Ailleurs comme sous nos tropiques, le rôle de la société civile est de se poser en sentinelle de la démocratie, en contre-pouvoir réel guidé par le seul intérêt général. Elle est un contre-pouvoir et non contre le pouvoir. La nuance est importante surtout au regard de la connexion de plus en plus affichée et pesante d’une certaine société civile nigérienne avec l’opposition politique actuelle pressée de conquérir le pouvoir démocratiquement ou non. La fin c’est le pouvoir, peu importe la nature des moyens à utiliser.
Depuis que les urnes ont donné leur verdict, en février et mars derniers, l’opposition n’a eu de cesse de faire feu de tout bois pour déstabiliser le régime démocratique en place. Est-elle démocratique, cette opposition, à partir de l’instant où elle appelle au départ du pouvoir d’un président pourtant élu ? Cette attitude insurrectionnelle et putschiste est aux antipodes de la démocratie dont les règles de dévolution du pouvoir d’Etat sont encadrées.
Passées les manifestations anti Charlie, l’appel à l’insurrection suite au retour voulu triomphal et héroïque de Hama en novembre 2015, la tentative avortée du coup d’Etat en décembre etc. L’échec était lamentable. La nouvelle trouvaille, c’est d’organiser des manifestations par procuration à travers une certaine société civile dont les intentions sont aussi hors de toute norme démocratique.
En fait, cette société civile est apparue, au grand jour, comme le bras armé de l’opposition, qui, incapable de toute mobilisation et désormais démasquée, a préféré sous-traiter avec elle. C’est ainsi qu’à sa marche suivie de meeting autorisés par les autorités compétentes (preuve que la démocratie est intensément vécue dans le pays), on a entendu des slogans qui incitaient à marcher sur le palais présidentiel. Deux hypothèses sont alors à retenir : soit il s’agit de « déloger » le président Issoufou en plaçant peut-être le chef de file de l’opposition Hama Amadou sur son fauteuil, et on dira que Issoufou a été chassé par le « peuple » ; soit miser sur une intervention des forces de sécurité pour empêcher l’accès au palais et les dommages humains que cette entreprise insurrectionnelle pourrait générer. Le dessin inavoué est d’inspirer une intervention de l’armée pour mettre fin au processus démocratique. Une transition est organisée avec l’objectif de leur remettre le pouvoir. Toujours la même analyse archaïque. Quelle mesquinerie de courte vue !
On se rappelle qu’avant cette manifestation, c’est l’opposition qui a appelé à la démission du président de la République. A la manifestation du 21 décembre, certains ténors de l’opposition, étaient là.
Aujourd’hui, les langues ont commencé à se délier. Au cours des débats publics, on apprend que cette société civile à un tuteur politique, et que son combat est plutôt politicien en faveur du principal parti de l’opposition. Un document de déstabilisation des institutions de la République attribué à cette société civile circule actuellement sous les manteaux. En attendant sa nouvelle manifestation prévue à la mi-janvier.
Tiemogo Bizo