Le Niger, notre très cher pays, vient de loin. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, notre pays ne s’est pas construit en ….quatre ans. Avant de renaître de ses cendres, il a souvent subi le ravage et la trahison de certains de ses turbulents fils, souvent pour des raisons crypto-personnelles.
Nos vaillants ancêtres se sont battus avant la colonisation pour nous éviter cette épreuve avilissante. Puis nous ont permis d’accéder dans la dignité à l’indépendance en 1960. Des années 60 à ce jour, que de dirigeants patriotes se sont succédés, chacun avec son style pour imprimer au Niger sa marque, à savoir une nation respectée et digne malgré son statut de pays pauvre très endetté.
Le premier, le nationaliste Djibo Bakary, s’est battu courageusement pour dire non à l’ex colonisateur et après l’indépendance acquise tout de même, l’illustre Diori Hamani a rayonné sur l’Afrique et le monde par sa vaste culture, la générosité de cœur et son militantisme discret mais ferme. Il avait osé dire non à l’ex colonisateur quand il soutenait une guerre de sécession du Biafra chez le voisin Nigérian et pour dénoncé les contrats léonins sur l’uranium du Niger.
Son successeur, le taciturne et austère Seyni Kountché a laissé une image du nigérien sérieux, travailleur et rigoureux à cheval sur des principes du respect de la souveraineté nationale. Son suivant, Le Général Ali Saibou a su soulever le couvercle pour permettre aux nigériens de souffler avant de passer à l’étape agitée de la démocratisation dictée par le discours de la Baule de l’ex colonisateur intervenu après la chute du mur de Berlin. Après les péripéties de la conférence nationale et la transition maîtrisée par le très futé Premier Ministre Cheiffou Amadou et l’avènement de la génération des frères ennemis politiciens révélés par cette étape cruciale du début de l’ère démocratique, on a eu droit à l’avènement du Colonel Ibrahim Mainassara Baré, en tant que président du Conseil de Salut National pendant une courte transition et ensuite par la volonté divine, président élu de la République du Niger.
Le président Baré était connu comme un homme discret et disponible. Mais non moins déterminé et intraitable quand il fallait prendre une décision dont il était convaincu du bien-fondé, pour l’intérêt supérieur de la nation. C’était un homme qui se voulait proche du peuple qu’on pouvait rencontrer en ville dans un simple véhicule gris de marque 505 Peugeot, préféré aux traditionnelles grosses limousines noires de la présidence, aussi bien pour ses déplacements officiels que privés. Pour mieux faire la connaissance de l’homme, nous avons choisi de relever pour vous certaines de ses actes et prises de position aussi bien en politique intérieure qu’extérieure, qui ont marqué l’opinion nationale, voire internationale et qui lui ont valu la réputation de patriote, d’homme intègre, de nationaliste pour de nombreux observateurs et souvent de dictateur par certaines puissances occidentales jalouses de leurs intérêts qui préféraient toujours avoir en face d’eux des responsables malléables. Ceux que les anglo-saxons appellent affectueusement des « Yes Men » (les béni oui oui. BARE nous pensons n’étaient pas de ceux-là.
I – ACTES ET DECISIONS ENGAGES EN POLITIQUE INTERIEURE
Acte 1 – Présentation de sa Candidature à la présidentielle au grand dam de la classe politique nigérienne
Pendant la transition qui a suivi le coup d’Etat du 27 janvier 1996 qui porte Président Baré au pouvoir, alors que certains leaders politiques espéraient secrètement d’être appuyés pour faciliter leur accession au pouvoir, il les somma de se retirer de l’élection pour au moins le premier mandat de cinq ans prévu par constitution de la Quatrième République compte tenu de leur gestion chaotique des institutions reconnue par eux même devant la Cour suprême. Piqué au vif par leur refus catégorique de se retirer de la compétition au motif que s’ils se retiraient, il n’y aurait aucun autre nigérien à la hauteur dans ces partis qu’ils présidaient, pour diriger le pays.
