Plus les jours passent, plus les semaines défilent, plus l’opposition politique nigérienne regroupée au sein de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR) continue à patauger dans ses contradictions, écartelée entre la crise politique qui secoue les principaux partis qui la compose et les appréhensions légitimes liées aux élections générales de 2016.
Depuis plus d’une année, des mois et des semaines durant, à OPINIONS, nous nous étions résolus à l’idée que l’ARDR avait déjà fait le deuil de ses intentions électorales. Aujourd’hui, malgré le semblant de volonté affiché dans le sens de participer aux élections prochaines, à un moment ou à un autre de l’évolution des choses, l’ARDR ne fait, en réalité, que de la diversion politique que nous avons d’ailleurs toujours dénoncée. Jusque-là l’ARDR, pour nous, avait toujours fait preuve de cohérence, en créant, délibérément, toutes les conditions possibles rédhibitoires à sa participation aux joutes électorales de 2016. Dans cet article, nous nous proposons de vous instruire sur toute la stratégie échafaudée par ses mercenaires pour ne pas aller aux élections.
Du boycott du CNDP
D’entrée de jeu, il conviendrait de préciser que le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) n’est pas un organe institutionnel ou constitutionnel, comme le CESOG, le CSC ou encore la Cour Constitutionnelle, mais bien un organe informel né de la volonté des acteurs politiques de prévenir tout conflit politique en amont. Le CNDP est donc une originalité du système politique nigérien qui a fait ses preuves à maintes reprises dans la décennie 2000, notamment au vu des avancées majeures enregistrées dans le rè- glement de certaines questions politiques importantes, telles que le Code électoral, le Fichier Electoral, la représentation des partis politiques à a CENI, etc, etc.
Le CNDP avait aussi permis aux partis politiques extra-parlementaires d’être associés à la prise de certaines dé- cisions politiques d’intérêt national. Comme on le voit, la pratique a définitivement consacrée le CNDP comme un instrument politique de premier ordre ayant permis à notre pays de connaître la stabilité politique institutionnelle grâce au bon fonctionnement pratique des pouvoirs publics qui va souvent au-delà de la simple lettre des textes fondamentaux de la république. C’est donc cet instrument d’une grande efficacité politique que l’ARDR avait eu dans son champ de mire pour asseoir sa funeste logique de boycott des élections générales prochaines.
Prétextant que ses droits étaient ignorés au sein de ce cadre de concertation, elle avait tout simplement opté pour la politique de la chaise vide pendant un moment, laissant la majorité et les partis nonaffiliés débattre sans elle ! Comme on dit, les absents ayant toujours tort, le régime de la Septième République avait poursuivi normalement ses activités tout en regrettant simplement qu’une partie importante comme l’ARDR ait choisi de bouder les ‘’explications’’ ! Fort heureusement, le Président du CNDP, le PM Brigi Rafini, en homme de paix et de sagesse, avait déployé toute sa diplomatie pour ramener ces brebis égarées des fils d’Israël à la table des négociations, en ayant réussi à aplanir tous les différents ‘’points de divergence’’ sur lesquels avait campé l’ARDR.
Finalement, de guerre lasse, pour éviter le discrédit et surtout le ridicule devant la communauté nationale et internationale, nos ‘’braves opposants’’ acceptè- rent de reprendre leur place au sein du CNDP. Voilà comment, cette stratégie de boycott avait lamentablement échoué sans autre succès que le discrédit et la perte de temps qui avaient accompagné ce fiasco retentissant ! Mais c’était sans compter avec le caractère versatile d’une ARDR décidée à jouer toujours les prolongations même quand elle avait la possibilité de scorer à la 90ème minute.
Mais, pour nous autres observateurs, l’on devinait déjà toute la mauvaise fois dont l’ARDR était capable de faire montre quand devant des questions aussi mineures, elle pouvait trouver le prétexte de pinailler pour crier au scandale et tenter de remettre en cause une décision collégiale !
