CHAPITRE VI : Du developpement rural et de la securité alimentaire

VI.1 BILAN 2011-2015

Le programme d’urgence 2011 – 2012 avait pour objectif de contrer les effets de la mauvaise campagne agricole 2011-2012. Le gouvernement et ses partenaires y ont investi 155 milliards de FCFA. Il a été, avant l’heure, une répétition grandeur-nature de l’initiative « 3N », « les Nigériens Nourrissent les Nigériens ». Grâce à sa mise en œuvre, la sécheresse, qu’a connue la campagne agro-pastorale 2011-2012, ne s’est pas transformée en famine. Cette période a été aussi mise à profit pour créer et organiser le Haut-Commissariat à l’initiative « 3N » et pour élaborer les plans d’investissement pour chacun des cinq axes de l’initiative. Ainsi onze (11) plans d’investissements prioritaires (PIP) furent préparés.
La phase de déclenchement de l’initiative « 3N » et celle de son accélération ont permis d’acquérir environ mille deux cents (1200) milliards de FCFA avec plus de 23% de ressources propres, environ 28% et 44% en provenance respectivement des partenaires bilatéraux, multilatéraux ainsi que du Fonds Commun des Donateurs (FCD) et des bénéficiaires. Le taux d’exécution des financements acquis entre 2012 et 2015 est de 85%. Dans la répartition des ressources, il est, malheureusement, constaté des déséquilibres selon les axes et les plans d’investissements.
Ainsi, pour l’axe relatif à l’accroissement et à la diversification des productions agro – sylvo-pastorales et halieutiques, les financements acquis n’ont représenté que 42% (307,93 milliards) des prévisions (734,47 milliards).
Pour l’axe 2, relatif à l’approvisionnement des marchés, le montant des ressources financières acquises est de 141 ,16 milliards de FCFA (soit 282%) pour des prévisions de 50 milliards.
S’agissant de l’axe 3, relatif à la résilience des groupes vulnérables, le montant des ressources financières acquises pour la prévention et la gestion des crises alimentaires est de 524,32 milliards (soit 456%) contre 115 milliards prévus.
Le montant des ressources financières acquises pour le programme d’investissement relatif à la prévention et à la prise en charge de la malnutrition de l’axe 4 (vulnérabilité à la malnutrition) est de 164,78 milliards (soit 330%) contre des prévisions de 50,57 milliards.
Enfin, pour l’axe 5 (Coordination), le montant acquis pour le programme de renforcement des capacités est de 56,18 milliards (soit 111%) contre des prévisions de 50,57 milliards.
On constate que les axes relatifs aux actions humanitaires reçoivent plus de financement que l’axe 1 relatif au soutien à la production. Or, c’est l’inverse qui est recherché dans la mise en œuvre de l’initiative 3N.
C’est pourquoi, la phase d’accélération de l’initiative 3N a tenté de corriger ce déséquilibre en identifiant sept (7) priorités vers lesquelles les financements doivent être réorientés :
• La mise en place de plateformes de services intégrés ou Maisons du Paysan ;
• La maîtrise de l’eau pour les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques ;
• L’accroissement et la diversification des productions animales ;
• La restauration, la protection des terres et la salubrité urbaine ;
• La conservation, la transformation et la commercialisation des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques ;
• L’amélioration de la nutrition ;
• La sensibilisation, l’animation et la communication.
Les objectifs de l’initiative 3N sont atteints. En effet de 2011 à 2015, il n’y a pas eu de famine dans notre pays. La cible n°1 de l’OMD1 visant la réduction de moitié de personnes qui souffrent de la faim a été atteinte dès 2012. Les bonnes performances du secteur primaire enregistrées sur la période 2011-2015 montrent une croissance moyenne annuelle de 9% du PIB agricole.
