Promu Premier ministre sans être le Chef du Gouvernement, Ali Mahamane Lamine Zeine y a vu un signe du ciel. Celui-ci lui offrait l’occasion de prendre sa revanche sur l’histoire qui a stoppé net l’aventure du système Tazartché dans lequel il occupait un rang élevé.
De par l’analyse minutieuse de certaines de ses déclarations et autres prises de position publique, il apparait clairement que l’homme cherche à se frayer un chemin pour solder ses comptes à des acteurs politiques qu’il estime être les seuls et uniques responsables de leur chute.
Pendant ce temps, il continue aussi à rêver d’une recomposition de sa famille politique avec tous les « enfants » du chantre du Tazartché autour de lui, « l’héritier ». C’est cette vision messianique des charges à lui confiées par le CNSP qui le pousse d’ailleurs à s’éloigner de plus en plus de sa vraie mission, celle d’un Premier ministre de transition.
Depuis le « succès » de l’épisode de la commémoration de la date anniversaire de la disparition de l’ancien chantre du Tazartché et la diffusion au sein de l’opinion, de l’idée de sa réincarnation en la personne d’Ali Mahamane Lamine Zeine, ce dernier poursuit son rêve. Celui de se faire couronner chef des « héritiers illégitimes » de Tandja Mamadou. Une tâche qu’il espérait aisée mais qui, à l’épreuve des faits, est loin de l’être.
Entre Albadé Abouba et Seini Oumarou qui ont réussi à maintenir une posture qui rappelle à bien d’égards ce qu’a été Tandja Mamadou sur la scène politique, et Hama Amadou dont le parti s’en trouve totalement à l’opposé, il fallait s’y attendre. Où se positionnerait alors le curseur de la nouvelle ligue ?
Il est évident que les intérêts des acteurs divergent ; leurs ambitions s’entrechoquent. Et en plein milieu de ce tumulte, Zeine semble vite malmené et perdu dans les méandres des intérêts de ceux qu’il tente d’amadouer pour le suivre.
Cela le conduit à agir de façon on ne peut plus ambivalente ; à construire et à déconstruire ; à faire et à défaire ; à dire et à se dédire. Ne serait-il nécessaire que quelqu’un puisse lui rappeler que son même son mentor n’a pas pu éviter l’éclatement de sa famille politique, s’il ne l’avait pas accéléré. Un rappel qui aura le mérite de rendre un grand service au Niger, surtout en cette période cruciale de sa vie.
Notre Premier ministre aura alors à se consacrer entièrement à la tâche et œuvrer pour la réussite de la transition. Mais en attendant, les nigériens observent qu’il continue à agir en leader d’une famille politique pour sa réunification et son succès, un agenda pour lequel le Premier ministre Mahamane Lamine Zeine semble être disposé à tout sacrifier, y compris l’unité nationale.
Oumou Gado