Monsieur le ministre, après Dosso Sogha qui a été un franc succès, c’est au tour de Maradi d’accueillir l’édition 2015 de la fête tournante du 18 décembre. Pourquoi le choix de Maradi ?
Le choix de Maradi pour abriter les festivités du 18 décembre 2015 a une explication simple. Après la suspension de l’organisation de la fête tournante du 18 décembre suite au coup d’Etat de février 2010, le Président de la République a décidé de la reprise de l’organisation de cette fête à partir de 2014. Il restait 3 régions qui devraient être les hôtes de cette fête à savoir Dosso, Maradi et Agadez. La région de Dosso a été désignée hôte de la fête en 2014 et le choix de Maradi pour 2015 ne constitue qu’une suite logique du processus.
Quelles sont les infrastructures qui sont prévues dans le cadre de Maradi Kolliya ?
Le comité d’organisation de Maradi Kolliya a réfléchi deux (2) mois durant pour définir, en relation avec les autorités locales et les différents acteurs, un programme exhaustif des infrastructures nécessaires pour une bonne organisation des festivités de la fête nationale d’une part, et, les besoins en investissements pour l’embellissement et la modernisation de la ville d’autre part, c’est-à-dire l’objectif de Maradi Kolliya. Un projet de programme, qui prend en compte les deux objectifs principaux, a été soumis à la sanction du Comité d’Orientation à sa réunion du 20 février 2015 qui l’a globalement adopté, ce qui a permis d’organiser la cérémonie de lancement le 11 mars 2015.
Ce programme comporte cinq (5) grandes rubriques. Il y a d’abord la voirie et l’assainissement comprenant 23km de routes bitumées, 10 km de rues pavées, 11km de collecteurs d’évacuation des eaux pluviales neufs et réhabilités, et un important programme d’éclairage public, d’aménagement des espaces ainsi que des monuments et des portiques d’entrée. Les capacités de la NIGELEC et de la SPEN seront considérablement renforcées. Dans la rubrique des infrastructures sportives et culturelles, le programme prévoit la mise aux normes internationales du stade régional, la reconstruction de l’arène des jeux traditionnels, de la Maison de la Culture, ainsi que d’une tribune démontable pour les défilés et autres manifestations. Il est également programmé la construction d’une académie des arts martiaux et d’un hippodrome.
Dans la rubrique des infrastructures d’hébergement, il est prévu de construire 100 villas de la Cité du 18 décembre et d’accompagner les initiatives privées pour construire ou réhabiliter d’autres cités et hôtels car les capacités actuelles d’hébergement à Maradi sont assez minces. La case de passage présidentielle et la résidence du gouverneur seront également reconstruites. Dans la rubrique des infrastructures économiques, il est prévu la construction et l’équipement d’un centre de foires, la réhabilitation de l’aéroport et de certains centres artisanaux, et la réalisation d’un village touristique à Madarounfa. En outre, on prévoit d’apporter un appui à la ville de Maradi pour achever la construction d’une salle de conférence de 1000 places et faciliter ainsi l’organisation, à Maradi, de grandes rencontres nationales et internationales.
Dans la rubrique des infrastructures administratives, nous pouvons citer la réhabilitation et l’extension de l’hôpital régional et de certaines infrastructures sanitaires périphériques, la reconstruction de certains services administratifs appelés à être délocalisés, mais surtout d’importantes infrastructures au profit des Forces de Défenses et de Sécurité y compris de nouveaux camps pour la Police, la Garde Nationale et la Protection Civile. Comme vous le constatez, c’est un programme très dense qui sera exécuté.
Quels sont les objectifs visés par le Gouvernement à travers ce projet ?
A travers le Programme Maradi Kolliya, le Gouvernement concrétise l’engagement du Président de la République à réaliser des investissements importants dans les principales villes de notre pays afin de les transformer en centres urbains modernes et propres, qui n’auront rien à envier aux autres villes d’Afrique. Ce faisant, on crée des emplois et on relance les activités urbaines tous secteurs confondus.
Quels en seront les coûts et comment ce projet sera-t-il financé ?
L’évaluation de l’ensemble du programme est en cours. Les études sont achevées et un comité technique a été chargé d’identifier des entrepreneurs capables, et de conclure avec eux les conditions techniques et financières pour la passation des marchés des travaux. Beaucoup de marchés ont déjà été conclus, mais nous ne pouvons donner à ce stade une estimation des coûts globaux tant que tous les marchés prévus ne sont pas discutés et attribués. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit de plusieurs dizaines de milliards. Evidemment, le programme global ne pourra être achevé avant le 18 Décembre 2015. Certaines composantes se poursuivront au-delà de cette échéance, au fur et à mesure de la mobilisation du financement. Pour démarrer, on dispose d’une inscription budgétaire de 15 milliards et d’un montant de 8 milliards consentis par la BOAD pour la voirie dont les travaux ont déjà commencé. Nous espérons que le prochain collectif budgétaire sera l’occasion d’accroître significativement ces ressources, à la lumière du besoin financier global qui sera connu d’ici là. Il est convenu également d’explorer d’autres sources de financement, notamment le Partenariat Public-Privé.