Le programme d’urgence et la mise en œuvre des plans d’investissements ont permis :
• D’approvisionner les producteurs en intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires) afin de moderniser les systèmes de production sous pluie. Les producteurs ont été également équipés en kits communaux (magasins de stockage de céréales, centrales communales d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles, comptoirs d’oignons, pistes de desserte), villageois (boutiques d’intrants, banques céréalières, magasins de warrantage) et ménages (parcelles de maraîchage). A cela s’ajoutent les kits à traction animale, du matériel aratoire, des charrettes, des tracteurs, des motopompes. Toutes ces actions ont permis d’améliorer la productivité des principales cultures pluviales avec un accroissement de rendement de 17,8% pour le mil, 28,3% pour le sorgho, 42,2% pour le niébé et 7,4% pour l’arachide. La production cumulée des cultures pluviales de 2011 à 2015 est de 23.561.289 tonnes, soit une moyenne annuelle de 4.712.258 tonnes. L’objectif de produire 5 millions de tonnes par an est dépassé en 2015, car la campagne pluviale 2015 est estimée à plus de 5,5 millions de tonnes.
• De réhabiliter des aménagements hydro-agricoles (AHA), d’en réaliser de nouveaux : au 30 juin 2015, les réhabilitations et l’aménagement de nouvelles terres sont en deçà des objectifs avec respectivement 38,6% et 39,6% de réalisations par rapport aux objectifs. Pour la petite irrigation le taux de réalisation est de 92,6%. Les aménagements ont été équipés de forages maraîchers, de puits, de motopompes, de réseau californien. La production maraîchère cumulée de 2011 à 2014 est estimée à plus d’un million cent mille tonnes (1.100.000 tonnes) d’équivalents céréaliers. Au 30 juin 2015, les superficies sous irrigations sont estimées à environ 120.000 hectares contre un objectif de 125.000 hectares, soit un taux de réalisation de 96%. La part des cultures irriguées dans le PIB agricole a été portée de 20% en 2011 à 30% en 2015.
• De réaliser des ouvrages de collecte des eaux (seuils d’épandage, barrages, aménagement des mares, puits maraîchers) : sur un objectif de 700 ouvrages, 194 ont été réalisés (27,7%) au 30 juin 2015. Pour les 506 ouvrages restants, le financement est acquis pour plus de la moitié.
• De sécuriser le système de production animale, en assurant la vaccination du cheptel, en fournissant les aliments pour bétail, en réduisant les déficits fourragers à travers l’augmentation des cultures fourragères, en réhabilitant et en réalisant des puits et forages pastoraux afin d’en augmenter le maillage, en balisant les couloirs de passage pastoraux.
• D’intensifier les productions animales à cycle long avec comme objectif d’augmenter la production de lait de 40% et celle de la viande de 45% : ces productions n’ont augmenté respectivement que de 15,82% et de 15,14% entre 2011 et 2014, bien que la production fourragère qui doit venir en complément des aliments pour bétail ait vu ses superficies passer de 10.000 ha à 19.000 ha en 2015.
• D’intensifier les productions animales à cycle court : la production annuelle de poissons a plus que doublé pendant que celle de la volaille n’a enregistré qu’un taux de réalisation à hauteur de 14% ;
