L’ex-président tchadien Hissène Habré devant le tribunal de Dakar, Sénégal, le 3 juin 2015. AFP PHOTO / SEYLLOU

Sénégal: l’ex-président tchadien conduit de force à son procès

Hissène Habré est désormais devant la justice. C’est au Sénégal que l’ex-dirigeant tchadien est jugé à partir de ce lundi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Un procès très attendu par les familles des victimes.

Ce lundi matin, Hissène Habré était déjà au tribunal quand les premiers journalistes sont arrivés. Vêtu d’un boubou et d’un turban d’un blanc immaculé, il y a été conduit contre sa volonté, selon un de ses proches. L’ancien dirigeant ne reconnaît pas les juges et ses avocats sont absents de la salle d’audience. C’est une parodie de justice, selon eux.

Un incident d’audience a éclaté une demi-heure avant l’ouverture officielle. Les partisans de l’ancien président se sont mis à crier. S’en est suivi une véritable cohue. Hissène Habré, qui était assis tranquillement au premier rang, a lancé ces quelques mots : « A bas les traîtres de l’Afrique ! A bas les impérialistes ! C’est du néocolonialisme, c’est une farce des politiciens pourris du Sénégal ! Les valets des Américains, traîtres en Afrique ! », a insisté Hissène Habré.

Il a été conduit dans le box des accusés manu militari et dans une grande bousculade pendant que ses partisans, eux, étaient expulsés de la salle d’audience. Comme il continuait à se débattre et à crier, Hissène Habré a été sorti du box des accusés et puis le calme est revenu.

A dix heures, les juges ont fait leur entrée dans la salle. « L’audience est ouverte », a déclaré le président de la cour avant une petite cérémonie d’ouverture avec la présentation des parties et un rappel historique de l’affaire. Pour les victimes et leurs avocats, qui se sont battus pendant 15 ans pour que ce procès puisse s’ouvrir, c’est une immense émotion qui domine ce matin et certains affichent un large sourire.

D’ici le 22 octobre, les juges entendront 100 témoins. Hissène Habré encourt entre 30 ans de prison et les travaux forcés à perpétuité.

RFI.FR