Cependant, toute la mauvaise foi de l’ARDR contrastait avec la profonde sagesse du PM Brigi Rafini qui, flegmatique, réussissait toujours à ramener à la raison ‘’les polémistes utiles’’ de l’ARDR ! Mais, comme on le voit, le fil qui les maintenait dans un cadre de dialogue civilisé était ténu, tellement ténu qu’il pouvait rompre à tous moments face aux enfantillages d’une opposition capricieuse et désespérée. Leur jugement était, visiblement, totalement obstrué par une suspicion, quasi maladive, qui les réduisait à voir partout ‘’le complot’’ venant de la majorité.
En fait, le principal problème de l’ARDR, son problème ontologique réside justement dans sa perte de confiance en elle-même, au point de voir, déjà, l’impossibilité pour elle de constituer une alternative crédible au pouvoir actuel en 2016. Mais-là à qui la faute ? A qui réellement la faute quand madame vous accuse de faiblesse au … lit ? Voilà donc le commencement du combat d’arrière-garde politique de l’ARDR qui se va se matérialiser en une espèce de roue libre pour dé- rouler toutes les phases d’une minable stratégie de boycott final des scrutins censés sanctionner la fin de l’actuelle mandature.
De la récusation de la Cour Constitutionnelle (CC)
Après donc le premier épisode de son feuilleton de boycott des élections, l’ARDR sera ensuite passée à la vitesse supérieure avec la publication du controversé ‘’Livre Blanc’’ sur les institutions de la République, dont le Tome1 avait été consacré à la CC. En effet, dans ce fameux machin destiné à la consommation des chancelleries étrangères, qu’ils ont appelé Livre blanc.
Ils ont la faiblesse de croire que les chancelleries étrangères sont totalement déconnectées des réalités, qu’elles sont capables de croire et de gober n’importe quel mensonge. En partant du présupposé démocratique qui veut qu’en Afrique les pouvoirs en place aient toujours tendance à abuser, l’ARDR pense qu’elle peut, rien qu’en écrivant des sornettes dans un tract pompeusement appelé Livre blanc, influencer l’opinion des ambassades accréditées sur notre sol.
C’est pour cela qu’elle a pris la liberté d’écrire toutes les contrevérités et même les innommables grossièretés dans ce document. A la lecture de ce torchon, bon nombre de démocrates nigériens avaient été consternés, indignés mais surtout saisis d’une froide colère, non pas parce qu’il attaquait injustement une institution des plus dignes et des plus sérieuses, mais parce que le contenu devrait faire honte à ceux qui l’ont rédigé ou assumé. C’était tellement bas. Tellement crasse et tellement indigne. On pensait que même dans le désarroi le plus total d’une opposition qu’ils n’ont jamais exercée, il leur resterait un peu d’honneur, un peu de dignité, bref un minimum de décence.
Hélas, nous nous sommes trompés. Lourdement ! Dans nos lectures, et c’est tellement vieux qu’on en oublie les auteurs, nous avions lu qu’autant l’envie était le carburant des révolutionnaires, autant la bassesse l’est pour les conservateurs. Certains n’y avaient pas cru et trouvaient cela insensé jusqu’à la publication du Livre blanc de l’ARDR. En effet, il est maintenant avéré que la bassesse est le carburant des conservateurs et des nostalgiques d’un pouvoir qu’ils n’auront plus jamais. Et de ce carburant là, les HAMASEINI-OUSMANE, ils ont fait le plein. Ce livre Blanc était immonde.
C’était-là de la bassesse à son niveau le plus vil comme notre culture n’en produit plus. Passons sur tous les les mensonges sur les arrêts de la Cour Constitutionnelle du Niger, mais imaginer et concevoir qu’un ancien Président de la république, deux anciens Présidents de l’Assemblée Nationale et deux anciens Premiers Ministres se soient réunis pour écrire ou valider un document qui parle de ‘’la mère de la Présidente de la Cour Constitutionnelle’’, c’était tout simplement de la bassesse, de l’innommable à l’inimaginable ! Comment cela avait-il pu être réfléchi, écrit et publié ? Comment était-il humainement possible et politiquement acceptable que des personnalités ayant dirigé ce pays tombassent plus bas que par terre pour évoquer la mère de la Présidente d’une institution dans un document qui devait parcourir le monde ?
