Prêcheurs et charlatans

En cette fin du mois béni de Ramadan, tous les cœurs et les esprits devraient être à l’apaisement. Mais l’espérer, c’est oublier que les Nigériens sont des gens très spéciaux, passionnés et souvent radicaux en politique, se refusant en ce domaine toute forme de trêve, dût-elle prendre source dans la  religion.

Ainsi, bien que la pratique du jeûne soit recommandée dans un total esprit de tolérance, de pardon et de respect mutuel, on a vu les dirigeants de l’opposition boycotter encore une fois l’Iftar offert par le Président de la République aux représentants des groupes sociaux ; on les a vus encore annihiler les effets bienfaiteurs de leur carême, en proférant, l’insulte à la bouche, des accusations mensongères contre les Autorités ; on les a vus, pendant ce mois saint, tenter de manipuler et démobiliser les Forces de défense et de sécurité, devenant du coup des alliés objectifs de la secte satanique Boko Haram ; on les a vus, comme de tradition d’ailleurs, diviser au lieu de démultiplier les bienfaits de leurs prières, en répandant des rumeurs propres à ébranler la cohésion sociale ; après avoir en janvier enfourché sans succès le cheval de l’intégrisme religieux, provoquant des destructions dans plusieurs villes, ils ont trouvé une nouvelle monture : les organisations de la société civile, mobilisées en ce mois sacré, pour lancer un dernier assaut contre le régime de la 7ème République ; ô Sacrilège ô Désespoir, c’est avec leurs ablutions bien musulmanes qu’ils sont entrés nuitamment dans les officines obscures des féticheurs, pour demander que soit précipitée la chute du « Guri system », car ils n’en peuvent plus de vivre dans l’opposition, ce n’est pas dans leurs habitudes, ce n’est pas naturel…

Point de repos pour les braves : les dirigeants de l’opposition, portant le jeûne du ramadan, ont commandité/et ou récupéré des grèves de travailleurs, orienté les plumes de journalistes véreux, intoxiqué les chancelleries étrangères et couvert d’opprobre un pays, leur pays.  

Au lieu de mettre à profit cette période sacrée dont on peut tant tirer profit grâce à la miséricorde du Très Haut, les dirigeants de l’opposition ont prié pour qu’il ne pleuve pas, pour que Boko Haram avance et pour que le chaos s’installe dans notre pays. Ils ont souhaité que le Niger devienne un champ de ruines, pour ainsi produire des marchés de reconstruction. Ils sont allés à Abuja rencontrer le général Buhari avant son investiture pour lui dire de se méfier des maîtres de Niamey. Ils n’ont rien négligé, qui puisse être utile aux raccourcis historiques et à leurs visées pouvoiristes.

Las ! Comme dirait l’autre, Dieu est là pour tout le monde. Et surtout, pour ceux qui veulent le bien et œuvrent pour le bien : aussi, il pleut abondamment depuis plusieurs semaines,  à la grande satisfaction du monde rural ; Boko Haram est contenu et même en débandade, les dernières attaques meurtrières étant celles que l’on attend de tout fauve blessé ; les examens scolaires de fin d’année se sont bien déroulés dans l’ensemble, l’alerte à la fraude au bac n’ayant pas eu d’effet notable ; au plan diplomatique, Buhari a réservé au Niger sa première sortie de Chef d’Etat et un officiel américain de très haut niveau, en visite récemment au Niger, a parlé en des termes très élogieux du leadership de notre pays dans la région ; last but not least, le foyer social tend à se calmer, et c’est tant mieux pour le Gouvernement qui peut désormais se consacrer à la préparation des élections générales de début 2016, au lieu de se préoccuper des mésaventures charlatanesques de l’opposition.

 

Maï Riga

Le Républicain, 16 juillet 2015