Le Congrès extraordinaire du MNSD Nassara s’est tenu ce samedi 29 novembre à Niamey. Il s’agissait en fait d’un double Congrès avec deux évènements différents et qui ont eu lieu dans deux places différentes.
Le premier a été convoqué par le secrétaire général du parti, Albadé Abouba, qui a mobilisé ses partisans au Palais de sport de Niamey.
Le second a été convoqué par le Président du parti, Seyni Oumarou, et s’est tenu en plein air sur la route de Tillabéry. Des deux cotés, l’enjeu principal était de jouer sur la démonstration des forces afin de prouver le soutien des militants pour l’une ou l’autre des deux ailes.
Il est difficile dans ce cas de se donner une idée sur le véritable gagnant de cette douloureuse épreuve pour le MNSD surtout que les deux ailes se sont également appuyées sur des militants d’autres partis de la majorité et de l’opposition.
Ainsi, Seyni Oumarou a eu le soutien des partis membres de l’opposition réunis au sein de l’ARDR. De son coté, Albadé Abouba s’est appuyé sur les partisans de la majorité présidentielle MRN.
Toutefois, un autre fait marquant à relever, si Albadé Abouba a pu réunir la majorité des présidents des sections régionales du MNSD avec qui il a été suspendu du parti pour avoir rejoint les rangs de la majorité, plusieurs diplomates et autres grandes figures du parti ont plutôt assisté à l’ouverture du congrès de Seyni Oumarou.
La présence de Fati Tandja, l’une des épouses de l’ancien Président de la République et également ancien président du MNSD Nassara au Congrès de Seyni, a été aperçu comme un soutien implicite de Tandja Mamadou à l’aile Seyni.
Il faut noter qu’en amont de ce double congrès, une Convention nationale extraordinaire a été tenue par l’aile Albadé Abouba, mercredi dernier. L’occasion pour les dissidents du MNSD d’annuler la décision de leur suspension prise par le bureau politique national du MNSD en Août dernier. Ils ont également retiré leur confiance à Seyni Oumarou pour « incapacité notoire à diriger le parti ».
L’aile Seyni Oumarou a tenu son Conseil national du parti ce même samedi, et qui s’inscrit dans le même registre que celui qui s’est déjà réuni il y a quelques mois à Zinder pour décider de l’exclusion des Albadé et compagnie.
C’est donc un double congrès pour le MNSD Nassara, l’un des principaux partis de l’échiquier politique national et qui a eu à diriger le pays pendant plus de dix années (1999-2010). A l’issue des élections de 2011, le parti s’est retrouvé comme principal parti de l’opposition politique.
La rupture est intervenue en septembre 2013 à l’occasion de la tentative de formation de gouvernement d’union nationale décidée par le Président de la République Issoufou Mahamadou. Alors que le président du parti Seyni Oumarou a refusé de participer à cette initiative à l’issue des négociations avec le pouvoir de Niamey, son secrétaire général Albadé Abouba et plusieurs autres membres de la direction du MNSD ont rejoint la majorité avec à la clé plusieurs postes ministériels.
Depuis c’est la rupture au niveau de la direction du MNSD avec deux ailes distinctes qui se disputent la légitimité du parti avec, en toile de fond, la justice qui a été sollicitée à plusieurs reprises sans que cela puisse mettre fin à cette situation des plus paradoxales.
Le principal parti de l’opposition dont le candidat est arrivé au second tour de la présidentielle de 2011 se trouve actuellement avec deux ailes à sa direction, un pied dans la majorité et un autre dans l’opposition. Le tout cela à moins de deux années des prochaines élections générales.
Il reste maintenant à attendre la suite des évènements avec le recours probable à la justice mais aussi la décision du ministère de l’intérieur qui devrait valider l’un ou l’autre des congrès.
Ce qui est sûr et certain, la rupture est désormais consommée entre les deux ailes du MNSD Nassara à l’issue de ce double Congrès qui consacre l’ouverture d’une nouvelle page dans l’histoire politique du parti.
A.Y. Barma