La police nationale vient de siffler la fin de la récréation quant à l’abus et la consommation de drogue dans la ville de Niamey et ses environs. C’est le moins qu’on puisse dire après l’opération coup de poing des hommes du Général Aboubacar Issaka Oumarou, le week-end dernier. En effet, le samedi 6 mai 2023, une action musclée dite « opération stupéfiants » a été menée dans la ville de Niamey par l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS). C’est au total 220 éléments des forces de défense et de sécurité (FDS), tous corps confondus (police, gendarmerie et garde nationale du Niger) à bord de 21 véhicules qui ont été mobilisés pour mettre hors d’état de nuire, les dealers, complices et consommateurs de drogue dans la ville de Niamey.
D’aucuns disent que le Niger est devenu une plaque tournante du trafic de drogue. Les récurrentes saisies de drogue effectuées par l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) confortent cette affirmation. Et là où le bât blesse, c’est la jeunesse nigérienne qui constitue la principale cible des trafics des stupéfiants. « La particularité du Niger est qu’il est à la fois un pays de transit et aujourd’hui un pays de consommation de drogue », a confié à Niger Inter Hebdo, en janvier 2022, le Directeur de l’OCRTIS, le Contrôleur général de police, Aboubacar Issaka Oumarou. C’est conscient de tous les enjeux autour du trafic des stupéfiants sur notre pays que l’OCRTIS a décidé de sévir, après la tenue du Conseil de sécurité de la ville de Niamey.
C’est toute la ville de Niamey qui a été sillonnée suivant un schéma directeur préparé avant l’opération dirigée par le Commissaire Ganda Seydou Issa, chef de l’antenne OCRTIS de Niamey avec pour mission de « ratisser, rechercher et interpeller tout individu suspect, consommateur et dealer de drogue », apprend-on. L’opération a concerné quatre(4) grands axes dans a ville de Niamey. Il s’agit de :
- Axe 1 : ( Gnalga, Troisième pond, Say Tessam ancien et nouveau).
- Axe 2 : ( Algoza, Koira Kano, Sonuci, Koubia)
- Axe 3: ( Rouba, Nord Lazaret, Station Anasse, Sonef, Boukoki, Koira-Tégui, );
- Axe 4 🙁 Rond point Telwa, Ceinture verte, ancien poste de police, Farkabi).
Ce qui a permis l’interpellation de 86 personnes dont 5 filles ; les saisies de
400 comprimés de tramadol, plus de 40g de cannabis, plusieurs appareils chicha, des papiers rizler, 4 motos et 3 trois véhicules.
Cette opération qui a commencé à 18h55 a pris fin à 3h55 et sans incident, apprend-on. Après une période de sensibilisation où la police est passée de quartier en quartier pour raisonner les plus jeunes, les FDS sont passées à une vitesse supérieure. C’est comme qui dirait, désormais tolérance zéro aux trafiquants et consommateurs des stupéfiants.
L’on a vu sur les images de Télé Sahel, entre autres, des mineurs pris à lors de cette opération coup de poing. Ceux qui ont été pris avec la drogue ont pris en charge par l’OCRTIS.
L’OCRTIS vient ainsi de rappeler aux nigériens ce vieux souvenir de la brigade des mœurs où la police veillait véritablement à la promotion des bonnes mœurs dans la société en décourageant les délinquants de tout acabit. A travers cette opération, nul doute que les plus récalcitrants vont se convaincre que ce n’est plus de l’amusement. Les petits roitelets consommateurs de la chicha dans les quartiers, l’heure est grave. Les FDS viennent juste de donner le coup d’envoi à Niamey d’une opération qui va se poursuivre au niveau national pour traquer tous les indélicats qui tirent notre pays vers le bas.
La jeunesse : principale cible et victime du trafic de drogues
Tout le monde est témoin de cette opération porte à porte engagée par la police nationale pour sensibiliser les uns et autres sur le danger du trafic et la consommation des stupéfiants, il y a de cela quelques mois. D’aucuns ont même considéré cette démarche comme laxiste de la part de la police, censée faire respecter la loi par tous. Mais c’est sans tenir compte du caractère pédagogique de ce procédé, surtout quand on sait que les jeunes ont besoin d’être davantage renseignés sur les méfaits des stupéfaits. Qui plus est, au regard du caractère addictif de ce phénomène, la police avait besoin de communiquer pour amener tout le monde (les jeunes, les parents et les autorités religieuses et coutumières) à assumer leur rôle.
Et qui plus que OCRTIS pour renseigner les Nigériens sur la gravité et l’impact des stupéfiants sur la jeunesse ? Selon le Directeur de l’OCRTIS : « La population nigérienne est majoritairement jeune. Malheureusement, les jeunes constituent la frange la plus exposée au phénomène de drogue. A titre illustratif, depuis 2015, 75 à 80% des personnes interpellées pour fait de drogue ont un âge compris entre 18 et 39 ans ».
Et le Contrôleur général de police, Aboubacar Issaka Oumarou, d’ajouter : « Au regard des proportions inquiétantes que prend le trafic de drogue dans notre pays, il est impératif que les parents prennent leurs responsabilités dans l’éducation et le suivi quotidien de leurs enfants ».
On assiste malheureusement à une démission des parents dans l’accomplissement de ce devoir. « Le plus souvent, lorsqu’ils interviennent dans les cas où leurs enfants sont en proie à la drogue, la situation de ces derniers est quasi irréversible et nécessite une grosse prise en charge médicale. Malheureusement, nous n’avons pas de structures spécialisées dans la prise en charge des addictions », a-t-il précisé.
Dans le contexte de terrorisme ambiant, la police nationale, déterminée à en découdre avec les trafiquants de tout acabit, ne demande pas mieux qu’une collaboration citoyenne pour préserver notre jeunesse et stopper le financement du terrorisme par ce canal. Les experts ont toujours établi un lien étroit entre le trafic de drogue et le terrorisme, le premier étant un support au second, renseignent-ils.
Abdoul Aziz Moussa
NIGER INTER HEBDO numéro 109 du 09 mai 2023