Face à l’ampleur que prend le phénomène de la mendicité dans la capitale, les autorités ont désormais décidé de sévir. Une position clairement exprimée, la semaine dernière, à travers une sortie médiatique du Gouverneur de la région de Niamey, le Général de brigade Assoumane Abdou Harouna sur les chaînes nationales.
« Compte tenu de l’ampleur que prend cette activité de mendicité, nous avons décidé de sévir ››, a laissé entendre le Gouverneur de Niamey, avant de renchérir qu’ ‹‹ à partir d’aujourd’hui, nous allons rassembler et regrouper ces mendiants et les acheminer dans leurs villages respectifs, avec de fermes instructions qui seront données aux services de la gendarmerie et de la police qui sont sur les axes routiers, d’empêcher leur retour dans la capitale ». Pour le Gouverneur de la région de Niamey, ceux qui s’adonnent à cette pratique sont à la recherche de facilité et cela fait d’eux des paresseux.
Pour Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir, islamologue, par ailleurs ancien inspecteur des services au ministère des affaires religieuses et président de l’ARDSES, cette ‹‹ décision de l’Etat de refouler les mendiants pour leurs entités est un acte salutaire, du fait que la mendicité est devenue à un certain temps, la face de notre société, malgré le haïssement de cet acte ignoble par la population ››.
En ce sens, poursuit le Cheikh, le changement des comportements doit être notre crédo en cette ère de la sauvegarde de la patrie qui nécessite la contribution de chacun. ‹‹ Le Prophète (SAW) a dit, je cite : « Celui qui tient jalousement à sa dignité, Allah (SWT) la lui préserve et celui qui se passe de l’aide des autres, Allah, exalté soit-Il, le met au-dessus du besoin « , rapporté Bokhari et Mouslim) ››.
L’Islam n’est en rien concernant la forme de la pratique de la mendicité au Niger, a fait noter le leader religieux, tout en insistant sur le fait que c’est une forme de mendicité dont le Messager d’Allah (SAW) a dit, je cite : ‹‹ La mendicité est une blessure que l’on fait à son propre visage, sauf si l’on s’adresse à une autorité ou si l’on est acculé par une nécessité réelle ››.
Au regard de l’ampleur que prend ce phénomène dans les rues, les rond-points ou encore les places publiques, les autorités nigériennes semblent déterminées à en finir avec. Elles s’y mettent d’ailleurs, le bâton à la main, afin de dissuader ceux qui s’adonnent à ce métier.
Dans un document publié par l’Institut National de la Statistique du Niger (INS), à l’issue du recensement général de la population effectué en 2012, « 41,2% des nigériens sont inactifs ». Parmi ce lot figurent les femmes au foyer, les enfants âgés de moins de 15 ans, les personnes souffrant d’handicap ainsi que les personnes valides ayant sciemment choisi de s’adonner à la mendicité. Et le document de préciser, « ces personnes constituent une frange importante de la population, mettant à mal l’économie du pays, en étant non productif ››.
En clair, l’activité de la mendicité constitue un véritable manque à gagner pour l’État, tant certains bras valides sont plutôt devenus improductifs et n’apportent guère une plus value à l’État. Ce faisant, nombreux sont ceux qui ignorent que l’activité de la mendicité est réprimée par les textes au Niger.
D’après le code pénal nigérien de la loi n°63-3 du 1er février 1963, en son article 180, ‹‹ toute personne âgée de plus de 13 ans, en bonne santé physique et mentale, qui s’adonne à la mendicité dans un lieu public ou privé, peut être poursuivie et condamnée à une peine d’emprisonnement de trois à six mois ››. Et le code pénal de poursuivre en son article 179 que ‹‹ toute personne membre d’une organisation de mendiants peut être punie d’un emprisonnement d’un à deux ans ››.
Des solutions pour lutter contre la mendicité
Pour lutter de manière efficace contre le fléau de la mendicité, Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir préconise de dénoncer ceux-là qui font la promotion de la mendicité ; d’élucider les mythes et les mauvaises interprétations des textes religieux, favorisant la mendicité, à travers la sensibilisation, et l’apprentissage des métiers ; impliquer les leaders religieux dans la recherche des perspectives de sortie de l’impasse et de faire valoir la décision de l’Etat de lutter contre la mendicité partout au Niger.
En outre, Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir exhorte les autorités à initier des solutions pédagogiques pour les enseignants coraniques afin qu’ils fassent de l’école coranique, non seulement un centre d’apprentissage des sciences religieuses, mais aussi une institution de développement. Des approches de solutions aussi pertinentes émanant d’un leader religieux, pour servir à lutter efficacement contre le fléau de la mendicité dans le pays.
De toute manière, dans son propos, le Gouverneur de la région de Niamey n’y est pas allé du dos de la cuillère. « Si d’aventure, après avoir été acheminés dans leur village, ils revenaient, nous allons faire en sorte que désormais, au lieu qu’ils sillonnent les quartiers de Niamey et les carrefours, nous allons les envoyer travailler dans la grande irrigation de Kandadji jusqu’à Gaya. S’il y en a assez, nous allons les acheminer jusqu’à Diffa », a laissé entendre le Général de brigade Assoumane Abdou Harouna.
Un message assez clair adressé aux éventuels récalcitrants. Comme dit l’adage, « un homme averti en vaut deux ». Wait and see.
Koami Agbetiafa