• De gérer durablement les terres et l’écosystème afin d’améliorer les systèmes agro-sylvo-pastoraux notamment par le biais des pratiques de gestion durable des terres, de la végétation et de l’eau : entre 2011 et 2015, plus de 218.000 ha de terres dégradées ont été récupérées ou réhabilitées contre une prévision de 150.000 ha, soit un taux de réalisation de plus de 145%. Des dunes ont été stabilisées, des arbres produits et plantés sur plus de 120.000 ha et la régénération naturelle assistée sur 22.000 ha. Ont été menées aussi des actions de lutte contre les plantes envahissantes terrestres et aquatiques et de protection de la faune (en particulier l’inventaire des girafes en 2013 qui a permis d’en dénombrer 403, avec un taux annuel de croissance d’environ 11%). Des bandes pare-feu ont été réalisées. La superficie des aires protégées a été multipliée par plus de deux (2)
• De valoriser les produits forestiers ligneux et non ligneux : ce programme a connu des difficultés à se développer. Néanmoins on peut signaler en 2014, une production d’environ 140.000 tonnes de gomme arabique et de plus de 92.000 tonnes de moringa.
• D’enregistrer des avancées notables en ce qui concerne la transformation et la commercialisation des produits alimentaires et agro-alimentaires. Pour une mise en marché efficace, des infrastructures de marché ont été réalisées ainsi que des usines de transformation industrielles et semi- industrielles (abattoirs, mini – laiteries). On note aussi la réalisation de pistes de desserte pour le désenclavement des zones de production et celle de micro –entreprises familiales (moulins, décortiqueuses, broyeurs de tiges etc.…). Il y a eu également du cash et du food for work ainsi que du transfert inconditionnel d’argent.
• De prévenir et de gérer des crises alimentaires et autres catastrophes naturelles à travers la mise en place des structures communales de coordination de la gestion des situations d’urgence, l’achat de céréales pour la reconstitution, chaque année, du stock national de sécurité et de la réserve alimentaire stratégique, la mise en place de kits de petit élevage (volaille, caprin, ovin, bovin), les opérations de vente à prix modérés, les distributions gratuites ciblées en faveur des personnes en insécurité alimentaire sévère, des personnes victimes des inondations, des réfugiés et des personnes déplacées ou renvoyées au pays du fait des conflits armés dans la sous – région (Mali, Libye, Nigéria, République Centrafricaine, Côte d’Ivoire). Les cash et food for work et les transferts inconditionnels d’argent.
• De prévenir et de prendre en charge la malnutrition suite surtout à la crise alimentaire de 2011 qui a touché près de 35% des ménages dont 8,5% en insécurité sévère à travers: l’organisation de campagnes de supplémentation en micronutriments, la formation, la mise en place d’intrants thérapeutiques (vitamine A, PPN, SP etc.….), le suivi des groupes vulnérables et a vulgarisation des supports d’orientations. Pendant la période, la malnutrition aiguë globale a peu évolué (14,8% en 2012) chez les enfants de 0 à 5 ans et chez les femmes enceintes et allaitantes (19 %). Par ailleurs le taux de dépistage et de prise en charge des enfants souffrants de sous – nutrition aigué, modérée et sévère passe de 50 % en 2011 à 82% en 2015.
• D’assurer le renforcement de capacité pour la mise en œuvre de l’initiative à travers l’organisation du plaidoyer au niveau international, la réalisation d’études et de réformes, la régionalisation de l’initiative 3N et le suivi – évaluation.
Comme on vient de le voir le bilan de la mise en œuvre de l’initiative 3N est positif. Face aux difficultés rencontrées, des leçons sont tirées pour la poursuite de l’initiative 3N sur la période 2016-2021.

