Le récent arrêté pris par le ministre du commerce, portant fixation du prix plafond du riz importé 5% et 25% brisure, pour une durée de 6 mois, laisse encore bon nombre de citoyens sur leur soif. Une mesure d’abord jugée insuffisante et ensuite, sur laquelle les citoyens restent dubitatifs quant à son application réelle sur les différents marchés où seuls les commerçants imposent leur loi.
En application des dispositions de l’article 16 du décret 2018-776/PRN/MC/PSP du 02 novembre 2018 portant modalités d’application de la loi n°2015-24 du 11 mai 2015, déterminant les principes fondamentaux de la protection des consommateurs, le ministre du commerce et de l’industrie, Mr Seydou Asman a pris le mercredi 21 février 2024, un arrêté portant fixation du prix plafond du riz importé 5% et 25% brisure.
Cet arrêté opérationnel pour une durée de six mois, fixe le prix de vente en détail du riz blanc importé 5% et 25% suivant les 8 régions du Niger : Niamey (13.500 FCFA), Dosso (13.675 FCFA), Tahoua (13.825 FCFA), Maradi (13.925 FCFA), Zinder (14.000 FCFA), Diffa (14.375 FCFA), Agadez (14.125 FCFA) et Tillabéri (13.650 FCFA).
Loin d’être un véritable motif de soulagement pour les consommateurs, cette mesure est plutôt perçue comme un simple effet d’annonce et ce, à quelques semaines du début du Ramadan. Bon nombre de nigériens pensent également que cette mesure n’aura pas un impact significatif sur leur pouvoir d’achat.
Selon Abdoulaye, taximan rencontré au marché Habou Tagui de Niamey, cette mesure n’est qu’une goutte d’eau dans le vase. ‹‹ Primo, rien n’est sûr que ces prix vont être respectés par les commerçants et secundo, la mesure même en soi est vraiment insuffisante face à une hausse généralisée du prix des produits de première nécessité sur les marchés. C’est pourquoi, moi je doute que les commerçants puissent l’appliquer ››, expliquent-il.
Sur la même question, Moussa, enseignant vacataire dans une école de la place, reproche surtout le laisser-faire dont font montre les autorités du pays, à l’égard des commerçants. Ce qu’il qualifie d’ailleurs de mauvaise foi. ‹‹ Chaque fois, c’est le même scénario. Le gouvernement prend des décisions qui ne sont jamais respectées et ce sont nous les consommateurs qui en pâtissent ››, s’est-il agacé.
En réalité, pour qui connait la boulimie des commerçants, il va sans dire que la quête du gain prime généralement sur les droits du consommateur.
C’est ce qui fait dire à Sidi Fodi Hamidou du Réseau des Associations des Consommateurs du Niger (RASCONI) qu’il s’agit là plutôt d’un cercle vicieux qui se répète chaque année. ‹‹À la veille du Ramadan, on crée un comité chargé de réfléchir sur les prix et puis les parties prenantes prennent des engagements et quand on va sur le terrain, il n’y a aucun respect de ces engagements ››, déplore t-il, avant d’ajouter ‹‹ je ne peux pas comprendre chaque année, les commerçants disent qu’ils vont réduire, mais une fois sur le terrain, sur le marché, les consommateurs souffrent allègrement, ce n’est pas du tout normal ››.
En ce sens, l’on comprend aisément qu’il existe un grand écart entre les engagements des commerçants et la réalité sur le terrain, surtout en période du Ramadan où les prix des produits explosent de manière exponentielle.
C’est pourquoi, il urge que des dispositions pertinentes soient prises par les autorités compétentes sur le terrain, dans les marchés, afin de constater de visu l’applicabilité de ces mesures. Il y va de la défense des droits de tous les consommateurs.
Comme l’a si bien dit Sidi Fodi Hamidou, ‹‹ tant que l’État ne prend pas de dispositions, tant qu’il n’y a pas un suivi ferme sur le terrain, les commerçants ne feront qu’à leur tête ››.
Koami Agbetiafa