Pourtant à son sens, MM. Cheiffou Amadou pour la CDS, Bazoum Mohamed ou Massaoudou Hassoumi, Mahamadou Ouhoumoudou, pour le PNDS, Sidikou Omarou, Ali Sabo et biens d’autres pour le MNSD pouvaient bien faire l’affaire pour cinq petites années. Suite à l’intransigeance de ces leaders, il décida de présenter alors sa candidature à l’élection présidentielle puisque lui-même était présenté comme sous qualifié, donc inapte à gouverner le Niger. L’effet de cette annonce fut immédiat, puisque les frères ennemis restés irréconciliables en dépit des multiples médiations de la communauté nationale et internationale des mois durant, scellèrent une sainte alliance, une entente parfaite, la plus longue de l’histoire politique du Niger et qui a duré trois ans (de1996 à mai 1999).
Acte 2 – Création et maintien d’un Ministère du plan dans la structure gouvernementale en dépit l’opposition des institutions de Bretton woods
Le Président Baré, face au FMI et à la Banque Mondiale qui exerçaient de fortes pressions pour demander la suppression du Ministère du Plan, parce que ce département n’étant pas conforme à leur philosophie, opposa un niet catégorique à ces institutions qui avaient réussi à rallier à leur cause un membre du gouvernement pour parvenir à leurs fins. Les conseillers en charge de l’économie et des finances ont été fermes sur la question et l’ont soutenu jusqu’au bout, avec des arguments convaincants.
Nous rappelons que faute d’arguments à opposer au Président IBM, le titulaire dudit département avait été qualifié de « très jeune », au cours d’une réunion avec ces institutions, alors qu’il était presque quinquagénaire dans un pays ou 60% de la population avait moins de 30 ans. Par la suite, devant la réussite de la Table ronde de Genève organisée en 1998 par le Ministère du Plan, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté dans le cadre du programme de relance qui a mobilisé plus de 300 % des financements recherchés, ces institutions ont fait leur mea culpa et adopté la démarche du Niger dans le cadre de leur programme de lutte contre la pauvreté pour les autres pays. Il faut souvent savoir s’affirmer face aux grands de ce monde et le Président IBM savait incontestablement le faire.
Acte 3 – Annonce du Colonel BARE de son projet du renversement du Président de la République et du Premier Ministre
Au cours des dernières semaines de décembre 1995, en pleine crise institutionnelle entre le Président de la République Mahamane Ousmane et le Premier Ministre Hama Amadou pendant la cohabitation chaotique des années 1994 et 1995, le Colonel Baré, alors Chef d’Etat-Major Général des Forces Armées Nigériennes, entreprit une médiation entre les deux hommes, suite à l’échec de toutes celles précédemment engagées par la CEDEAO, l’OUA, l’ONU, l’OCI, la Francophonie, les pays amis, les notables du Niger, et l’Association Islamique du Niger, etc.
Face au refus des deux têtes de l’Exécutif de s’entendre, le Colonel Baré pris le risque de les avertir de son intention à leur égard en ses termes : « en cas de persistance de la crise, l’armée ne restera pas l’arme au pied.» Ce qui en langage militaire voulait dire que l’armée allait renverser la République. Le Colonel Baré ne put mesurer le très gros risque qu’il avait pris en proférant ses menaces que lorsqu’il découvrit l’impressionnant arsenal militaire stocké à la Présidence après la destitution du Président en poste le 27 janvier 1996. Ce dernier avait envisagé de faire destituer et arrêter la hiérarchie militaire avant son renversement.