Comment s’étaient-ils sentis quand, dans un Livre qu’ils avaient envoyé sur tous les réseaux sociaux et dans toutes les chancelleries, ils avaient osé dire et utiliser comme argument politique que la mère de la présidente de la CC est conseillère spéciale du Président ? A considérer même que cela fût vrai, or c’était totalement et absolument faux, qu’est-ce que cela dé- montrerait pour une femme qui est à la Cour en tant que représentante du Président, tout comme Mory avait été désigné par Hama Amadou. L’ARDR devrait-elle donc parler de la mère de Mory pour justifier sa désignation à la Cour ?
Au demeurant, qu’est-ce que cela apporterait à la connaissance de l’opinion et à la crédibilité de ses arguments que l’ARDR publie les liens familiaux et les villages de naissance des membres de la Cour ? En envoyant 22 requêtes en quelques mois à la Cour, les leaders de l’ARDR avaient voulu amener, comme ils le disaient eux-mêmes à leurs réunions, la Cour à se dédire, se renier ou s’embrouiller dans la cascade d’arrêts qu’elle devait rendre à cet effet. Il n’en fut rien et chaque fois, la Cour s’en était sortie honorablement, en faisant la fierté des Cours Constitutionnelles africaines.
Ce plan-là de l’ARDR avait donc échoué, et puisqu’il fallait né- cessairement détruire les institutions démocratiques si l’on veut prendre le pouvoir par la violence, il fallait encore et toujours à l’ARDR continuer à s’attaquer à la Cour Constitutionnelle (CC). Il faudrait juste rappeler à ces ‘’nouveaux opposants et grands ignorants’’ devant l’Eternel qui parlaient de la politisation de la CC, que la CC du Niger était l’une des rares ou même la seule où le président était élu, où les membres aussi étaient élus par leurs pairs avant de siéger à la Cour ! Après le CNDP, la CC, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) est la dernière victime de la cabale de l’ARDR pour ‘’blanchir’’ son comportement et s’empê- cher de participer aux élections à venir !
De la récusation du Président de la CENI
Jamais le mot ‘’récusation’’ n’a connu un usage aussi galvaudé qu’avec notre ‘’chère’’ ARDR qui l’a toujours sur les lèvres même quand elle va aux toilettes ! Elle avait d’abord récusé la CC. Hier, à la suite d’une décision judiciaire qui lui était défavorable, le MNSD de Seini Oumarou avait récusé la Cour d’Appel. Aujourd’hui, c’est au tour de la CENI d’essuyer les tirs nourris et les ‘’récusations’’ systématiques et habituelles d’une ARDR perdue. En effet, il aura suffi simplement que la CENI rende public le chronogramme séquentiel des élections générales de 2016 pour que Ousseini Salatou, porte-parole autoproclamé de l’ARDR, se fende sur les médias pour accuser la CENI de rouler pour le pouvoir en place. Quel était au juste le crime de la CENI ?
Celui de décider d’organiser la présidentielle avant les locales et les législatives ? C’est cela qui fait courir Salatou et ses camarades de l’ARDR qui y voient-là une machination du régime de la renaissance du Niger. En fait, quel enjeu s’attachet-il à un chronogramme séquentiel des élections arrêté d’ailleurs par un organe consensuel comme la CENI ? En réalité, il ya des non-dits qui se cachent derrière cette posture de l’ARDR. Pour cette dernière, la messe semblait être dite, car pour elle, la victoire à la présidentielle du candidat Issoufou Mahamadou ne souffrant d’aucun doute raisonnable possible, l’ARDR souhaiterait simplement se mettre en configuration mode ‘’locales’’ afin que l’élection quasi certaine de Issoufou ne déteigne sur ce scrutin local dont l’ARDR voudrait se servir comme test grandeur-nature !
