Les Assises nationales qui se tiennent à Niamey concentrent toutes les attentions. Elles sont prévues pour définir les grandes orientations pour l’avenir du Niger. C’est dire combien important est le rendez-vous. Toutefois, cette rencontre semble être la cible d’une tentative éhontée d’orienter les débats et décisions qui en seront issues par une frange d’activistes. Ces derniers qui comptent parmi les moins respectueux des règles républicaines, après avoir échoué à empêcher la tenue desdites Assises, ont pour principales cibles, les partis politiques et la démocratie.
C’est une campagne insidieuse qui tente de préparer l’opinion sur les réseaux sociaux, portée par des membres connus de l’extrême droite nigérienne. Ils agissent, non pas masqués d’un couvert de la société civile, mais drapés d’un habit circonstanciel d’institut de sondage. Ils auraient en effet, conduit un sondage auprès des Nigériens qui, dans leur écrasante majorité, leur auraient confié tout le mal qu’ils pensent des partis politiques et de la démocratie qu’ils n’entendent point voir survivre à la refondation qui sera issue des Assises nationales.
Ainsi se font-ils les porte-parole de ce « peuple » qu’ils ont consulté et qui les aurait mandatés pour dire ce à quoi il aspire. S’il était aussi simple de saisir les aspirations du peuple, pourquoi s’encombrer des Assises réunissant un demi-millier de citoyens venus de toutes les contrées du pays ? Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) se serait donc trompé. Il aurait mieux fait de prendre le compte-rendu des « consultations populaires » effectuées sous la très éclairée guidance des représentants du peuple, « spécialistes autoproclamés du ciel et de la terre » !
Le sérieux de ces acteurs est sujet à questionnement. Même s’il est permis d’avoir une opinion, il n’en demeure pas moins prétentieux de s’arroger une compétence et un rôle qui ne vous aient pas dévolus.
Cette manœuvre est la suite logique de toutes les actions posées précédemment par ce clan politique qui n’a de cesse de vouloir imposer sa logique au CNSP, tout en refusant d’assumer sa vraie nature : un mouvement politique fait d’exclusion.
Rappelons que cette bande de fanatiques a voulu se mettre en position de partager le pouvoir avec le CNSP comme si le 26 juillet 2023, le Général Tiani et ses hommes avaient agi sous leurs injonctions. Toute chose que les militaires au pouvoir ont fait arrêter de la plus belle des manières.
Il est rassurant de savoir que le CNSP a décidé de recadrer les choses. Toutefois, en dépit de plusieurs douches froides, la société civile laboussaniste ne s’avoue pas vaincue. Elle poursuit ses manœuvres afin d’obtenir la satisfaction de ses revendications auprès du CNSP.
Dans leur tentative et leur perception démesurées de la réalité, ils se sont octroyés le rôle des justiciers, décidant de qui doit être pendu et à qui on doit faire grâce. C’est ainsi qu’ils revendiquent à cor-et-cri la libération de tous les officiers qu’ils avaient utilisés naguère pour déstabiliser la République mais qui avaient tous trouvés le Général Tiani et ses hommes sur leur chemin, bien débout, les armes à la main.
En demandant que soient remis en liberté, des individus jugés et condamnés par la justice militaire, l’extrême droite nigérienne affiche son intérêt pour une justice à double vitesse. Une première pour ceux qui seraient dans ses bonnes grâces. Ceux-ci ont le droit d’être remis en liberté en dépit des condamnations devenues définitives au terme des procès où toutes les garanties de défense de leurs droits leur ont été offertes. Une seconde pour tous les autres qui ne méritent guère que la guillotine sans aucune forme de procès.
La démocratie toujours d’actualité
Il est admis que l’élan de la démocratie ne peut plus être arrêté. Son processus peut connaitre des suspensions, des difficultés dans sa mise en œuvre, mais nul ne peut à date imaginer un monde sans démocratie et la kyrielle des libertés dont celle d’expression dont elle est porteuse.
Ce ne sont pas les acteurs sociaux qui ont occupé l’espace public depuis le 26 juillet 2023 ainsi que les millions de citoyens qui n’ont de cesse à exprimer leurs opinions sur divers sujets qui seront prêts à y renoncer.
Cette liberté d’expression à laquelle les Nigériens ont pris goût pour les plus vieux ; dans laquelle sont nés les plus jeunes, ne saura s’arrêter nette. Même les coupures d’Internet mobiles expérimentées par le passé n’ont réussi à faire taire cette frange de la population pour qui, les anciens repères des régimes dictatoriaux, auxquels semblent s’accrocher l’extrême droite nigérienne, ne sont que des mythes.
La mondialisation des flux d’informations que les avancées technologiques ont largement favorisées a offert un accès à la parole qui n’est plus contrôlée par les medias traditionnels. Celle-ci s’est démocratisée davantage dans notre pays avec la pénétration fulgurante de la téléphonie mobile et les plateformes de communications accessibles et faciles d’usage. Difficile de maintenir une chape de plomb sur une population dont plus de la moitié à moins de 35 ans.
Oumou Gado
Niger Inter Hebdo № 186 du Mardi 18 février 2025