Acte 4 – Bras de fer épique mené contre les syndicats fortement opposés aux réformes économiques nécessaires au Niger
Le Président Baré avait de son vivant croisé le fer avec les syndicats qui protestaient énergiquement en 1998 avec des grèves perlées contre les mesures drastiques imposées traditionnellement par les Institutions de Bretton Woods, dans le cadre du Programme d’ajustement structurel renforcé qui allait plus tard permettre au Niger de retrouver son équilibre économique et bénéficier des allègements substantielles de dettes de 890 millions de dollars US, dans le cadre du Programme des pays pauvres très endettés (ppte). Il déclara lors d’une interview accordée à RFI : « je préfère satisfaire les 95 % des paysans constituant la population nigérienne plutôt que les 40 000 fonctionnaires de la fonction publique nigérienne.» Les syndicats ont fini par comprendre qu’il n’était pas homme à reculer devant ses convictions. Le débat était dès lors était clos, le programme pouvait continuer et les manifestations se poursuivre, chacun étant dans son rôle.
Acte 5 – Promotion des femmes à des postes stratégiques réservés depuis l’indépendance aux seuls hommes
Le Président Baré, connu pour son attachement profond à la promotion de la femme avait nommé trois grandes dames compétentes intègres et méritantes qui exerçaient dans la même période à la tête des régies financières stratégiques à savoir, la Direction Générale du Trésor, la Direction Générale des Douanes et la Direction Générale des Impôts. Cette option, il l’avait prise, convaincu que les femmes sont plus vertueuses et travailleuses que les hommes. Face à cette situation et à court d’arguments, une partie de l’opposition politique d’alors, s’était mise à diffuser à dessein dans l’opinion, par la presse acquise à sa cause, que les régies financières et même l’administration risquaient d’être bloquées en cas de …maternités simultanées des honorables dames (oui…oui…vous avez très bien lu. Nous sommes dans un pays très féru de politique où tous les coups sont permis pour discréditer et faire mordre la poussière à l’adversaire)
II – ACTES ET PRISES DE POSITIONS COURAGEUSES EN POLITIQUE EXTERIEURE
Acte 6 : Demande de départ d’un Ambassadeur, au lendemain du coup d’Etat de janvier 1996
Dès la première semaine de sa prise de pouvoir, le Président fut confronté aux réalités des relations asymétriques existant entre néo pays colonisés et néo-colonisateurs. L’ambassadeur en poste au Niger en janvier 1996 qui avait sans doute pris des habitudes dans ses relations avec la classe politique locale entrepris de lui dicter au quotidien sa conduite sans y mettre les formes. Le Président Baré n’hésita pas un seul instant à réclamer son départ auprès des Autorités françaises au nom des conventions diplomatiques.
Lui qui a été tour à tour, ancien Attaché militaire, ancien Ministre, puis Ambassadeur du Niger en France et en Algérie, savait qu’il pouvait faire usage de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Les Autorités françaises, pour les besoins de la stabilité d’un pays traversé par une crise institutionnelle accepta de sacrifier son diplomate. La raison d’Etat avait prévalu. L’ambassadeur quitta son poste et fut remplacé par un autre plus respectueux de la souveraineté du Niger.
Acte 7 : Rétablissement des relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine dès août 1996
A son accession au pouvoir, Taiwan, grâce à l’aide de « sa diplomatie dite du carnet de chèques » avait réussi à supplanter la République populaire de Chine à la suite du «rétablissement des rapports diplomatiques» avec ce pays depuis le 19 juin 1992, sous la Transition post conférence nationale. Taiwan était également solidement installé dans de nombreux autres pays de la Sous-région. Au Niger suite à la sécheresse financière, c’était TAIWAN ou …le chaos. Le Premier Ministre de Transition, M. Cheiffou Amadou, étranglé financièrement par les Dieux de l’argent, n’avait eu d’autres choix que de recourir aux services de Taiwan pour faire face aux salaires et à son cahier de charges…surchargé par les forces vives de la conférence nationale. M. Cheiffou devait échouer pour ne pas continuer à mener la barque Niger après la transition.
Dès son accession au pouvoir, le Président Baré amorce discrètement une réorientation diplomatique, avec pour objectif, la reprise, à terme, des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Le fameux proverbe chinois en faveur de cette reprise est connu de tous : « quand un homme a faim, mieux vaut lui appendre à pêcher que de lui donner un poisson ». Le rétablissement des relations interviendra dès le 19 août 1996, dans le cadre d’un partenariat gagnant–gagnant dont le Niger et l’Afrique entière tire aujourd’hui grandement profit.
