ARDR : La motion de la capitulation !

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Pendant que l’examen de la Loi de Finances se poursuivait à l’Assemblée Nationale pour entrer dans sa dernière phase d’adoption, au moment où la Cour Constitutionnelle rendait son arrêt constatant la vacance du poste de président de l’Assemblée Nationale, et enfin, au moment où se déroulaient les opérations de vote pour l’élection du nouveau président de cette institution, l’opposition parlementaire créa la surprise par le dépôt d’une motion de censure au contour totalement flou, contre le gouvernement de Brigi Rafini, car portant sur la mauvaise gouvernance, un sujet bateau s’il en fut !

C’est la deuxième fois que l’opposition parlementaire initie une motion de censure contre le gouvernement de la Septième république, cependant, très peu de nos compatriotes se souviennent à peine du sujet de la première motion, comme pour dire que le thème était loin de constituer la tasse de thé des Nigériens ! Cela tranche nettement avec toutes les motions de censure (au total 04) que la CFDR avait déposées en sept ans sous la Cinquième République, des motions qui restent encore gravées dans les mémoires tant les sujets sur lesquels elles portaient étaient sérieux et brûlant d’actualité, car touchant le citoyen moyen dans son quotidien ! A titre de rappel, tout le monde peut se souvenir de la première motion qui fit vaciller le tout jeune régime de la Cinquième République avec le fameuse ‘’Affaire Zeinab’’ où, pour un coup de pinceau à la Villa Verte, Hama Amadou, PM de l’époque, avait engagé 800.000.000 de nos francs !

Cela étant, revenons au dépôt de cette dernière motion pour en souligner, non seulement l’inopportunité, mais surtout l’inutilité dans son essence même. Une motion inopportune Lorsque nous avions appris que l’ARDR s’apprêtait à déposer et faire discuter une motion de censure contre le gouvernement de Brigi Rafini, en tant que citoyens, nous avions applaudi et même espéré un véritable rehaussement du niveau du débat politique national afin de mettre court à toutes ces fausses rumeurs et autres manips de bas étages érigées en méthodes d’opposition politique. En fait, dans le sens d’une motion de censure, on devrait trouver tout ce qui constitue le sérieux de l’action publique et la valeur alternative que représente l’opposition dans un pays.

Sans cette dimension fondamentale, la motion de censure risque de se dépraver pour ne plus apparaître qu’une simple banalité, un simple artifice juridique inscrit dans la Constitution ! Voilà pourquoi il serait souhaitable que cette disposition constitutionnelle qu’est la motion de censure soit rigoureusement bien encadrée par les acteurs politiques, parce que son recours ne soit point intempestif, voire devenir puéril dans son exercice ou encore être galvaudé et perdre, ainsi faisant, sa valeur pédagogique pour laquelle le constituant l’a instituée. A quoi avions-nous assisté la semaine passée dans l’hémicycle, chers lecteurs ? Eh bien, c’était tout simplement à un jeu de gosses mal élevés, auquel s’était livrée l’opposition parlementaire, avec le ridicule comme cerise sur le gâteau !

Comme nous l’avions déjà dit plus haut, cette motion avait comme thème principal la mauvaise gouvernance. Rien de plus, mais tout en plus : ce thème universel nous semble trop vaste, mais surtout trop imprécis pour être débattu dans un cadre aussi restreint que celui de l’Assemblée Nationale ! Peut-être qu’il aurait fallu quelque chose comme une Conférence Nationale pour prétendre épuiser une si vaste problématique et ce, des mois durant ! Malheureusement, pour notre opposition parlementaire, à court d’arguments politiques convaincants et surtout recevables, elle n’avait eu d’autres choix que de recourir à ce thème fourre-tout, comme pour mettre la charrue avant les bœufs : pour elle, la qualité de la copie avait peu de valeur, seul l’acte en lui-même avait une finalité, c’est-à-dire, faire du bruit, beaucoup de bruit pour justifier leur ‘’silence bruyant’’ auprès des militants !

Il faut reconnaitre que ce maigre objectif avait été largement atteint, puisque les Seydou Bakary et consorts avaient noyé les micros de salives. Pour le contenu de leur discours, l’opinion publique nationale et internationale n’avait, strictement, rien appris de plus ou de nouveau mises à part, l’aisance et la désinvolture de gens aspirant, un jour, à diriger ce pays, dans l’insulte, le mensonge éhonté et surtout la calomnie ! Réussir à combiner, en une seule journée, ces trois défauts, il faut un sacré talent dont l’apanage revient, incontestablement, à l’ARDR avec une licence brevetée ! Après cette inopportunité de la motion de l’ARDR, l’on avait aussi noté l’absence de qualité dans celle-ci, c’est-à-dire l’absence de saveur et surtout d’actualité dans le choix du sujet d’un tel moyen de contrôle de l’action gouvernementale.

Il aurait fallu de la part de l’opposition parlementaire rechercher les vraies questions d’intérêt national avec des informations précises et fondées pour espérer confondre le gouvernement en reprochant à celui-ci d’éventuelles défaillances dans tel ou tel domaine de la vie nationale Là encore, la CFDR fut pionnière en la matière, car pour toutes les motions de censure qu’elle avait eu à initier sous la Cinquième République, elle s’y était minutieusement preparee a l’avance en dressant un implacable réquisitoire contre le régime de l’époque au terme d’intenses investigations sur le terrain pour obtenir les précieux renseignements sur la gestion de ce dernier. Lorsque la CFDR déposait une motion de censure, c’était toujours sur une question d’intérêt national bien précise dont les contours étaient clairement définis et circonscrits, le tout enveloppé dans une dialectique impitoyable qui en faisait à la fois tout le sérieux et tout le charme.