VI.2. PERSPECTIVES DE L4INITIATIVE 3N 2016-2021

L’objectif du prochain quinquennat est la « faim zéro au Niger ». Par ailleurs, la pauvreté étant surtout rurale et féminine au Niger, l’initiative 3N sera, sur la période 2016-2021, un outil de lutte, non seulement contre la pauvreté mais, au-delà, contre les inégalités. Elle contribuera à faire baisser la proportion de pauvres de 45% en 2015 à 31% de la population en 2021. Pour y arriver, les plans d’investissements conçus et mis en œuvre sur la période 2012-2015 seront actualisés et poursuivis comme indiqué ci-dessous.

VI.2.1 : Recherche agronomique

Le développement de l’agriculture passe par une recherche agronomique soutenue sur nos principales productions. De nombreux problèmes apparaissent pendant les mises en œuvre des actions sur le terrain (maladies, insectes, fertilité des sols et qualité) ; ces contraintes sont immédiatement prises en compte par la recherche pour améliorer la production.
Pour les productions végétales, promouvoir la recherche pour mettre au point des techniques de production et des semences plus performantes à travers le développement de variétés productives et peu sensibles aux changements climatiques.
Pour les productions animales, le développement de races améliorées à travers l’insémination artificielle en utilisant des races introduites productives et adaptées à notre environnement (race Azawak) et le développement de fermes modernes pour la production d’animaux d’embouche et aussi la production de volaille pour la viande (poulet de chair) et les œufs.

VI.2.2 : Accroissement et diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques

VI.2.2.1 Accroissement des productions sous – irrigation et des cultures de décrue

Pour accroître les productions sous-irrigation, les superficies irriguées seront portées de 120.000 ha en 2015 à 358.000 ha en 2021, soit une augmentation moyenne annuelle de 20%. Cela permettra de faire passer la production sous irrigation de 500.000 tonnes d’équivalent céréalier en 2015 à plus de 1.500.000 tonnes d’équivalent céréalier en 2021 et la contribution au PIB rural des cultures irriguées (agricoles et fourragères) de 30% en 2015 à 40% en 2021. Cela nécessitera :
• L’encadrement rapproché des productions ;
• La poursuite de la réhabilitation des AHA sur 10.000 ha ;
• L’aménagement de 40.000 ha de nouvelles terres ;
• L’aménagement de 30.000 ha pour la petite irrigation ;
• La réalisation des ouvrages de mobilisation des eaux : barrage de Kandadji, achèvement de 506 ouvrages restants du programme précédent, réhabilitation de 15 mini – barrages, réalisation de 500 nouveaux (mini – barrages, seuils d’épandage, réaménagement de mares) ;
• La poursuite, dans toutes les communes, de la mise en place de la maison du paysan qui est composée par les éléments suivants : un magasin des stocks de sécurité alimentaire, une centrale d’approvisionnement en intrants agricoles, un centre de réparation et de location des matériels agricoles, un centre de formation aux métiers (CFM), un bloc administratif, un champ école, une IMF et une plateforme multifonctionnelle. Comme on le verra plus bas, la maison du paysan comprend également une centrale d’approvisionnement en aliments pour bétail et une radio communautaire ;
• L’approvisionnement régulier en intrants : semences améliorées, engrais, produits phytosanitaires, petits matériels agricoles, tracteurs, motopompes, etc…
• La disponibilité et l’accessibilité en énergie électrique pour assurer la compétitivité des cultures irriguées.

VI.2.2.2 L’accroissement et la diversification de la production par la modernisation des cultures sous pluie

L’objectif ici, est d’augmenter d’ici 2021, les rendements des différentes filières (céréales de 20 à 30% et les cultures de rente de 10 à 30 % sur 50 % des superficies cultivées), afin de porter la production céréalière de 5,5 millions de tonnes en 2015 à 8 millions de tonnes en 2021. Pour réaliser cet objectif il faut, de manière générale, rendre totalement opérationnelle la maison du paysan dans chaque commune et, en particulier :
• Promouvoir la recherche agronomique pour, en particulier, la mise au point des semences plus performantes ;
• Rapprocher les facteurs de productions et l’encadrement des producteurs, créer des champs écoles, assurer la vulgarisation des résultats de la recherche agronomique ;
• Intensifier la production de semences améliorées ;
• Accroître en moyenne annuelle, de 20% les superficies emblavées avec des semences améliorées ;
• Mettre à la disposition des producteurs 40.000 tonnes d’engrais en 2016, 50.000 tonnes en 2017, 50.000 tonnes en 2018, 50.000 tonnes en 2019, et 60.000 tonnes en 2020 ;
• Mettre à la disposition des producteurs des produits phytosanitaires (200.000 litres en moyenne) ;
• Mettre à la disposition des producteurs des tracteurs (1.500), des kits à traction animale (15.000 à l’horizon 2020), des motocultures (600), des batteuses (300) ; une étude sera menée pour une mécanisation de l’agriculture adaptée à la nature des sols ;
• Réduire les pertes de production.