La mise en œuvre, par le Président Baré, dès son accession au pouvoir, d’un véritable patriotisme diplomatique et économique avec la mise en œuvre d’une intelligence économique novatrice prenant en compte les intérêts stratégiques du Niger, dans la limite de l’affirmation de sa souveraineté pleine et entière à laquelle il était très profondément attaché, a permis au Niger d’appartenir, depuis 2012, au club très fermé des pays producteurs et raffineurs d’or noir.
En plus de nombreuses infrastructures qui ont pu être réalisées grâce à la Chine depuis son retour, notamment le deuxième pont sur le fleuve Niger, des routes, des recherches géologiques et minières entreprises visant l’eau, le pétrole, l’uranium, le charbon, les métaux rares et les minerais divers. C’est encore la Chine qui finance la plupart « des projets structurants » appréciés par la « Renaissance ».
Acte 8 – Campagne pour un deuxième mandat en faveur de l’Afrique au poste de Secrétaire Général de l’ONU, à travers une candidature du Niger
Aux lendemains de son accession au pouvoir en janvier 1996, le Président Baré fut sollicité par le Docteur Hamid Algabid, ancien premier Ministre du Niger, alors en fin de son deuxième mandat de Secrétaire Général de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), pour un soutien à une éventuelle candidature au poste de Secrétaire Général de l’ONU. Le Pr BARE finira par accepter de présenter et parrainer cette candidature avec un slogan de campagne « L’Afrique a droit à un deuxième mandat à l’ONU ».
L’Egyptien Boutros Boutros Ghali, un Copte francophile, en poste depuis quatre ans et donc en fin de mandat, toutefois candidat à sa réélection pour un deuxième mandat, fortement soutenu par la France, était alors vivement contesté par la diplomatie américaine menée par le Secrétaire d’Etat Madeleine Albright qui le menaçait d’opposer un VETO à sa candidature. Ayant flairé le coup par un briefing, le Président BARE entreprit de s’engager dans cette campagne en vue, à défaut de faire élire son candidat handicapé de sa provenance d’une organisation islamique, espérer arracher au moins un deuxième mandat pour l’Afrique.
Le jeu en valait la chandelle. La bataille fut très rude. Le round final fut engagé entre l’ivoirien Amara ESSY et le ghanéen Koffi ANNAN sortis du lot après plusieurs tours de scrutin au niveau des 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU, chargé de l’élection. Le Dr Koffi Annan finit par emporter la manche et y effectua deux (2) mandats successifs. Ce qui porta à trois (3) le nombre de mandats effectués par l’Afrique au poste de Secrétaire Général de l’ONU, ce qui constitua un record, en partie du fait du dynamisme la diplomatie nigérienne qui avait très tôt flairé le coup.
Acte 9 – Refus du Président Baré de prendre ses distances avec deux dirigeants voisins jugés « non fréquentables » par une puissance étrangère
Le Président Baré, en recevant l’ambassadeur de la première puissance mondiale accrédité au Niger en 1998, ne se doutait pas que ce dernier allait lui demander de prendre ses distances avec le Général Sani ABACHA, le président du puissant voisin nigérian dont il était très proche et avec qui le Niger partage 1600 kms de frontière et le bouillant Colonel Mouammar Kadhafi, le guide de la Jamahiriya arabe libyenne (PSA), bête noire de l’administration Clinton et de la communauté internationale. Tous deux étaient des têtes de turc des USA et de la communauté internationale. Le Président Baré opposa un refus catégorique à la requête du diplomate, en lui rappelant « que le Niger n’a pas choisi ses voisins ».
En effet, il était évident que, s’aliéner ces deux puissants voisins, c’est se faire harakiri. Les puissances avaient elles, une autre lecture en fonction de leurs intérêts évidemment. Il arrive souvent aux grands de ce monde de faire semblant d’oublier que « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des d’intérêts ». Le président BARE est resté lucide et intraitable sur la question, prêt à en payer le prix fort.