Qu’elle sera son impact économique et social au niveau de cette région ?
L’impact économique qui découlerait de la mise en œuvre du programme Maradi Kolliya sera à n’en point douter important. Tous les secteurs de la vie économique seront relancés, en particulier les entreprises BTP, le commerce des matériaux de construction, le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, le secteur des transports y compris aérien, l’immobilier, les organisations féminines et ONG qui connaitront un regain d’activités quand elles seront impliquées dans l’embellissement et la propreté de la ville de Maradi et des autres centres urbains. Mais c’est surtout au plan de l’emploi que l’impact économique sera le plus palpable. On a coutume de dire que quand le bâtiment va, tout va.
Le Président de la République et le Gouvernement vous ont chargé de conduire ce projet. Quel sentiment vous anime-t-il face à une telle mission ?
Tout comme vous, l’opinion en général a conscience que l’organisation de la fête nationale et la mise en œuvre d’un tel programme constituent une lourde responsabilité. La décision du Président de la République et du Premier ministre de me confier cette responsabilité procède du fait qu’ils sont convaincus que je suis capable d’accomplir une telle mission. Cela est en soi la meilleure marque de confiance et j’en suis reconnaissant. Contrairement à d’autres missions, j’ai trouvé celle-ci exaltante et après avoir évalué rapidement les chances de réussite, je l’ai acceptée. En plus du soutien des plus hautes autorités qui, j’en suis sûr, ne me fera pas défaut, je suis assuré dans cette tâche de pouvoir compter sur le comité d’organisation du programme Maradi Kolliya composé de responsables motivés et engagés, ayant déjà, pour la plupart, l’expérience de Dosso Sogha. Enfin je peux également compter sur l’adhésion assurée de la population de Maradi au programme car elle en maîtrise les enjeux et est consciente des profits que la région va en tirer.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des différents acteurs impliqués dans le projet en général, et de la part des populations de Maradi en particulier ?
C’est un fait, une mission de cette envergure ne peut réussir que si elle bénéficie du soutien des décideurs et de l’adhésion de la population bénéficiaire. Dans le cas d’espèce, je disais tantôt que les deux conditions sont réunies. Le fait que toutes les principales composantes de la société, localement ou au niveau de la diaspora, aient été consultées dans la phase de conception du programme, a facilité l’adhésion de ladite population. Il faut que chaque citoyen de Maradi ait le souci d’exécuter avec succès les tâches qui lui seront confiées. L’une des tâches auxquelles j’attacherai une importance particulière est la propreté de nos centres urbains, et en premier lieu de la ville de Maradi. En ce qui concerne le comité Maradi Kolliya, ce que j’attends de cette équipe qui a été étoffée récemment avec la mise en place de 21 commissions de travail, c’est la disponibilité et l’ambition de réussir la mission qui nous a été confiée. Nous devons ensemble être animés de la ferme volonté de mériter la confiance placée en nous.
Monsieur le ministre, un retard a tout de même été enregistré dans le début effectif de vos travaux, à quoi est dû ce blocage ?
Il est indéniable que par rapport à certaines infrastructures, nous ne sommes pas à l’aise pour le délai qui nous sépare des festivités du 18 Décembre 2015. Pourtant, nous nous sommes mis au travail immédiatement après l’installation du comité d’organisation. Nous avons adopté le programme d’investissement en février et procédé au lancement en mars sur la base des études architecturales disponibles à cette date. Entre temps, il faillait, pour pouvoir continuer, la libération des crédits et surtout l’autorisation de passer les marchés par entente directe. Malgré les multiples lettres et réunions, malgré l’accord du comité inter ministérielle d’orientation, il a fallu attendre début juin, soit quatre mois, pour obtenir la libération des crédits et l’autorisation de conclure des marchés par entente directe. Entre temps, nous avons quand même pris le risque de réaliser les études, ce qui nous a permis de garder l’espoir de réaliser beaucoup d’infrastructures avant le début des festivités. A l’heure actuelle, Maradi est totalement en chantier et nous allons nous y rendre la semaine prochaine pour évaluer la situation.
Siradji Sanda (onep)
lesahel.org