VI.2.2.3 La sécurisation des systèmes de productions animales

Il s’agit de s’attaquer aux problèmes récurrents auxquels font face les systèmes d’élevage extensifs à travers :
• La réduction des déficits fourragers consécutifs à l’amenuisement et à la dégradation des parcours pastoraux. De manière spécifique, il s’agira de réaliser à temps les bandes pare-feux, de mettre en place, au niveau des maisons du paysan, la complémentation alimentaire pour le cheptel ;
• D’augmenter de manière significative le maillage en points d’eau dans les espaces pastoraux pour passer de 1.158 équivalents points d’eau réalisés en 2015 à au moins 5.000 à 2021.
• De réduire de manière significative la prévalence des maladies animales meurtrières : l’objectif est d’atteindre les cibles issues des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale ; ainsi, pour la vaccination, il s’agit de passer respectivement de 71,25%, 66% et 56,75% à 80%, 80% et 60%, de bovins, de petits ruminants et de camelins.

VI.2.2.4 Intensification des productions animales à cycle long

Il s’agit d’accroître la production de lait de 1.120.000 litres en 2015 à 1.600.000 litres en 2021 et celle de la viande de 203.000 tonnes en 2015 à 300.000 tonnes en 2021 à travers :
• Le développement des races améliorées à travers l’insémination artificielle en utilisant des races introduites, productives et adaptées à notre environnement (race Azawak) et le développement de fermes modèles pour la production d’animaux d’embouche et aussi la production de volailles pour la viande et les œufs ;
• La poursuite de la promotion de fermes privées d’élevage qui passeront de 391 en 2015 à 800 en 2021 ;
• L’installation de centres de collecte du lait ;
• L’installation de mini – laiteries modernes dont le nombre passera de six en 2015 à 40 en 2021 ;
• L’accroissement du taux d’exploitation du cheptel (bovin, ovin, caprin, camelin) de 20% en 2015 à 25% en 2021 ;
• L’accroissement de la production des cuirs et peaux de 3 millions en 2015 à 12 millions en 2021 ;
• La promotion des cultures fourragères (bourgou, dolique, cultures à double usage, niébé et sorgho) dont les superficies emblavées passeront de 19.000 ha environ en 2015 à 30.000 ha en 2021 ;

VI.2.2.5. L’intensification des productions animales à cycle court

L’objectif est de faire passer l’effectif de la volaille de 24 millions en 2015 à 36 millions en 2021, d’accroître la production d’œufs de 685 millions en 2015 à un milliard en 2021 et de faire passer la production de poissons de 14.000 tonnes en 2015 à 150.000 tonnes 2021. Pour réaliser ces objectifs il faut :
• Mettre en place 100.000 kits petits ruminants et 170.000 kits volaille pour encourager la mise en place mini fermes avicoles modernes ;
• Mettre en œuvre le programme de reconstitution sociale du cheptel « Habbanaye » ;
• Ensemencer en poissons 500 mares.

VI.2.2.6 Gestion durable des terres et des écosystèmes

L’objectif est d’améliorer la productivité des systèmes agro-sylvo-pastoraux par le biais de l’amplification des pratiques de gestion durable des terres, de la végétation et de l’eau.
Ainsi, conformément aux orientations contenues dans la Contribution Prévue Déterminées au niveau National (CPPDN) soumise à la Convention Cadre des Nations Unies pour la Lutte Contre les Changements Climatiques en septembre 2015 en marge de la COP 21, ces activités seront intensifiées pour passer de 2015 à 2021 aux cibles suivantes :
• la récupération des terres : de 245.020 ha en 2015 à de 1.065.000 ha en 2021, en raison de 213.000 ha en moyenne par an ;
• fixation de dune : passer de 37.041 ha à 182.500 ha en 2021 ;
• bande par feu : 110.330 km linéaires à 200.000 km linéaires ;
• Régénération assistée : de 22.000 ha à 350.000 ha.
• Lutte contre les plantes envahissantes terrestres et aquatiques : respectivement de 17.371 et 1.907 à 70.000 ha et 10.000 en 2021 ;
• La gestion des écosystèmes : renforcement et extension des aires protégées pour passer de 4 aires à 40 aires protégés tout écosystème confondu.