Acte 10 – Le Président Baré, un des premiers Chefs d’Etat africains à violer l’embargo aérien de l’ONU sur la Lybie suite au vote d’une résolution de l’OUA favorable à sa suppression
Le Président Baré, suite à une résolution historique du 34ème sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) (actuelle UA-Union Africaine) adoptée en juin1998 à Ouagadougou demandant aux membres de ne plus respecter l’embargo sur la Lybie, se rendit au mois de juillet 1998 à Tripoli par vol direct en compagnie du Président Tchadien Idriss Deby, au grand dam des Ambassades occidentales, violant de ce fait l’embargo onusien.
En effet depuis le mois d’avril 1992, le Conseil de sécurité de l’ONU avait voté un embargo aérien contre la Libye en raison de sa participation dans les attentats terroristes contre un Boeing de la compagnie aérienne américaine Pan Am à Lockerbie en 1988 et un DC 10 de la compagnie française UTA en 1989. Le Département d’Etat américain (équivalent du ministère des affaires étrangères) pondit un communiqué très menaçant.
Rien n’y fit. Le 1er septembre 1998, malgré la protestation de son Ministre des Affaires Etrangères qui avait reçu des injonctions de l’Ambassadeur des Etats Unies au Niger destinées au Président Baré, sur invitation insistante du guide lybien, il se rendit par vol direct une seconde fois à tripoli pour assister à la fête de la révolution du 1er septembre à partir de Rabat, au Maroc où il effectuait une visite officielle, au grand dam encore une fois du Département d’Etat.
Acte 11 – Participation aux obsèques du Général Président Sani ABACHA du Nigéria
Dès l’annonce du décès du Président du Nigéria, le Général Sani ABACHA, bête noire des Américains et d’une partie de la communauté internationale, le 8 juin 1998, peu avant la clôture du sommet de l’OUA à Ouagadougou au cours duquel la résolution demandant aux Etats au non-respect de l’embargo sur la Lybie fut adoptée, le Président Baré se rendit sans délai à KANO au Nigéria, pour assister à ses obsèques. De nombreux des Chefs d’Etat présents au sommet, il était l’un des rares à avoir osé faire le voyage pour représenter le Niger et faire honneur au Nigéria et à la famille de ABACHA qu’il avait toujours considéré comme un grand frère.
Par peur des représailles des américains, certains se sont abstenus de participer auxdites obsèques. Il venait, au travers de cet acte considéré comme courageux à cette époque, de manifester une solidarité sans faille aux populations du Nord du Nigéria, à l’instar de son illustre devancier et père de l’indépendance du Niger, le Président Diori Hamani (PSA) pour son soutien historique courageux et risqué au Nigéria contre la guerre de sécession du Biafra (province peuplée de l’ethnie ibo du Nigéria) soutenue par l’ancien colonisateur qui nous vaut toujours l’estime de ce pays.
Acte 12 – Discours engagé contre le bombardement l’usine pharmaceutique d’Al-Shifa au Soudan par les Etats Unis
Le Président Baré se rendit à KHARTOUM au Soudan en 1998 sur invitation du Président Omar EL BECHIR, qui n’était pas en odeur de sainteté avec le Département d’Etat et la communauté internationale. Dans le cadre de l’opération Infinite Reach qui est le nom de code d’une campagne de bombardements américaine contre des bases terroristes en Afghanistan et une usine pharmaceutique au Soudan. Le 20 août 1998, quatre missiles de croisières BGM-109 Tomahawk furent lancés depuis des navires de guerre américains positionnés dans la mer Rouge.
Plusieurs touchèrent l’usine pharmaceutique d’Al-Shifa au Soudan, que les États-Unis accusaient d’aider Oussama Ben Laden, le cerveau des attentats des ambassades, à se procurer des armes chimiques. Le Conseil de sécurité nationale déclara que des preuves existaient liant Oussama Ben Laden aux opérateurs de l’usine d’Al-Shifa. Il prononça un discours mémorable …dans lequel il déclara que l’Usine de SHIFFA bombardée par les américains ne fabriquait pas des armes chimiques, mais bien des médicaments. Cette visite historique resta au travers de la gorge de l’ambassade des USA à Niamey.
