Le Gouvernement du Niger entend apporter des réformes dans le processus de l’organisation du baccalauréat, premier diplôme universitaire. Ces consistent à mieux garantir la fiabilité des examens du baccalauréat et la sincérité des résultats concomitamment avec la maitrise de la dépense.
La digitalisation et la modernisation de tout le processus de l’organisation du baccalauréat constituent les points extrêmement importants de ces réformes décidées par le Gouvernement lors du Conseil des ministres du 6 novembre 2020. Dès lors, cette volonté du Gouvernement a été prise en charge par l’Office du baccalauréat du Niger (OBN), créé par le décret 2019/247 du 10 mai 2019. « C’est très difficile à gérer si on n’ informatise pas », explique Pr Mounkaila Abdo Serki, Directeur général de l’OBN. Il s’agit à travers la digitalisation, « d’assurer une grande fluidification de tout le processus qui est un des avantages extrêmement importants de la digitalisation », a-t-il rassuré.
Ainsi, à partir de la session 2021 du baccalauréat, les candidats à l’obtention de ce premier diplôme universitaire vont s’inscrire en ligne et déjà cette réforme semble être bien accueillie par les candidats. En effet, à la date du vendredi 22 janvier 2021, « nous sommes à environ 36 000 candidats qui se sont inscrits en ligne », s’est réjoui le Directeur de l’OBN. L’objectif, poursuit-il, est qu’à terme atteindre 80 000 candidats inscrits.
Eviter les embouteillages à l’inscription
Un des avantages de l’inscription des candidats en ligne, c’est surtout d’éviter « les embouteillages » généralement constatés à pareil moment à l’OBN, une institution issue de la transformation de la direction des examens du baccalauréat. Les candidats au bac étaient en effet obligés de se déplacer à Niamey pour déposer leurs dossiers. « Il y avait des gens qui passaient la nuit pour pouvoir s’inscrire », se rappelle le Directeur de l’OBN.
Désormais, les candidats ont la possibilité de s’inscrire en ligne et même de payer les frais d’inscription à travers les différents opérateurs de transfert d’argent. Pour ce faire, les candidats doivent forcément passer par l’administration à qui l’OBN a ouvert un compte. « Les candidats libres ont eux, la possibilité de s’inscrire eux-mêmes », a-t-il expliqué.
Cette nouveauté apportée à l’organisation du bac permet d’avoir la maitrise de l’effectif des candidats d’une part et de faire en sorte que la traçabilité des frais d’inscription soit claire. Le montant officiel des frais d’inscription, validés par le conseil d’administration de l’OBN, sont en effet de trois catégories : les élèves des établissements publics paient 2500 francs CFA (dont 1 950 vont dans les caisses de l’OBN et 550 francs comme frais de transaction) ; les candidats issus des établissements privés et les candidats libres paieront 10 000 francs CFA (9 300 francs pour l’OBN et 700 francs CFA comme frais de transaction) ; les candidats de nationalité étrangère paient 25 000 francs CFA (24 000 francs pour l’OBN et 1000 francs comme frais de transaction). « En dehors de ces frais, l’OBN n’est pas engagé », a prévenu son Directeur général faisant allusion aux établissements scolaires (publics comme privés) qui demandent un peu plus aux candidats.
Recevoir les convocations et les résultats par SMS
Mieux, les candidats vont recevoir les convocations par SMS sur les numéros de téléphone qu’ils avaient indiqué. « Ils vont recevoir même leurs résultats dès que la proclamation va se faire. Vous pouvez même consulter vos notes, c’est sécurisé », a-t-il expliqué le Directeur général de l’OBN « Mais pour avoir par exemple un relevé des notes bien signé, ça vous pouvez venir au niveau de l’OBN », a-t-il précisé.
En outre, avec les réformes du processus de l’organisation du baccalauréat, ce sont désormais les candidats eux-mêmes qui vont faire la saisie de leurs noms, prénoms, date et lieu de naissance en ligne. « Cela évite les erreurs que nous constatons dans la transcription des noms par les agents que nous prenions ici. Nous allons aussi avoir à la fin des listes très fiables parce que ce sont les candidats eux-mêmes ou leurs parents ou leurs administrations respectifs qui auront saisi les noms, prénoms, date et lieu de naissance », a expliqué le Professeur Mounkaila Abdo Serki.
Faire face au nombre croissant des candidats
Outre la digitalisation du processus de l’organisation du baccalauréat, l’OBN entend créer des centres de correction. « On va regrouper une bonne partie de copies dans les grands centres le moment venu. Il y aura moins de correcteurs qui vont se déplacer parce que nous sommes confrontés à une croissance exponentielle des candidats et il faut prendre des mesures pour limiter un certain nombre de choses », a expliqué le Directeur général de l’OBN.
En 2010, l’effectif des candidats au bac était à un peu plus de 15 000. En 2020, il était à 72 000 et en 2021 l’OBN table sur environ 80 000 candidats. « En moyenne, l’effectif des candidats double chaque cinq ans », a dit Pr Mounkaila Abdo Serki. « Ça fait autant de copies, de nouveaux jurys à créer. Il faut donc prendre des dispositions pour pouvoir contenir les dépenses dans des limites raisonnables tout en garantissant l’efficacité de la chose », a-t-il expliqué. « Il ne s’agit pas de charcuter les dépenses au dépens des résultats », a-t-il précisé.
Relativement aux problèmes de connexion qui peuvent surgir, l’OBN en est conscient. « Nous n’allons pas pénaliser un candidat à cause de ce problème », a-t-il précisé soulignant que 35% des candidats se trouvent à Niamey. Ainsi, à la fin du processus d’inscription, l’office entend faire le point et « voir les dispositions à prendre », rassure son Directeur général reconnaissant que c’est un processus qui peut paraitre difficile ou impossible. « Mais avec la volonté de tous, ça peut aller et nous allons au fur et à mesure corriger ce qui ne va pas », a déclaré Mounkaila Abdo Serki.
Conscient que la crédibilité du bac commence par le sujet, il a expliqué que c’est une prérogative qui lui revient. Selon les textes de l’OBN, le Directeur général (de l’OBN) choisi parmi les enseignants du secondaire et/ou les enseignants-chercheurs des universités publiques, les personnes qui sont désignées membres des commissions d’élaboration des sujets. C’est aussi le responsable qui, seul, reproduit les sujets et les mettre dans des enveloppes. « En cas de problèmes dans la chaine on sait exactement par où il faut commencer », explique-t-il.
Le Directeur général de l’OBN a saisi l’occasion pour lancer un appel aux élèves, aux candidats et à l’administration de continuer à aider l’OBN dans le cadre de la mise en œuvre des réformes, notamment l’inscription en ligne. Aux syndicats, notamment les correcteurs, de continuer à patienter. « Nous sommes en train de tout faire pour que d’ici le bac 2021 les problèmes des arriérés ne soient plus qu’un lointain souvenir », a-t-il promis.
Almoustapha Aboubacar
Niger Inter Hebdo N°005