Les téléspectateurs sortaient toujours édifiés de cet exercice démocratique au cours duquel leurs lanternes avaient été éclairées sur un certain nombre de questions de préoccupation nationale. Rien à voir donc, aujourd’hui, avec ce que l’ARDR a servi aux citoyens nigériens. En plus de cette inopportunité, cette motion de censure était également dans saveur, mais surtout anachronique par rapport aux questions qui en avaient constitué la trame. Une motion insipide et décalée Beaucoup de nos concitoyens s’attendaient à un big-bang avec le dépôt et la discussion de cette motion de censure Il faut dire que ces attentes populaires étaient, du reste, légitimes car, par le passé, l’opposition parlementaire regroupée au sein de la CFDR avait habitué les citoyens à une toute autre manière, plus responsable, et plus majestueuse dans l’utilisation qu’elle fît de cette arme redoutable qu’est la motion de censure.

A vrai dire, aujourd’hui encore, nous sommes nostalgiques de ces moments homériques pendant lesquels, seulement 25 députés au sein d’une Assemblée qui en comptait 113, avaient été plus audibles et plus convaincants qu’une amorphe et atone majorité parlementaire de l’époque. D’ailleurs, quelques instants après sa chute le 31 mai 2007, dans sa première déclaration, le PM tout fraichement déchu, Hama Amadou, eut ces mots amers en qualifiant sa majorité ‘’d’une majorité sans âme’’ ! A l’arrivée, les citoyens ont été mal servis, car en fait de motion, il n’y en avait jamais eu lieu. En effet, toutes les questions par lesquelles l’opposition parlementaire espérait désarçonner ‘’l’empire de la sagesse’’, le PM Brigi Rafini, n’étaient pas des questions neuves, car, presque toutes ayant déjà fait l’objet d’interpellations des ministres concernés et qui avaient donné les réponses appropriées.

Lorsqu’il prit la parole pour répondre, le ‘’Sage’’ Brigi n’avait d’ailleurs pas manqué cette redondance. Seulement comme on dit bien souvent, il n’y a pas pire sourd que celui qui refuse d’entendre, l’opposition parlementaire était dans une autre logique, qui n’était ni celle de la verite encore de l’honnetete intellectuelle Sa logique est connue de tous : délégitimer les institutions républicaines actuelles, c’est-à-dire, enlever tous droits aux dirigeants actuels de présider aux destinées du Niger, comme si il y a avait deux catégories de Nigériens : ceux qui sont faits pour diriger et ceux qui sont faits pour être toujours à l’opposition. Naturellement, les animateurs de l’ARDR se font classer dans la première catégorie et rejettent dans la seconde tous ceux qui ne sont pas des leurs.

Pourtant, pendant dix ans, ils avaient été aux commandes de l’Etat et leur bilan est là sous nos yeux pour les juger. Tellement ils furent nuls qu’ils furent obligés de quémander un minable bonus de trois ans pour finir des chantiers commencés il ya … dix ans ! Ce qui a changé aujourd’hui, ce n’est pas l’ARN, mais bien le nouvel invité Kaï na turay (Lumana) qui, il y a peu de temps, ne tarissait pas d’éloges à l’endroit de l’actuel PM dont il reconnaissait qu’il était ‘’l’homme de la situation’’, l’exemple type du ‘’flair politique qui avait inspiré le Président Issoufou’’ dans ce choix, confiait Hama Amadou ! Aujourd’hui, c’est toute honte bue que ces mêmes militants du parti Kaï na turay, hier encore totalement ‘’rafinistes’’, pour ne pas dire entièrement … raffinés au contact du PNDS, déversent leur bile sur le même PM.

Conclusion Un autre fait troublant et qui avait fini par convaincre le dernier des sceptiques quant à l’incapacité de l’ARDR à se poser en alternative crédible au régime actuel en 2016, fut l’abandon de l’hémicycle sans avoir même voter leur propre motion de censure ! Nous pensons qu’à un niveau de responsabilité comme le sien, l’opposition parlementaire aurait du aller jusqu’au bout de son initiative même si elle savait qu’à la fin, cette motion serait rejetée. A ce niveau aussi, la CFDR avait déjà montré la voie lorsqu’elle était à l’origine d’une motion de censure. Mais, à travers cette attitude démissionnaire pour ne pas dire fugitive de l’ARDR, on peut aisément lire tout le désarroi et toute l’angoisse qui se sont saisis d’elle dans la perspective des élections générales de 2016, devant le bilan ô combien élogieux du régime de la renaissance du Niger. Voilà tout ce qui fait courir l’ARDR et ses leaders et explique largement cette attitude de panique dans ses rangs.

En fin de compte, il y a lieu de se poser sincèrement une question : est-on obligé d’être opposant quand on n’a pas les raisons de ce choix ? Vos réponses sont attendues à l’adresse e-mail du journal OPINIONS à lire dans notre ours.

Zak