VI.2.2.7. Valorisation des produits forestiers ligneux et non ligneux

L’objectif est l’augmentation de production des produits comme la gomme arabique et le moringa :
• La production de la gomme arabique doit passer de 140.000 tonnes en 2015 à 200.000 tonnes en 2021 ;
• La production de moringa passera de 9.000 tonnes en 2015 à 15.000 tonnes en 2021.
Une analyse sera menée pour l’identification d’autres produits forestiers.

VI.2.3 : Approvisionnement régulier des marchés ruraux et urbains en produits agricoles et agroalimentaires

Cet axe concerne : (i) la promotion de la transformation des produits agro- sylvo – pastoraux, halieutiques, des produits ligneux et non ligneux, (ii) l’amélioration des infrastructures et les circuits de commercialisation y compris l’exportation, (iii) l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de commercialisation de ces produits.
L’objectif est donc une mise en marché efficace des produits à travers l’organisation de la collecte et la création des marchés ruraux. Pour la commercialisation des céréales, l’Etat va procéder à des achats directs auprès des producteurs, jusqu’à 50.000 tonnes pour renforcer le stock national de sécurité
Pour la période 2016-2021, il s’agira de :
• Créer 100 marchés et 10 Comptoirs ;
• Créer une raffinerie de sucre ;
• Créer une usine de fabrication de concentré de tomate ;
• Créer une usine de fabrication de jus de fruits ;
• Réhabiliter 20 abattoirs et en construire 80 ;
• Construire des laiteries ;
• Promouvoir des micro – entreprises familiales par la mise en place de moulins de décortiqueuses et de broyeurs de tige ;
• Réaliser 1000 km de pistes pour le désenclavement des zones de production.

VI.2.4 Amélioration de la résilience des groupes vulnérables face aux changements climatiques, aux crises et aux catastrophes.

Il s’agit de prévenir et de gérer les changements climatiques, les crises et les catastrophes, d’améliorer la capacité des ménages et des communautés à la base face aux situations de déficit de production agricole ou pastorale ainsi que les catastrophes naturelles à travers : (i) l’amélioration de l’efficacité des mécanismes d’anticipation et de coordination des interventions d’urgence, (ii) des réponses appropriées et adaptées dans les situations d’urgence, (iii) l’élaboration d’un plan de risques intégrant divers types de risques auxquels font face les producteurs, les ménages et les communautés.
Il faut signaler que ces mesures prendront de moins en moins d’importance au fur et à mesure de la mise en œuvre des aspects structurels de l’initiative 3N.
Concernant la prévention des crises alimentaires, la création des structures communales et communautaires de suivi de la vulnérabilité et de coordination des réponses d’urgence sera poursuivie. La reconstitution annuelle du stock national de sécurité alimentaire se poursuivra à hauteur de 150.000 tonnes pour le stock physique et 50.000 tonnes pour le stock financier. Des dispositions seront également prises pour la Réserve Alimentaire Stratégique. Le maintien du programme des filets sociaux permettra de continuer à fournir aux ménages très pauvres une assistance en espèces pour améliorer leur accès à la sécurité alimentaire, à la nutrition et aux moyens d’existence. La mise en place des kits de petit élevage (volaille, ovin, caprin, bovin) se poursuivra.
Les réponses d’urgence en période de soudure à destination des populations identifiées comme vulnérables à l’issue de chaque récolte ou en raison de l’effet d’autres crises (inondations ou conflits sur le territoire national ou dans les pays voisins) ainsi que les plans de soutien annuels, en particulier les ventes à prix modérés, les distributions gratuites, les opérations food et cash for work, seront poursuivis.

