LES DELIRES DU FUGITIF !

 Il était en passe d’être jeté dans les oubliettes de l’histoire, les médias nigériens, en dehors de ceux de son bord politique encore sous le coup de la nostalgie, ne lui accordaient plus une grande importance. Son parti Kay na turay se craquelle, se désintègre progressivement et n’est plus visible que dans la capitale Niamey.

En réalité, depuis sa fuite honteuse à l’extérieur, les militants de son parti ont pris un gros coup au moral, car dans nos sociétés, le chef, même au pic des difficultés, ne fuit jamais, il n’abandonne jamais les siens et ce, jusqu’au péril de sa vie ! Hama Amadou avait cherché plutôt à sauver sa peau qu’à défendre une cause politique.

Entre lâcheté et bravoure, il aura opté pour la première. Mais depuis son exil parisien, que de regrets le consument après avoir réalisé qu’il s’était totalement gouré dans sa décision de quitter la mouvance présiden- tielle, une mouvance dans laquelle lui et son parti était les bienheureux locataires. Rongé par le remords, il dut en appeler, secrètement, à la médiation de plusieurs personnalités de la sous-région pour intervenir en sa faveur auprès du Président Issoufou afin que les choses redeviennent comme avant ! Toutes ces personnalités ainsi mises à contribution avaient posé une seule condition au ‘’Fugitif’’ : elles acceptaient la médiation à condition bien entendue que HP (Honorable Parisien) la boucle, le temps que durerait la médiation. Il tint alors parole quelques temps, mais c’était trop demander à HP le silence qui n’a jamais été son point fort.

C’est ainsi qu’il rompit ce silence en se fendant dans  une interview accordée au magazine ‘’Mondafrique’’, un obscur périodique dans la capitale française. Au cours de cette interview, c’est le vrai HP, le vrai Hama Amadou, dans toute sa réalité, dans toute sa nudité, qui était apparu. C’était Hama sans fards, tel que nous le connaissons, un condensé de populisme, de cynisme, et surtout de démagogie à son stade le plus achevé. On le savait égocentrique, narcissique, voilà qu’on découvre le personnage fieffé menteur, boni- menteur pour un sou, bref un déformateur de la réalité ! Jamais dans cette interview complaisante il n’avait semblé se remettre en cause, lui qui pourtant avait tout essayé et tout mis en œuvre pour mettre le Président de la Républi- que en cohabitation ! Le drame chez HP, c’est que le mal vient toujours de l’autre et que c’est lui qui joue toujours le bon rôle !

A la lecture de cet entretien, on relève de prime abords quelques contre-vérités évidentes dont, par exemple, le nombre d’années passées à la primature par le Fugitif ; ensuite, Mondafrique ignorait que le Président Issoufou était à sa quatrième année de présidence et non à sa troisième. Pour ce qui est de certaines des réponses de Hama, force  est de reconnaitre  qu’elles relèvent plus du fantasme du rhéteur que de la réalité politique.

A ce niveau, nous ne sommes pas en-core au stade du mensonge public, mais celui du déni de la réalité. C’est par exemple quand le Fugitif avance péremptoirement que le Président Issoufou ‘’n’a ni bilan, ni avenir au Niger’’. Quelle affirmation présomptueuse et surtout gratuite ! On peut assimiler cette assertion à simplement un souhait politique pour un opposant frustré d’avoir misérablement échoué ! Voyez-vous, en logique pure, on ne peut pas dire d’une personne publique qu’elle n’a pas de bilan, simplement ce bilan doit être qualifié, positif ou négatif. Mais dans l’absolu, toute action a un bilan. Ne comprendre cela, c’est faire preuve  d’ignorance crasse.  Brossant lui-même son bilan de quatre années de mise en œuvre de son programme de la renaissance du Niger, le Président Issoufou, en toute modestie, avait estimé que son ‘’bilan en valeur absolue était relatif, mais comparé à ce qui avait été fait précédemment, ce bilan prendrait tout son relief !’’ Ainsi, dans le domaine éducatif, près de quinze mille classes ont vu le jour en  quatre  ans  seulement  contre 3000 en dix ans sous la cinquième république !

