La confiance mutuelle, voilà une denrée rare dans le marigot politique nigérien.
Dès au départ, la relation majorité-opposition, contrairement à ce qui se passe dans tous les pays « normaux » (c’est-à-dire ceux dont la démocratie s’enracine durablement et sans heurts), était fondée sur une grosse hypocrisie de la part des perdants de l’élection de 2011 : en effet, c’est bien après avoir accepté toutes les conditions de l’élection, après avoir participé à tout le processus, et après que Seyni Omar eût reconnu son score, que le camp de l’opposition, en quête d’arguments pour justifier sa défaite, s’est mis à instiller dans l’opinion l’idée que les nouveaux dirigeants n’étaient pas dans leur rôle, qu’ils sont des amateurs, et tutti quanti.
Et quand, après les généreuses promesses de sa campagne et de son discours d’investiture, le président Issoufou s’est mis au travail, donnant une forme concrète au Programme de Renaissance, l’opposition a tout simplement choisi de fermer les yeux pour ne pas voir les réalisations : aussi, pour elle, il n’y a ni ambulances, ni classes, ni constructions de routes, de rail, d’échangeurs, d’hôpitaux, de CSI, de forages, etc. Le comble de la mauvaise foi ! Elle s’est aussi évertuée à démontrer qu’il y a mauvaise gestion et corruption, sans une seule foi apporter la preuve de ses allégations. Sans doute, si au Niger les juges s’autosaisissaient pour poursuivre les propagateurs de mensonges, les leaders de l’ARDR seraient tous au cachot…
L’année 2013 a constitué une étape importante dans le cheminement de la mauvaise foi de l’opposition : à la suite d’un remaniement du gouvernement, le parti Lumana quitte la mouvance présidentielle, fâché, dit-il, de ne recevoir que des coquilles vides. Personne ne l’a cru bien sûr, des ministères tels que la santé, les mines ou l’urbanisme ne pouvant être, nulle part au monde, considérés comme des coquilles vides. Mais la mauvaise foi passait par là, l’agenda caché étant d’imposer une cohabitation au Président de la République. C’est finalement la bonne foi de celui-ci qui l’a emporté sur les visées noires de ceux qui, plutôt que de jouer franc jeu, ont voulu poignarder dans le dos. Avant de voir tomber sur eux, comme une punition divine, l’affaire des bébés importés, qui a contraint à l’exil le manœuvrier de tout ce flop.
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Ces derniers mois, l’ARDR a enfourché un nouveau cheval de bataille. Voyant l‘élection s’approcher alors qu’elle ne s’y est pas préparée pendant plus de quatre ans, occupée qu’elle était à organiser des coups bas politiques, elle vise haut cette fois-ci en prétendant récuser la cour constitutionnelle et mettre en doute l’honnêteté des commissions électorale et du fichier. La composition et l’organisation du travail de ces instances n’ayant jamais été modifiées depuis des lustres, l’on comprend que l’opposition s’attelle simplement à saper le processus électoral. Le front dit patriotique et républicain, qu’elle vient de créer, devrait dans cet ordre aboutir aux mêmes objectifs et de la même manière que le FRDD et la CFDR des années 90 et 2000. Encore et toujours cette mauvaise foi, puisque dans le même temps, l’ARDR tient un discours sur des exigences relatives à la tenue des prochaines élections, dont elle ne veut pas en réalité qu’elles se tiennent.
Quel type de dialogue peut-il exister entre un gouvernement qui œuvre de bonne foi, et une opposition dont la stratégie politique repose sur la mauvaise foi ? Telle est la question.
L’opposition politique devra faire un effort sur elle-même, accepter que les autres ne sont pas comme elle, et se convaincre de la sincérité du président de la République lorsque, le 02 août dernier, il lançait ce cri de cœur : « je mettrai un point d’honneur à contribuer à l’expression libre des suffrages du peuple Nigérien et à l’organisation d’élections inclusives. Mon parcours politique, exempt de toute participation à des entreprises liberticides, en constitue une solide garantie. C’est dire que je ne cautionnerai pas l’organisation d’élections tropicalisées pour ne pas dire truquées. Cela n’est pas, d’ailleurs, dans la tradition de notre pays. C’est dire que je considérerai des élections mal organisées comme un échec personnel et je ne serai jamais à la base d’un travestissement de l’expression de la volonté populaire.»
Maï Riga (Le Républicain, 10 septembre 2015)