Boko Haram n’est plus en mesure de prendre une ville dans le sud-est du Niger, a assuré samedi un ministre nigérien, se montrant confiant après une série de succès militaires revendiqués par les pays de la région sur le groupe islamiste nigérian.
« La situation est totalement sous contrôle », a déclaré à l’AFP, lors d’une visite à Abidjan, Mohamed Bazoum, ancien ministre des Affaires étrangères nigérien devenu récemment ministre d’Etat à la présidence.
« Il n’y a plus de chance que Boko Haram prenne une ville, même sur le lit du lac Tchad », où les insurgés ont commis plusieurs attaques, a poursuivi ce proche du président nigérien Mahamadou Issoufou.
Cette prise de position résolument optimiste contraste avec la crainte de « cellules dormantes » de Boko Haram formulées mi-février par les autorités nigériennes, après plusieurs attaques du groupe islamiste.
Le président Issoufou avait alors demandé aux jeunes de « ne pas tomber dans le piège de la propagande » de Boko Haram, appelant ceux « qui se sont déjà engagés dans cette entreprise sans lendemain » à « se ressaisir ».
Depuis le lancement le 31 janvier d’une offensive combinée des pays de la région, Cameroun et surtout Tchad, en appui aux forces du Nigeria, les alliés ont revendiqué une première série de victoires contre Boko Haram.
Jusqu’alors, les islamistes avaient infligé revers sur revers à l’armée nigériane, qui semblait impuissante à stopper seule leurs avancées durant l’année 2014, et ils avaient commencé à étendre leurs attaques au Cameroun.
Egalement menacé, le Niger a rejoint la coalition début février. Pour se retrouver instantanément attaqué dans sa partie sud-est, frontalière avec le nord-est du Nigeria, région fief de Boko Haram.
Cinq semaines plus tard, les risques d’attentats sont « très réduits » du fait de « l’élimination de tous les acteurs potentiels », a estimé M. Bazoum, pour qui « un sentiment de quiétude totale » prévaut désormais « avec l’idée que Boko Haram relève plutôt du passé ».
Aucune attaque des islamistes n’a été recensée depuis près de deux semaines au Niger, où Boko Haram avait multiplié les assauts en février.
« Boko Haram est en train d’être éliminé », assurait cette semaine un porte-parole du gouvernement nigérian, Mike Omeri. « Il n’y aura pas d’Etat islamique au Nigeria. Le seul Etat qui continuera à exister est la République fédérale du Nigeria », ajoutait-il.
Le serment d’allégeance de Boko Haram à l’organisation Etat islamique (EI), qui l’a accepté jeudi, relève de l' »acte de désespoir », survenant au moment où les insurgés nigérians « enregistrent de lourdes pertes », jugeait M. Omeri.
– Nouveau front –
Mercredi, Abuja annonçait la reprise de 36 villes aux islamistes depuis le début de l’offensive régionale. Le gouvernement nigérian prétendait également avoir « chassé » les rebelles de l’état d’Adamawa, très durement frappé par Boko Haram.
Ces affirmations n’ont pu être vérifiées de source indépendante, les zones concernées étant quasi inaccessibles. Mais elles sont « assez crédibles », selon un analyste.
Une partie des troupes tchadiennes engagées au Nigeria est repassée au Cameroun, d’où elles devraient rejoindre de nouveaux fronts, a-t-on appris vendredi de sources militaires.
Quelque 2.500 soldats tchadiens déployés dans cette zone avaient notamment repris ces dernières semaines les localités de Gamboru et de Dikwa, dans le nord-est du Nigeria.
Un nouveau front s’est ouvert il y a une semaine 200 kilomètres plus au nord, à la frontière nigéro-nigériane. Des milliers de soldats nigériens et tchadiens, qui étaient massés depuis un mois et demi dans le sud-est du Niger, sont passés à l’offensive au Nigeria.
Mais aucune information, hormis la prise de la ville nigériane de Damasak dimanche dernier, n’a pour l’instant filtré. L’armée nigérienne ne communique plus les pertes dans ses rangs, quand des bilans quotidiens étaient jusqu’alors fournis aux médias.
Vingt-quatre soldats nigériens ont péri entre le 6 février, jour de la première attaque au Niger, et le 8 mars, jour de l’offensive au Nigeria, selon la police nationale nigérienne.
Dans le même temps, « 513 éléments de Boko Haram ont été tués », de même source.
Les bilans communiqués par les pays combattant Boko Haram sont très défavorables aux islamistes, sans qu’il soit possible d’obtenir un état des pertes humaines venant d’autres sources, aucun acteur tiers (ONG, ONU) n’étant présent dans les zones de combat.
La recrudescence des attentats dans les gares routières et les marchés fréquentés de nombreuses villes du nord nigérian fait craindre que Boko Haram ne privilégie encore plus la stratégie de la terreur, plus difficile à prévenir.
AFP