Voilà Monsieur Hama un bilan, comparez-le au vôtre lorsque vous étiez aux affaires. Près de 400.000 emplois ont  été créés en 4 ans dont 30.000 nouveaux fonctionnaires recrutés à la Fonction Publi- que contre 3000 en dix de Tandja et sept ans et demi de Hama !!! C’est-là un bilan qu’il faut, nécessairement, mettre à l’actif du régime de la septième république. Pour faire court, dans tous les domaines de la vie nationale, les performances de la septième république sont sans commune mesure avec celle de la cinquième république qui avait duré pourtant une décennie sans aucune phase d’instabilité.

Le seul domaine de performance de Hama et ses acolytes résiderait surement dans la mal-gouvernance et la prédation des ressources publiques dans lesquelles ils avaient battu tous les records  détenus  en  la  matière ! Lorsqu’il affirmait que le Président Issoufou n’avait pas d’avenir, nous ne savons pas exactement ce que HP voulait dire par-là, mais une chose demeure certaine : quand on regarde de près l’avenir, le sien nous semble plus sombre que celui du Président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou ! Toujours dans sa myopie et ses tentatives de falsification de la réalité, HP lâche tout de go que ‘’le PNDS reste minoritaire dans le pays, et par conséquent, l’alternance serait inéluctable en 2016 par lui ou par un autre de l’opposition !’’ HP dit asseoir son argumentation sur l’arithmétique : ‘’le MNSD, le Lumana et la CDS font 75% de l’électorat nigérien, tandis que le PNDS n’est qu’à 25% !’’ Il pousse l’outrecuidance jusqu’à affirmer que le PNDS ‘’n’est fort qu’à Tahoua seulement et résiduellement dans le centre-ouest du pays !’’

D’entrée de jeu, on n’a point besoin d’être mathématicien pour se rendre à l’évidence que les pourcentages de HP sont faux et archi-faux : il n’y a pas seulement quatre partis politiques au Niger pour se partager l’électorat, quid de l’ANDP, du RDP et du Gaskiya pour ne parler que de ces partis politiques moyens ! Ensuite, quand on analyse en profondeur le poids électoral de ces quatre formations auxquelles il faisait allusion, manifestement, HP essaie de tordre le cou aux vraies statistiques issues des élections générales de 2011 : au premier tour, le PNDS arrive en tête avec 36%, suivi du MNSD avec 19%, le Lumana avec 18%, soit la moitié des voix du score du PNDS, la CDS avec 08% ! En additionnant les voix du MNSD, plus le  Lumana,  plus  la  CDS  de Mahamane Ousmane, on obtiendra 45%, en tout et pour tout ! Où a-t-il pu, alors, trouver les 75% qu’il a avancés ? De deux choses l’une : où HP est un piètre arithméticien qui ne sait même pas faire une simple addition, l’opération la plus élémentaire, où bien, il se moque éperdument de la vérité et nous prend pour des  imbéciles  heureux !

Avec  le Fugitif, on apprend énormément de choses, comme celle de réduire une élection présidentielle à un simple calcul arithmétique. Sacré HP ! Cependant, l’homme n’est pas fou, car là où on l’attendait le plus, c’est à dire sur le terrain judiciaire avec ses petits Ibos, l’intéressé y était aux abonnés absents, wané mutun, se contentant seulement d’une formule lapidaire digne d’un paysan qui ignore tout du fonctionnement de  la  Justice.

En  déclarant  qu’ ‘’aucun magistrat honnête et loyal ne pourrait remettre en cause la décision du Tribunal qui s’était déclaré incompétent’’, HP n’apportait rien de nouveau pour prouver son innocence dans cette pénible affaire de bébés importés. Il tire sim- plement argument d’un dilatoire d’exception d’incompétence comme si cette décision était rendue en dernier ressort ! C’est regrettable de la part d’un homme politique de son rang qui feint d’ignorer qu’une exception d’incompétence ne signifie point un acquitte- ment ou une relaxation ! Dans ces conditions, si véritablement il se sentait tirer d’affaire, alors que fait-il encore en exil ?

Voilà les principaux points digne d’intérêts abordés par HP dans cette interview auxquels il nous avait semblé important de réagir pour rétablir la vérité, rien que la vérité et en conclure que, comme d’hab, cet énième entretien depuis son exil doré à Paris, n’a rien apporté de neuf dans sa situation. Et comme à l’accoutumée, c’est toujours la même rengaine qui suintait tout au long de cette interview : HP est tou- jours le bon samaritain et l’enfer c’est les autres pour parler comme Jean-Paul Sartre !

 Zak

 OPINIONS N° 261 DU 29 AVRIL 2015