, la pratique politique dans son pays. Pas seulement en « concassant » les partis adverses, en faisant « fuir » ses opposants ou en « protégeant » ses amis politiques, mais sans doute mieux, en imprimant une cadence de gouvernance que ses adversaires politiques ont visiblement du mal à suivre. Ceux-ci, semble-t-il, sont submergés par une avalanche de « poses de premières pierres » et autres « inaugurations » et n’ont rien à redire sur leur pertinence et leur impact sur le développement du Niger et le bien-être des nigériens.
Ainsi, faute d’arguments plus convaincants lui permettant de refaire son retard face à une « Renaissance » qui avance à pas de grandes réalisations, l’opposition s’est retrouvée totalement désarmée et sans fonds de commerce, ce qui a provoqué des « fuites de militants » massives qui l’ont davantage fragilisée. Aussi, sa structuration politique (avec trois têtes qui n’ont rien de commun), malgré la force dont elle pouvait légitimement se prévaloir, va singulièrement compliquer sa présence et son leadership sur le terrain. L’affaire des « bébés importés » qui fit « fuir » Hama Amadou, le soi disant « principal opposant », l’assomma presque définitivement en le privant de son meilleur artificier. Elle fut en fin de compte réduite à publier, au détour de quelques « impertinences gouvernementales », des déclarations et des tomes de son « livre blanc » … à partir de Niamey, laissant Bazoum Mohamed et ses « copains » occuper littéralement le terrain.
Le constat général est que l’opposition nigérienne n’est pas suffisamment préparée, pour affronter les prochaines échéances électorales. Il est vrai que le pouvoir en place a tout fait pour lui compliquer le destin, avec souvent l’aide de la Justice (Affaires toujours pendantes devant les tribunaux opposant les « ailes » des principaux partis de l’opposition ; Arrestations d’opposants ; Poursuites contre le principal opposant « contraint » à l’exil ; …). C’est vrai également, l’opposition politique n’a pas les mêmes ressources financières que les partis membres de la MRN (Mouvement pour la Renaissance Niger) gérant à présent une manne financière sans précédent dans l’Histoire du pays (Pétrole, Gaz, uranium, or). Il faudra pourtant aller aux élections.
Quelle va être la stratégie de l’opposition politique nigérienne pour arracher le pouvoir des mains de Mahamadou Issoufou, alors qu’objectivement, elle n’a pas de contre-bilan à lui opposer ? Se demandent les observateurs assez sceptiques devant son impréparation. Autres faits révélateurs de ce « marasme » qui la caractérise, les sièges des partis politiques qui la composent restent désespérément vides, à seulement quatre mois des élections, pendant que le PNDS et ses alliés de la mouvance s’y préparent activement. Seul le MODEN/FA garde une présence active sur le terrain, galvanisé en cela par l’exil de son président.
Les analystes sont formels. Dans la posture qui est la sienne, blessée, distancée et dos au mur, l’opposition ne peut compter que sur son « instinct de survie » pour se dégager de l’étreinte étouffante des « guristes » et espérer renverser la situation en sa faveur. En politique tout comme dans la vie de tous les jours, l’instinct de survie est un reflexe grégaire qui fait recours aux « armes non conventionnelles » et personnalise à outrance le débat. Il ne s’agira pas de « critiquer » mais de « diaboliser » son adversaire politique, en l’occurrence, le Président Mahamadou Issoufou qui brigue son second mandat. C’est clair et net là-dessus : L’opposition n’ira aux élections que pour salir et trainer dans la boue l’image de son principal adversaire.
Cette stratégie de l’opposition que d’aucuns qualifieraient de « prédatrice », est aisément perceptible, y compris dans son « impréparation » qui participe du processus de blocage, mais également dans la « récusation » de la cour constitutionnelle, dans la campagne de dénigrement du Président, en particulier sur le net, dans sa prise de position peu objective sur le calendrier de la CENI, dans ses multiples tentatives pour capoter les séances du CNDP, dans son thème favori (la corruption et l’enrichissement illicite), dans ses prétentions démesurées et même dans les fausses rumeurs savamment distillées. Et comme il s’agira d’utiliser toutes les armes possibles pour l’abattre, cette même stratégie ne manquera pas de susciter des prolongements occultistes, comme cela se passe sous les tropiques, en cas de crispation extrême. De l’avis général, l’opposition ira tout simplement chercher « la peau » du Président Issoufou, même sans raisons apparentes.
Une situation qui fait planer de menaces objectives sur les échéances électorales de 2016, en particulier sur le déroulement de la campagne électorale, sur les opérations de vote et sur l’acceptation des résultats.
El Kaougé Mahamane Lawaly ( Le Souffle, Maradi)