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Ainsi, si l’ARDR obtenait un score honorable à l’issue de ce scrutin local, elle pourrait espérer se présenter à l’élection présidentielle sans crainte de se prendre une veste, c’est dire une mémorable fessée électorale ! En fait, la grande inconnue pour l’ARDR en termes d’élection résiderait dans le mystère total pour cerner l’étendue réelle de son électorat dans le pays. Or ce scrutin local est le seul thermomètre pouvant lui permettre de mesurer son audience électorale dans le pays.
Les locales constituent donc pour l’opposition une belle antichambre pour tester sa réelle popularité au sein des populations nigériennes cinq ans après la mise en œuvre de l’ambitieux programme de la renaissance du Niger ! En réalité, ce qui avait motivé la décision de la CENI d’organiser la présidentielle et les législatives en première position, ce n’était nullement les calculs qui n’existaient que dans les têtes brûlées des penseurs de l’ARDR, mais simplement pour des raisons de délais constitutionnels qui sont attachés aux élections présidentielles et législatives.
En effet, le raisonnement qui avait conduit la CENI à ce chronogramme était tout simplement le respect des échéances constitutionnelles attachées à ces deux scrutins qui ne peuvent être reportées sous peine de violation de la Loi Fondamentale, pendant que les élections locales peuvent, quant à elles, être repoussées à des dates ultérieures. C’estlà une question tellement élémentaire, voire de simple bon sens paysan qui veut que les élections présidentielles et législatives soient la pierre angulaire d’un régime démocratique, alors qu’on peut proroger avec un simple décret les mandats municipaux lorsque les circonstances l’exigent ! D’ailleurs sous la cinquième république, Tandja avait reporté plusieurs reprises les élections locales, municipales et départementales sans que cela eût provoqué un scandale outre-mesure !
Normal, diriez-vous, on peut prendre un décret pour nommer des maires, mais jamais pour nommer un Président de la République ou un député ! Comme on le voit, sur toute la ligne, les élections de 2016, loin d’être un espoir pour l’opposition, car en rè- gle générale, une élection est toujours une délivrance pour une opposition et un calvaire pour le pouvoir en place, sont en réalité, ici au Niger, le pire cauchemar de notre ARDR. La raison en est toute simple : l’ARDR ne s’est jamais résolue à prendre part à ces élections. Conclusion Si l’ARDR décide de ne point participer aux prochaines élections générales, grand bien lui fasse à notre avis, c’est-là un choix politique qu’il faut respecter et comprendre.
En revanche, ce qui nous inquiète, en renonçant à emprunter la voix des urnes, l’unique moyen en démocratie d’accéder au pouvoir, c’est le substitut auquel elle semble vouloir recourir qui pose problème aujourd’hui. Que les plus sceptiques finissent par se convaincre, l’ARDR n’ira jamais à ces scrutins quelles que soient les faveurs que le pouvoir actuel serait disposé à lui faire : même, au cas improbable où on confierait la présidence de la CENI à Ousseini Salatou, la présidence de la CC à Me Souley ou à Doudou Rahama, l’ARDR ne sortirait pas de l’ornière car un problème demeurerait irrésolu : qui serait le candidat unique aux élections présidentielles de 2016 ?
Comme on le voit, ce n’est pas demain la veille de l’acceptation de l’opposition pour participer à des élections où elle ne sera pas favorite, ou tout simplement candidate unique ! A part cela, visiblement, le seul rendez-vous auquel, bien sûr, l’ARDR ne manquera pas, serait un coup d’Etat. Car toute sa démarche antérieure se sera inscrite dans une logique putschiste, faute d’arguments politiques recevables pour convaincre les électeurs nigériens. C’est triste pour des gens qui se sont toujours crus pour des démocrates quand ils étaient aux affaires, mais Dieu aime le Niger encore.