Niger vers un Etat-nation : La route est encore longue

Le Niger a une formidable histoire, celle de la tolérance. Une très belle culture, malheureusement mise à rude épreuve par un pan de la population, à chaque fois que l’occasion s’est présentée à lui. Des agitateurs, porteurs de projets qui sont loin d’être républicains, ont réussi à se couvrir des oripeaux les plus nobles pour endormir les consciences et s’ouvrir ainsi un boulevard dans le déroulement de leur agenda.

Un agenda fait d’exclusion, de violences et de revanche sur l’Histoire, qu’ils faisaient dérouler, comme en terrain conquis, dans la ville de Niamey, pendant les mois ayant suivi les évènements du 26 juillet 2023. L’envie affichée par les citoyens pour apporter plein soutien aux nouvelles autorités a été mis à profit par ces agitateurs pour se faire une place au soleil, soigner leur image et se présenter en bons « patriotes ». Le patriotisme était devenu au fil des semaines, leur marque déposée que plus personne n’avait droit de revendiquer, tant qu’il ne disposait pas de leur onction.

Ils avaient réussi à faire régner la terreur en se parant d’atours de la société civile, réduisant au silence toutes voix discordantes. L’exclusion jusque dans le processus de sélection des participants aux assises nationales. Ils étaient trop portés vers une revanche sur l’histoire et sur certains acteurs dont la réussite, à leurs yeux, est perçue comme injustifiée et illégitime. C’était donc pour ces acteurs une occasion pour régler des comptes. Et ils n’y sont pas allés de main morte.

En lieu et place d’une rencontre de citoyens résolument tournée vers l’avenir, les assises ont été un procès contre la démocratie et une partie de ses acteurs. Après plusieurs jours de jérémiades, la sentence est tombée. Les partis politiques sont condamnés au cours d’un procès où juges et parties n’en faisaient qu’un. Condamné sans avoir reçu de convocation pour espérer plaider leur cause. Leur sentence, ils doivent disparaître.

Les assises finies, place à la mise en œuvre des recommandations/décisions formulées. D’abord, la promulgation de la Charte de la refondation, la promotion du président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani au grade du Général d’Armée, puis son élévation aux hautes fonctions du président de la République pour 60 mois modulables.

Au lendemain de la publication au Journal Officiel de la République du Niger, de la Charte de la refondation, l’attention fut concentrée sur son article 12, relatif aux langues parlées au Niger. Au vu des débats actuellement en cours sur cette question et qui sont de nature à décevoir le plus optimiste, l’on se rend compte combien le chemin vers la construction d’un Etat-nation est long.

Oumou Gado