Fidèle à sa démarche de concertation, le Premier ministre, SE. Brigi Rafini, a présidé hier après midi à son cabinet, une réunion sur l’épidémie de méningite qui touche notre pays depuis plusieurs semaines. Il s’agit à travers cette réunion de recueillir le point de vue des spécialistes et des institutions spécialisées, d’analyser les mesures jusque-là mises en œuvre et d’envisager ce qui est nécessaire pour faire face à la situation qualifiée de préoccupante dans certaines localités du pays. D’ores et déjà, le Premier ministre a annoncé la fermeture des écoles à Niamey jusqu’au lundi 27 Avril prochain, mais aussi et surtout l’arrivée, dès demain jeudi, de 600.000 doses de vaccin trivalent. Et la vaccination devrait débuter le vendredi pour la tranche d’âge de 2 à 15 ans dans les districts sanitaires les plus affectés.
Il y avait autour du Premier ministre, le ministre de la Santé publique M. Mano Aghali, le gouverneur de la région de Niamey, le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Niger, le représentant résident de l’OMS, le représentant adjoint de l’UNICEF, les représentants de plusieurs ONG internationales ainsi que les techniciens du ministère de la Santé publique. A l’entame de la réunion, le ministre de la Santé publique a présenté la situation établie par le comité de gestion des épidémies. Il ressort de cette situation que des foyers de la maladie ont été observés depuis janvier 2015 dans certaines localités. Les districts sanitaires de Doutchi et Dioundou ont atteint le seuil épidémique le 22 mars et celui de Niamey 2 le 12 avril 2015.
Ainsi à la date du 19 avril, un total de 908 cas a été enregistré dont 85 décès, soit une létalité de 9,36%. En termes de répartition de la maladie selon la tranche d’âge, les analyses épidémiologiques font ressortir que les moins d’un (-1) représentent 4% des cas, la tranche d’âge de 1 à 4 ans représente 21% des cas, celle de 5 à 14% représente 48% des cas et les plus de 15 ans font 27% des cas. En somme, plus de 70% des cas concernent selon le ministre de la Santé publique, la tranche d’âge de 2 à 15 ans. Les souches en cause dans cette épidémie sont les souches W et C. Ce qui d’après M. Mano Aghali pose un problème de disponibilité de vaccin. En effet, depuis la vaste campagne de vaccination menée par plusieurs pays dont le Niger, et qui a ralenti et même éradiqué les épidémies dues à la souche A, les fabricants ont ralenti la production dudit vaccin.
Ainsi, d’après le ministre de la Santé publique, la direction de la surveillance et de la riposte ne dispose pas actuellement de stock de vaccin. Par contre 12.000 doses de vaccins tétravalents destinés aux pèlerins sont disponibles à l’ONPPC. De même 450 flacons de médicaments sont disponibles au niveau du même office, auxquels il faut ajouter 250.000 autres flacons en attente de contre expertise au LANSPEX toujours pour le compte de l’ONPPC. En outre, M. Mano Aghali a fait le point des commandes indiquant que le ministère a commandé 179.446 doses de vaccins trivalents qui doit arriver le jeudi prochain. A cela, il faut ajouter 5.000 doses commandées par Ubipharm, 1000 doses par la pharmacie Assalam, 39.970 doses par MSF France, 1000 doses par la Fondation islamique internationale de bienfaisance, 360.000 doses par l’Unicef, 132.800 doses par l’OMS. En plus de ces vaccins, le ministère a commandé 18.500 doses de médicaments pour la prise en charge des cas détectés.
L’un des contraintes majeures dans la prise en charge de cette épidémie, c’est la disponibilité du vaccin même au plan mondial. En effet, après la commande lancée par le Niger (179.446 doses) et par MSF France (39.970 doses), il ne reste en tout et pour toute commande que 100.000 doses disponibles au plan mondial selon le ministre de la Santé publique. »Nous sommes en train de faire des démarches pour voir comment nous pouvons acquérir ces 100.000 doses par le biais de l’OMS » a ajouté M. Mano Aghali. Par ailleurs, le vaccin qui convient aux souches en cause est actuellement fabriqué par un laboratoire cubain, le seul d’ailleurs selon les experts. Et il faut un délai moyen de deux (2) mois pour en fabriquer selon Dr Assimawé Pana, Représentant résident de l’OMS au Niger.
Après avoir écouté les spécialistes et les différents partenaires, le Premier ministre a salué le travail exécuté par le comité de gestion des épidémies. Brigi Rafini a expliqué, que la non disponibilité du vaccin est due au fait que de nouvelles souches sont en causes dans cette épidémie. Dans l’immédiat, le Chef du gouvernement a instruit les services du ministère de la Santé publique à utiliser les 12.000 doses de tétravalents destinées aux pèlerins en attendant l’arrivée des doses commandées. »Nous devons considérer que dans certaines localités de notre pays, notamment la Communauté urbaine de Niamey, Doutchi et Gaya, l’épidémie de cette nouvelle forme de méningite constitue une crise à laquelle nous devons faire face dans l’immédiat », a déclaré M. Brigi Rafini, ajoutant que le besoin en vaccin s’évalue à près de 1.200.000 doses. »Pour ce besoin nous pourrons disposer d’ici jeudi prochain d’à peu prêt 50%. Le gouvernement prendra toutes les dispositions pour compléter ce besoin d’environ 600.000 doses », a-t-il dit tout en appelant les partenaires à aider le Niger.
Le Premier ministre a par ailleurs assuré tous les partenaires que des dispositions seront prises pour alléger les formalités administratives à l’arrivée des commandes, qui pour l’essentiel arriveront en fin de cette semaine. En attendant, le Premier ministre a annoncé la fermeture des écoles jusqu’au lundi prochain. Le Chef du gouvernement a cependant attiré l’attention des populations sur l’utilisation des vaccins non conformes aux normes, relevée par les services du ministère de la Santé publique. »Nous devons être très vigilants pour les produits qui entrent au Niger soient conformes aux normes internationalement établies. Il faut qu’il y ait une rigueur au niveau des services de contrôle. Les populations doivent aussi faire extrêmement attention » a-t-il préconisé. Il a aussi invité les populations à déclarer tout cas suspect et de le déférer auprès des formations sanitaires avant d’inviter les professionnels de la santé à multiplier la sensibilisation des populations.
Siradji Sanda