Alors que les mesures sanitaires prises par le gouvernement peinent à être appliquées, le nombre de cas de Coronavirus passe désormais à sept au Niger. Les autorités appellent aux mesures édictées.
« La situation est véritablement sous contrôle », a rassuré le Premier ministre Brigi Rafini à l’issue d’une visite des sites de confinement des cas suspects de Coronavirus, à savoir l’hôtel Gawèye de Niger (avec une capacité de 200 lits), le Village chinois (40 lits) et l’hôpital général de référence où sont gardés les patients testés positifs au COVID 19.
En fait, les autorités nigériennes n’ont pas attendu que la maladie soit déclarée au pays pour annoncer des mesures préventives face à la pandémie de COVID 19 contre laquelle, la prévention reste la seule arme en absence d’un traitement ou d’un vaccin.
Difficultés d’appliquer les mesures sanitaires
A Niamey, l’état de mise en œuvre des mesures annoncées par le président de la Républiques et entérinées par le gouvernement en conseil des ministres pour prévenir le COVID 19 peinent à être respectées. Toutefois, beaucoup n’ont pas tardé pour saluer les mesures de prévention annoncées par le Chef de l’Etat. « Nous sommes en face d’une pandémie à laquelle aucun pays n’est épargné. Nous saluons les mesures prises par les autorités nigériennes », se félicite le promoteur d’un établissement scolaire du privé. En effet, suite à la déclaration du premier cas de Coronavirus, les responsables des établissements scolaires du public et du privé n’ont pas hésité à envoyer les élèves à la maison, conformément à l’annonce faite par le Chef de l’Etat dans son message à la nation du 18 mars 2020.
Il reste que la fermeture des lieux de cultes, notamment les mosquées, mesures annoncées par le Conseil islamique du Niger, après concertation avec le Premier ministre, peine à être appliquée. Si certaines mosquées ont fermé leurs portes depuis près d’une semaine, d’autres restent encore ouvertes. Dans certaines grandes mosquées, notamment de l’arrondissement Niamey V, on se limite à l’appel à la prière avant de fermer les mosquées.
D’autres, par contre, affichent le plein malgré les mesures sanitaires visant à prévenir la maladie. « Je ne peux rester prier à la maison tant que je verrai les gens rassemblés à la mosquée », explique un cadre d’une institution publique qui a pourtant pris les devants en confinant certains de ses travailleurs depuis le message à la nation du président de la République.
En fait face à cette mesure de fermeture des lieux de culte comme mesure sanitaire pour prévenir le Coronavirus, les oulémas restent divisés. Certains n’hésitent pas d’ailleurs à faire le tour de certaines mosquées des quartiers pour prêcher la prière collective en congrégation. « On nous demande de vider les mosquées pour rester prier à la maison et au même moment on nous demande de dire des invocations pour lutter contre la maladie », prêche un marabout dans une mosquée de l’arrondissement communal Niamey V aussitôt après la prière de l’aube.
Respecter les consignes édictées par les autorités sanitaires
« Seules les mesures préventives vont permettre d’éviter le pire », tel est l’appel lancé par le président de l’Assemblée nationale Ousseini Tini, qui n’a pas manqué de demander « à tous les Nigériens d’observer strictement les mesures préventives édictées par les autorités sanitaires. Il y va de notre survie individuelle et collective », a-t-il insisté.
« Il faut respecter les directives sanitaires qui ont été édictées. Ce n’est pas pour rien que cela a été édicté. Nous en appelons véritablement à la conscience de tous nos concitoyens que l’aide qu’ils peuvent apporter à leur pays, c’est de respecter les consignes d’hygiène, respecter les consignes de distanciation et d’éviter les regroupements même lorsqu’il s’agit de la prière », a déclaré le Premier ministre Brig Rafini.
A ceux qui refusent d’obtempérer à cette directive, « qui consiste à éviter les regroupements même dans les mosquées et dans les églises », le Premier ministre leur demande de respecter cette consigne. « C’est absolument vital », insiste-t-il. « Nous n’avons jamais dit qu’il s’agit de ne pas prier. Il s’agit bien pour chaque croyant de faire ses obligations mais pas de manière collective. C’est tout ce qui a été dit », explique-t-il.
Pour cause ! « Il y a des instances mondiales supérieures qui ont pris cette décision au plan islamique », notamment l’Arabie saoudite qui a fermé toutes ses mosquées. « Pourquoi nous, nous n’allons pas nous aligner à ce que le reste de la Oumma islamique est en train d’observer », se demande le chef du gouvernement. « C’est pour votre bien, c’est pour le bien collectif », a-t-il déclaré.
En somme, « les personnes qui refusent de respecter ces consignes se positionnent comme un danger pour le reste de la société. Il faut en être conscient », a conclu le Chef du gouvernement. Selon lui, l’Etat, qui a la responsabilité d’édicter des règles applicables à tout le monde, « a l’obligation de protéger tous les citoyens ». Vivement pour des mesures plus coercitives pour préserver la majorité de la population de cette pandémie qu’il faut prendre très au sérieux.
Almoustapha Boubacar