Même si des officiels américains reconnurent plus tard qu’il n’y avait aucune preuve que le complexe fabriquait ou stockait du gaz innervant, comme initialement suspecté par les Américains, malheureusement, l’usine était la source première de médicaments au Soudan, couvrant la majorité du marché soudanais et il a été estimé que l’attaque « provoqua probablement des dizaines de milliers de morts » civils soudanais.
Acte 13 – Projet d’une vente controversé de l’uranium du Niger à l’IRAN
Le Président BARE, lors de sa visite officielle en France en mars 1999 avait fortement plaidé auprès de la Cogema (ancêtre d’Areva) pour l’enlèvement de l’uranium du Niger et après d’âpres négociations, la Cogema avait accepté de maintenir le prix d’achat du kilo d’uranium à 22 000 FCFA (alors qu’il tournait autour de 10.000 FCFA sur le marché mondial). Le groupe français qui détenait 63% de la SOMAÏR voulait réduire sa production de 20% en 1999 (soit 1300 tonnes), et seulement de 10% (soit 1960 tonnes) celle de la COMINAK dont elle ne détenait que 34% du capital. Son objectif était d’enlever le moins possible d’uranium nigérien puisque les exportations se font au prorata des participations dans les mines.
Suite à l’inquiétude suscité par des ventes anarchiques d’uranium en Asie à la suite de l’échec des négociations entre Américains, Canadiens et la Cogema sur la transformation de l’uranium militaire russe, le Niger s’était mis à la recherche d’autres clients pour le tiers de sa production. Il proposa aux Iraniens sa part d’uranium qui non seulement étaient disposés à acheter beaucoup d’uranium au prix fort, mais également proposaient de construire dans le pays des écoles, des petits hôpitaux et des mosquées. En somme le Niger venait de tirer le jackpot. Mais à peine cette proposition des iraniens avait été faite au Niger, que les Américains sommèrent les Autorités du Niger de ne pas répondre à cette offre de Téhéran.
Devant le tollé provoqué par cette annonce et suite à un refus catégorique des Etats Unis du fait de sa position dans l’AIEA et au Conseil de sécurité, cette vente n’a jamais eu lieu. Pour cause, le Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires est passé par là, qui permet aux puissances d’exercer leur diktat sur les petits au gré de leurs intérêts.
Acte 14 – Visite historique du Président Baré à Cuba sous embargo
Le Président Baré se rendit en mars 1999 à CUBA, sur invitation du Leader Maximo, Fidel CASTRO. Il y prononça un discours mémorable en espagnol devant une importante foule. A ceux qui voulaient le dissuader d’effectuer le voyage, il répondit que c’était …un rêve d’enfance. L’ambassade des USA à Niamey qui avait essayé de le dissuader d’effectuer le voyage vers ce pays sous embargo depuis des décennies, n’avait pas du tout apprécié la décision du maintien de ce voyage pouvant inspirer d’autres pays et faire tâche d’huile.
Pourquoi refuser au Niger cherchant à améliorer son en indice de développement humain à cuba en tête, avec un indice de 5,2 médecins pour 1000 en 1997 loin devant les Unis avec 2,1 médecins pour 1000 habitants et la France avec un indice de 3 ,3. Le Président nigérien reviendra avec 30 médecins cubains qui devaient être complétés pour atteindre cents (100).
