Déclaration régionale de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA), Centre for Tabacco Control in Africa (CTCA), African Centre for Tobacco Industry Monotoring and Policy (ATIM°, et le bureau régional de l’Afrique de l’Alliance pour la Convention Cadre (FCA).
L’édition 2021 de la Journée Mondiale Sans Tabac fait une demande spéciale aux fumeurs : » S’engager à arrêter « . Ce message est particulièrement opportun, surtout à l’heure où le monde continue de lutter pour contenir la pandémie de COVID-19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) note que « les recherches disponibles suggèrent que les fumeurs courent un risque plus élevé de développer une maladie grave et de mourir » du COVID-19. S’engager à arrêter de fumer en ce moment permet non seulement de garantir la bonne santé et le bien-être de la population, mais aussi de réduire considérablement les énormes charges économiques et sociales que les gouvernements subissent actuellement en raison de la pandémie.
Le thème de la Journée Mondiale Sans Tabac de cette année nous donne également l’occasion de souligner l’importance du sevrage tabagique. Offrir une aide pour arrêter de fumer est l’une des six mesures rentables et à fort impact qui aident les pays à réduire la demande de tabac. Ces mesures, connues sous le nom de MPOWER, comprennent également la surveillance de la consommation de tabac et des politiques de prévention, la protection des personnes contre la fumée du tabac, la mise en garde contre les dangers du tabac, la mise en œuvre de l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage du tabac et l’augmentation des taxes sur le tabac. Malheureusement, bien qu’il soit l’une des mesures MPOWER les plus importantes, l’aide à l’arrêt du tabac a été identifiée comme la mesure la plus sous-utilisée.
L’article 14 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) encourage la sensibilisation au sevrage tabagique et l’accompagnement de personnes dépendantes du tabac. Cependant, le rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, 2017 a présenté moins d’un pays à revenu intermédiaire sur 10, offrant un soutien complet à l’arrêt du tabac. En Afrique, seul le Sénégal était cité. L’édition 2019 du rapport note que les pays d’Afrique subsaharienne (ASS) ont un bilan médiocre dans la mise en œuvre des initiatives de sevrage. Selon le rapport, le soutien au sevrage tabagique était proposé dans certains établissements de soins de santé primaires dans 10 pays, mais le coût n’était que partiellement couvert dans quatre pays et pas du tout dans trois pays. Le rapport révèle également que sept pays d’Afrique subsaharienne disposent d’une stratégie nationale de sevrage tabagique et que dix pays ont des directives cliniques nationales, mais seulement quatre pays ont mis en place des lignes téléphoniques gratuites pour l’arrêt du tabac. En Afrique du Sud, la ligne d’aide à l’arrêt du tabac exige un » geste d’engagement » très minime.
Plusieurs mesures peuvent être prises pour intensifier les efforts de sevrage en Afrique. Par exemple, le fait de confier les conseils relatifs à la cessation tabagique à des travailleurs de la santé de niveau inférieur limitera les demandes multiples imposées aux professionnels de la santé de haut niveau, qui sont souvent surchargés et en nombre insuffisant. Le suivi et l’évaluation des stratégies et des programmes d’arrêt du tabac permettront de s’assurer qu’ils sont alignés sur les meilleures pratiques. En fin de compte, il est nécessaire de renforcer les systèmes de santé existants pour mettre en œuvre des initiatives de promotion du sevrage tabagique et de traitement de la dépendance au tabac.
Les gouvernements africains doivent également investir dans la promotion de l’arrêt du tabac, en développant des stratégies et des directives nationales fondées sur des preuves et rentables, et en allouant des ressources adéquates pour la mise en œuvre des programmes. Des conseils gratuits doivent être fournis aux personnes qui renoncent au tabac, et les initiatives de communication de masse qui encouragent l’arrêt du tabac doivent faire partie des programmes de sevrage. Pour un effet optimal, les gouvernements doivent mettre en œuvre ces programmes en conjonction avec d’autres politiques de réduction de la demande de tabac, notamment des taxes plus élevées sur le tabac, des espaces non-fumeurs, l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage du tabac, des avertissements sanitaires illustrés de grande taille sur les paquets de tabac et des campagnes médiatiques antitabac.
À l’heure où les compagnies de tabac investissent massivement dans des stratégies et des technologies visant à initier les jeunes à leurs produits, nous ne devons pas oublier que l’industrie compte déjà au moins 1,3 milliard de personnes utilisant ses produits, dont plus de 80 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. L’industrie du tabac voit un énorme marché en Afrique et continuera sans doute à tenter d’attirer le plus grand nombre possible de personnes vers ses produits. L’industrie cherche à inonder l’Afrique de nouveaux produits tels que les e-cigarettes, en les présentant de manière trompeuse comme des aides à l’arrêt du tabac et des produits de réduction des risques. L’Organisation mondiale de la santé est claire à ce sujet : les preuves ne sont pas encore concluantes et les e-cigarettes sont souvent utilisées en même temps qu’un ou plusieurs produits du tabac, ce qui les rend très nocives pour la santé.
La Journée Mondiale Sans Tabac 2021 nous rappelle que notre responsabilité en tant que acteurs de la lutte antitabac ne se limite pas seulement à tenir l’industrie en échec et à la faire payer pour les dommages qu’elle cause, mais aussi à faire en sorte que les quelque 20 % de la population mondiale qui utilisent actuellement leur produit obtiennent l’aide dont ils ont besoin pour renoncer au tabac.
À PROPOS DES ORGANISATIONS COLLABORATRICES
African Centre for Tobacco Industry Monitoring and Policy Research (ATIM)
L’ATIM est un observatoire créé pour surveiller l’industrie du tabac sur le continent et veiller à ce qu’elle ne s’ingère pas aux efforts déployés par les gouvernements et les organismes de santé mondiaux pour mettre en œuvre la lutte antitabac.
Contact Media : Joyce Jakavula
Email: [email protected]
Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA)
L’ACTA est un réseau d’organisations de la société civile (OSC) et d’organisations non gouvernementales (ONG) qui se consacre à la prévention d’une épidémie de tabac en Afrique. Présents dans 39 pays de la région Afro de l’OMS, ses membres œuvrent pour limiter l’impact néfaste du tabac sur la santé et le bien-être des Africains.
Contact Media : Ayong I. Caleb
Email: [email protected]
Centre for Tobacco Control in Africa (CTCA)
CTCA fournit un soutien technique et institutionnel aux gouvernements d’Afrique en matière de formulation de politiques, de législation et de mise en œuvre de la lutte antitabac. Elle contribue également à renforcer et à maintenir la capacité institutionnelle pour la lutte antitabac. Elle offre un soutien technique, institutionnel et intersectoriel à la lutte antitabac aux niveaux national et régional.
Contact Media : Candice Bailey
Email: [email protected]
Framework Convention Alliance (FCA)
FCA œuvre pour le développement, la ratification et la mise en œuvre de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est composée de près de 300 organisations provenant de plus de 100 pays.
Contact Media : Fatou Diouf
Email: [email protected]