VI.2.5. Amélioration de l’état nutritionnel des Nigériens

Pour l’amélioration de l’état nutritionnel, sont envisagées des mesures et investissements visant à contribuer à : (i) la promotion de modèles de consommation alimentaire équilibrée, une bonne hygiène de vie en milieu rural et urbain, (ii) la réduction de la prévalence des différentes formes de malnutrition, (iii) la prise en charge efficace de la malnutrition aiguë, (iv) le renforcement du dispositif de contrôle sanitaire des denrées alimentaires, (v) le renforcement du système National de Surveillance Nutritionnelle et d’évaluation des interventions de nutrition (SNIS, sites sentinelle, SAP, enquêtes de nutrition). Ainsi :
• Le taux de malnutrition chronique sera abaissé de 45% en 2015 à 30% en 2021.
• La malnutrition aigüe globale sera abaissée de 14,8 % en 2015 à moins de 10% en 2021, chez les enfants de 0 à 5 ans et la prévalence de la malnutrition aigüe chez les femmes enceintes et allaitantes sera dorénavant prise en compte à partir de 2016 ;
• Le taux de dépistage actif et la prise en charge d’enfants souffrant de sous nutrition sera porté de 82% à 100% pour la malnutrition aigüe sévère (MAS) et de 52% à 100% pour la malnutrition aigüe modérée (MAM) ;
• La prévalence de l’insuffisance pondérale globale sera réduite de 35% en 2015 à 25% en 2021 ;
• Les campagnes de supplémentation en micronutriments, la formation, la mise en place d’intrants thérapeutiques (vitamine A, iode, PPN, SP etc…) le suivi des groupes vulnérables, la vulgarisation des supports d’orientations seront également poursuivis ainsi que la promotion de Pratiques Familiales Essentielles (PFE), l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE) et la mise en place des équipes relais communautaires ;
• La réduction de la prévalence de l’anémie chez les femmes en âge de procréer de 46% en 2015 à 30% en 2021 ;
• L’accès à l’eau potable sera amélioré ;
• La nutrition sera intégrée dans les écoles ;
• Le nombre de Centres de Récupération Nutritionnelles sera porté de 2.000 en 2015 à 2.500 en 2021 ;
• La multi- sectorialité en matière de prévention de la malnutrition sera renforcée.

VI.2.6. Animation, coordination de l’initiative 3N et impulsion des réformes

L’objectif de cet axe est d’améliorer la gouvernance du secteur, de renforcer le leadership de l’Etat et ses administrations, de responsabiliser les acteurs à tous les niveaux et d’assurer les fonctions nécessaires à la mise en œuvre efficace de la stratégie. Plus précisément, il s’agit de :
• Assurer une meilleure visibilité des actions ;
• Créer les conditions de mobilisation effective des partenaires et des acteurs ;
• Couvrir les besoins de financements ;
• Contribuer au fonctionnement des différents organes de coordination et de concertations prévus par le cadre stratégique ;
• Renforcer le système d’appui conseil et de formation des producteurs et consolider la politique nationale de sécurité nutritionnelle.
C’est dans cette perspective que seront accélérés :
• L’opérationnalisation et le fonctionnement de toutes les instances de l’initiative 3N à tous les niveaux de l’administration, notamment à travers le renforcement des capacités de l’administration et l’approche Commune de Convergence (ComDeCo) en harmonie avec les bassins d’intervention et les pôles de développement;
• La formulation des dossiers de projets d’appui aux filières en vue de booster la mise en œuvre de l’axe relatif à l’accroissement et à la diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutique ;
• La mise en place de la maison du paysan dans chaque commune avec évaluation de son apport dans la production ;
• La mise en place des centres de formation communautaires ;
• La création du Fonds d’Investissements pour la Sécurité Alimentaire (FISAN) ;
• L’accroissement des interventions de la BAGRI ;
• La poursuite du plaidoyer, la mobilisation des partenaires et la réorientation des financements en fonction des priorités de l’initiative 3N ;
• L’amélioration sensible des procédures de décaissement en vue d’accroître le taux de consommation des crédits budgétaires ;
• Le renforcement du suivi – évaluation avec l’application informatique du système de Suivi – Évaluation de l’Initiative 3N (SASE –i3N).

