Quand la société civile s’éparpille…

Et Nouhou Arzika se dota d’un Obs (pardon observatoire) des élections ! Au regard de la  concurrence « déloyale » observée dans la pratique des activistes de la société civile nigérienne, il y  a lieu de s’interroger sur l’efficacité de leurs actions éparses. Notre approche se veut critique pour une société civile plus cohérente, forte et pertinente. De plus en plus elle tend à suivre les traces des partis politiques où une simple divergence suffit pour voir une faction quittée le parti initial pour créer une autre formation politique au lieu de gérer les divergences ou contradictions internes.

La société civile nigérienne joue-t-elle en son sein à la politique de la terre brûlée, pourrait-on s’interroger à juste titre ? En effet, « Au sens figuré, cette expression désigne aussi l’attitude d’une personne qui, risquant de perdre face à un adversaire, saccage la place que celui-ci s’apprête à prendre afin de minimiser ses gains et de gêner toute progression ultérieure. »

En effet, Avant Nouhou Arzika, c’était Ali Idrissa, le Dg de la télévision Labari qui créa son Observatoire des élections. Quand on sait que Nouhou Arzika et les Ali Idrissa avaient créé ensemble le regroupement Sauvons le Niger, on pourrait s’attendre à ce que ces activistes se retrouvent ensemble pour asseoir quelque chose de consistant et de plus crédible en matière de veille électorale.

Mais selon les indiscrétions, déjà la coalition Sauvons le Niger a vécu dans sa version originale compte tenu de la divergence entre ces leaders. En effet, apprend-t-on, les Ali Idrissa seraient « trop Lumana » pour rassurer « amali » (sobriquet donné à Nouhou Arzika par Tandja qui signifie dromadaire) et ses affidés.

Et les exemples sont légion : dans tous les domaines on observe des ONgs et associations concurremment en train de faire la même chose au lieu de se retrouver pour travailler en synergie.

Certes le multipartisme et la liberté d’association consacrés par les textes fondamentaux autorisent ces pratiques. Mais le bon sens aurait voulu qu’on oriente nos choix et actions dans la poursuite de l’intérêt général. D’aucuns disent qu’il existe même aujourd’hui des associations familiales juste pour satisfaire la poursuite de gains faciles.

 C’est assez curieux de voir comment se passe la gouvernance au sein de certaines de ces organisations dites de la société civile qui sont enclines à donner des leçons. Très malheureusement ces « professeurs ès qualité en vertus » sont souvent des démagogues, des gens qui veulent tout changer sauf eux-mêmes. Ils profitent du contexte démocratique pour assouvir des desseins on ne peut plus sournois.

Ils sont société civile le jour, la nuit comme tous les chats sont gris, ils sont politiciens. Et cette stature d’être le bras armé de politiciens de salon fait que certains acteurs n’enchantent plus personne.

Il faut simplement que notre société civile tout comme la classe politique se reprenne. Nul doute que les actions concertées et  coordonnées ont plus de chance de fléchir un gouvernement ou un partenaire en lieu et place de cette dispersion qu’on a souvent retournée contre la société civile.

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Nous pensons qu’il est grand temps que ceux qui voudraient faire carrière politique prennent leur courage pour le faire au lieu de se cacher derrière les OSC. Dans ce sens, il faut saluer le choix de Mahamane Hamissou de Hakika qui a tracé une ligne de démarcation avec ses anciens camarades.

Et ceux qui voudraient rester OSC alors ils doivent faire montre de plus d’éthique et de plus de rigueur dans ce travail citoyen. Une des meilleures voies pour servir son pays  de manière désintéressée.

Et Dieu seul sait qu’il  existe des activistes qui inspirent respect et admiration au sein des organisations de la société civile. Ceux- là sont constants dans leur ligne de conduite et savent mettre en avant l’intérêt général.

A mon sens, il y a juste là un débat, une autocritique que ces OSC doivent faire en leur sein. Et c’est inquiétant de constater que tout comme au sein des partis politiques, les alliances ou coalitions des organisations de la société se brisent au gré des circonstances. La coalition équité-qualité de lutte contre la vie chère était un exemple patent.

Mais comme il faut du tout pour faire un monde et que ces acteurs de la société civile ne tombent pas du ciel, il est tout à fait  intelligible de voir toutes ces tares reprochées aux hommes politiques reproduites par nos « José Bové locaux ». Encore faut-il que cette tendance à la dispersion d’énergie et au gâchis au sein de la société civile nigérienne s’arrête. Juste un avis.

Tiemago Bizo