Pourtant, d’après le dernier Ministre de l’Intérieur du Président BARE, au cours d’une interview à la télévision Ténéré, au cours du vol de son retour de CUBA, une grande catastrophe a pu être évitée de justesse grâce au concours de nos traditionnels amis Français, plus tolérants et compréhensifs sur cette question qui lui ont miraculeusement sauvé la vie (nous n’entrerons pas dans les détails). C’était du reste son dernier voyage officiel, puisqu’il a été assassiné le mois suivant sa visite à Cuba. Depuis cette visite mémorable et historique, de nombreux Chefs d’Etat africains ont fini par fouler le sol Cubain sans encombre. A sa mort le 9 avril 1999, un deuil de trois (3) jours a été observé à Cuba avec mise en berne des drapeaux à demi-mat.
III – DECISIONS FINALES
Acte 15 – Le 7 avril 1999, soit quarante-huit heures avant son assassinat, il fut informé par ses proches tenant leurs sources d’une importante représentation diplomatique au Niger, qu’un de « ses amis » et très proche collaborateur, qu’il avait portant sorti de l’anonymat, voulait se débarrasser de lui.
Il ne laissa rien transparaître à son interlocuteur venu lui transmettre le message et n’entreprit rien contre cet « ami » qui voulait sa « disparition » et s’en remis à DIEU, seul juge suprême. Normal ! Il avait bien lu machiavel, qui professait : « Les hommes ont moins d’hésitation à nuire à quelqu’un qui se fait aimer qu’à quelqu’un qui se fait craindre, parce que l’amour est maintenu par un lien d’obligation qui, les hommes étant méchants, est rompu par toute occasion de profit personnel ; mais la cruauté est maintenue par la peur du châtiment, qui ne vous abandonne jamais. »
Lui mettait l’amitié au- dessus de tout ….et de toutes les coquilles pleines (postes et titres qui font courir les politiques au Niger) de la terre.
Acte 16 – Maintien d’un voyage risqué malgré les avertissements des proches qui sera fatal le 9 avril 1999
La matinée du 9 avril 1999, ayant été averti par ses proches et sa garde rapprochée, surtout la veille du danger qu’il courait en effectuant le voyage pour assister des réfugiés arabes du mali à Inatès, localité au sud du Niger près de la frontière malienne, Les informations concordantes faisaient comprendre que ses assassins envisageaient de faire exploser son hélicoptère en vol, à l’amorce de son atterrissage à Inatès pour ensuite accréditer la thèse d’un accident. Malgré l’insistance de sa garde rapprochée et de son Ministre de l’Intérieur, il refusera de surseoir à son voyage risqué. Il est Général et un Général, issu du corps para-commando de surcroit, psychologique préparé depuis fort longtemps à mourir à tout moment pour une cause nationale, ne peut avoir peur de la mort.
Il avait dit qu’il s’en remettait à Dieu. En présence de son Ministre de l’Intérieur qui lui proposait de faire arrêter les conjurés, il fit même venir dans son bureau le principal conjuré qu’il considérait comme un frère, pour lui signifier qu’il était au courant de son projet macabre et lui pardonnait son intention pour une quatrième et dernière fois. Son retour de pèlerinage à la Mecque, une semaine auparavant, était sans doute pour quelque chose. Il se rendit à l’aéroport peu après et fut assassiné à l’arme lourde. Son « ami » et Premier ministre en poste déclara sur les ondes nationales, quelques heures après, qu’il avait disparu « suite à un accident malheureux » sans avoir présenter les condoléances à sa vieille mère, sa femme et ses enfants.
La formule cynique et choquante fit évidemment le tour du monde. Le président Bongo traita les « associés » de proscrits. Les « amis » continuent de recruter de petits cabots inexpérimentés pour « assassiner » l’âme de leur bienfaiteur peut être pour soigner leur âme souillée et tourmentée.
Le président Baré, en acceptant le sacrifice de sa personne de la sorte, souhaitait secrètement éviter de faire couler abondamment le sang des nigériens. Puisqu’il savait qu’en ce jour saint du 9 avril 1999, certains avaient décidé que …le BAOBAB, BARE devait être scié à tout prix. Ils l’avaient annoncé la veille et l’avant-veille.
Son devoir accompli, il savait que le Niger allait poursuivre sa route, avec ou sans lui.
REPOSES EN PAIX, PATRIOTE !!!