VI.2.7. Stratégie de mise en œuvre

Pour éviter la dispersion des efforts, une approche cohérente, combinant une meilleure structuration des filières à l’aménagement de bassins de production et aux pôles de développement sera adoptée.
Il s’agira de bâtir autour de filières et dans des zones de production identifiées de véritables pôles intégrés de développement, par une mise à niveau et un développement des éléments suivants : aménagement de bassins versants, structuration des filières agricoles, promotion d’industries agro-alimentaires, développement d’infrastructures économiques (pistes rurales, maison du paysan, abattoirs, parc de vaccination, marchés de demi gros de céréales, de produits maraichers et à bétail etc..) et de compétences technologiques et professionnelles (recherche vulgarisation, formation) et création d’un environnement légal et réglementaire favorable.
L’approche Filière/aménagement des bassins de production sera fondée sur la connaissance des potentialités des différentes régions et celles des différents marchés ciblés ainsi que les avantages comparatifs des régions (ou localités) et des filières. Le but est de mieux faire valoir les avantages comparatifs qu’offre chaque pôle et de s’y concentrer pour produire un impact significatif sur l’amélioration des conditions de vie des populations, la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Dans cette optique, le programme portera un intérêt sur quatre groupes de filières à savoir, (i) la filière alimentaire (mil, sorgho, mais, blé, riz, manioc, pisciculture, bétail, volaille, viande, lait), (ii) la filière semencière (mil, sorgho, mais, blé, riz), (iii) la filière de rente (oignon, poivron, sésame, ail, arachide, souchet, niébé, manioc) et (iv) la filière horticole (arboricultures fruitières et cultures maraichères, Moringa).

VI.2.8. De la météorologie nationale

Les informations météorologiques et climatiques constituent des données fondamentales pour le développement socioéconomique durable et contribuent fortement à prévenir les catastrophes naturelles et à réduire l’impact du risque climatique. En cela elle constitue un élément important dans la stratégie de développement de l’initiative 3N. Pour recevoir et utiliser ces données le plus efficacement possible dans le temps et l’espace, le PNDS-Tarayya poursuivra et accentuera les actions engagées au cours du premier quinquennat à travers :
• Le renforcement du réseau météorologique, des moyens de collecte, d’analyse et de diffusion afin de développer un programme : (i) un village, un pluviomètre, (ii) un département, un poste climatologique ou agro-météorologique ;
• La transformation des stations climatologiques actuelles en stations synoptiques ; la diversification des produits des services climatiques et la sensibilisation des usagers finaux ;
• Le renforcement de la résilience aux changements climatiques en :
– élaborant des produits et services climatiques pour accompagner les producteurs à produire davantage pour conforter les objectifs de l’Initiative 3N,
– développant des services climatiques pour une gestion holistique des cultures irriguées,
– améliorant l’efficacité et l’efficience des prévisions météorologiques par l’acquisition de radars,
– renforçant la capacité du personnel de la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) par des formations spécifiques,
– sensibilisant les usagers à travers des forums techniques,
– impliquant la DMN dans les actions de sensibilisation des acteurs de l’I3N,
– allouant des ressources conséquentes pour le fonctionnement de la DMN.