La course au perchoir

C’est ce lundi 24 novembre que le Parlement nigérien va procéder à l’élection de son nouveau président. Après la constatation de la vacance du pouvoir au dit poste par la Cour constitutionnelle le 20 novembre dernier, l’Assemblée nationale qui est en session budgétaire va procéder au remplacement de l’ancien président Hama Amadou, en exil depuis Août dernier en France.
Aussitôt la date de l’élection du nouveau président connue, les candidatures se sont fait connaitre pour le perchoir du Parlement. Hier samedi, à 48h de l’élection, trois députés ont annoncé leur intention de briguer le poste. Il s’agit de Amadou Salifou, dissident du groupe parlementaire MNSD Nassara, de l’ancienne journaliste Haoua Abdou Hambally du RDP Jama’a (MRN, majorité) ainsi que celle de l’ancien ministre de l’Education nationale Hamani Harouna de l’UDR Tabatt (MRN, Majorité).

Avant cette annonce, bien des rumeurs ont circulé sur le consensus de la majorité autour de la candidature de l’ancien ministre du commerce sous le régime de Tandja Mamadou, Halidou Bagué (Dissident, MNSD) ou de celle de l’ancien ministre de la communication et actuel 4e vice-président de l’institution Mohamed Ben Omar (RDP, Majorité).

Selon des sources proches de la majorité, c’est la candidature de Amadou Salifou, président de la section MNSD Nassara de Niamey et ancien Préfet-président de la Communauté urbaine de Niamey qui a reçu l’aval de la majorité. Aucun candidat de l’opposition ne s’est fait jusque-là connaitre. Amadou Salifou part donc favori pour succéder à Hama Amadou mais la candidature des autres députés de la majorité est loin de servir de simple figuration, ce qui risque de compliquer les choses pour la majorité.

D’abord, Amadou Salifou a été élu sous la bannière du MNSD Nassara, première force de l’opposition politique. Il appartient de ce fait au groupe parlementaire dudit parti, lequel devrait en principe valider sa candidature. Ensuite, l’intéressé, assureur de son état, a été exclut du MNSD Nassara par le bureau politique et vient récemment d’être suspendu du Parti. Autant dire que son sort n’est pas encore clairement établi. La décision finale de la justice aura forcément des implications sur son statut de député, à moins qu’il ne décide de siéger à titre d’indépendant pour le reste de la législature. Le Congrès de l’ancien parti au pouvoir va se tenir d’ici quelques jours avec deux ailes qui se disputent la légalité de sa direction.

Amadou Salifou a certes rallié le rang de la majorité présidentielle avec plusieurs députés et membres du Bureau politique national du MNSD Nassara, mais il risque d’être rattraper par le feuilleton judiciaire dans lequel est empêtrer son parti et qui connaitra assurément d’autres épisodes les jours ou semaines à venir. Cette situation risquerait fort de profiter à Hamani Harouna, ancien membre du bureau politique du MNSD Nassara qui pourrait également espérer compter sur quelques voix des autres groupes parlementaires de la majorité et même de l’opposition parlementaire, à condition que celle-ci assiste à l’élection. A défaut, sa candidature risque d’être pénalisée par la faiblesse du poids de son groupe parlementaire.

A 24h du vote, la messe est encore loin d’être dite. Selon nos informations, les conciliables se poursuivent au niveau des partis de la majorité afin que le consensus soit trouvé en faveur d’une candidature unique. Une manière pour la majorité de démontrer sa cohésion.

A. Y. Barma