Après le buzz sur un présumé scandale à la CAIMA, plus d’un citoyen s’est dit que finalement l’on n’est pas encore sorti de l’auberge dans cette boite à ‘’scandales’’ qu’est la CAIMA. Mais contacté par nos soins, le Directeur général de la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et Matériels agricoles (CAIMA) M. Harouna Mahamadou nous dit en substance que les allégations ressassées via les réseaux sociaux n’engagent en rien la responsabilité de la CAIMA. Il s’agit d’une responsabilité d’un individu à savoir le DG d’Afri-agro industrie déjà sanctionné par les services de douanes et éventuellement la justice. Quelques précisions sur cette affaire.
Il faut admettre que ces dernières années l’image de la CAIMA est très entachée du fait des différents scandales commis par les gestions antérieures de la boite. Certains ex DGs de la CAIMA ont connu même la prison pour détournements des deniers publics et abus des biens sociaux. Cette mauvaise réputation de la CAIMA fait qu’a priori les gens croient que les mauvaises pratiques continuent notamment les malversations. Ce contexte est donc un terreau favorable à n’importe quelle rumeur de prospérer tant la CAIMA a mauvaise presse.
De quoi s’agit-il ?
Selon le Directeur général de la CAIMA, il y a bel et bien une ligne de démarcation entre la gestion actuelle de la Centrale et celle des années antérieures. Du moins, il y a des réformes en cours dont le début d’exécution ne permet plus certains écarts de gestion comme par le passé. C’est par exemple le cas des gérants de points de vente où avant la gestion était artisanale : le recouvrement se fait comme chez le boutiquier où le plus souvent les gens signent de simples papiers de reconnaissance de dette. Face à un système aussi inopérant, le DG actuel a mis en place un système de distributeurs agréés de la CAIMA où le cadre d’intervention des distributeurs agréés est formel et que les versements d’argent se fait à la banque pour éviter le détournement des fonds. D’ailleurs grâce à cette initiative les entrées dans les comptes de la CAIMA sont nettement améliorées et vérifiables sur son compte engrais logé à la BAGRI, soutient le Directeur de la CAIMA. Et il faut souligner que l’engagement qui lie les distributeurs agréés et la CAIMA n’autorise personne à vendre à l’extérieur de l’engrais acheté auprès de la CAIMA.
Appel d’offres ouverts, internationaux et non exclusifs
Aussi, dans le cadre du fonds de roulement sous financement de la KfW un Appel d’offres international ouvert à tous les opérateurs qui remplissent les conditions définis par le DAO a été lancée pour une période de 45 jours.
Plus de 15 offres ont été enregistrés et dépouillés ce a qui permis l’adjudication à deux entreprises pour les deux lots dont un de quinze mille tonnes d’urée et l’autre de 20.000 tonnes dont (10.000 tonnes de NPK et 10.000 tonnes de DAP).
Ce processus conduit par des experts indépendants, analysé ensuite par les experts de la KfW à Frankfurt en Allemagne avant l’avis de non objection. Pour rappel aucune contestation des adjudicataires n’a été enregistrée.
D’autre part, le marché de transport normalement faisant partie intégrante des offres pour les principaux sites primaires de la CAIMA a été déjà défini dans les différents contrats.
Le second marché concerne le transport sur les sites secondaires des régions et les sites de Madaoua et Gaya a été lancé et rendu infructueux faute d’adjudicataires, pour rappel ce marché a fait l’objet d’un DAO en bonne et due forme validé par les experts en passation des marchés de la KfW. Certes l’ancienne offre faisait cas de 30 camions au vu des tonnages antérieures ne dépassant pas 10 à 20000 tonnes, mais la commande de cette année constitue 45.000 tonnes ne peut avoir une telle base, il s’agit d’une logique arithmétique et opérationnelle.
Au vu de ces contingences et face à l’urgence une autorisation de la DGCM et la non objection du bailleur conformément au document du Projet de procéder à une entente directe conforme aux règles de passation des marchés avec les fournisseurs avec un gain de temps et une économie d’échelle en termes des coûts.
Concernant le recrutement du personnel de la CAIMA , la procédure sur toute la ligne a été respectée par un appel à candidature ouvert , une commission d’analyse mise en place en toute transparence au sein de la CAIMA , qui a permis le choix du responsable passation des marchés , qui est avant tout un nigérien comme tout autre avec le même droit et correspondant bien à tous les critères . Toute la documentation peut être consultable à la CAIMA, nous rassuré son premier responsable.
Rôle de la KfW en tant que bailleur est de faire le contrôle qualité de démarche selon les dispositions de la convention séparée. À cet effet depuis le début il est mis en place un processus de non objection de l’Elaboration du DAO à l’évaluation et adjudication des marchés. D’autre part en aucun cas la KfW n’intervient dans le processus de recrutement des agents CAIMA au vu même de son statut, apprend-on.
Le DG déplore et trouve choquant une attaque gratuite contre un cadre d’une institution internationale ayant fait ses preuves dans l’accompagnement des actions du développement au Niger qui se réservera les droits des poursuites ou non pour diffamation à travers son institution.
De l’affaire du DG d’Afri-agro industrie
Comme rapporter par notre confrère l’Expression, M. Oscar Daaga est un distributeur agréé de la CAIMA qui se trouve également, à l’épreuve des faits, être le responsable d’autres structures DEC SA, AGIR SA, Afri agro-industrie. Il a bel et bien bénéficié régulièrement de la commande 23 000 tonnes d’engrais DAP et NPK dont 20 000 tonnes sur financement ETAT/KFW (coopération allemande) et 3000 tonnes sur financement de l’Etat du Niger. Il faut noter que c’est une première à la CAIMA car ce marché a été octroyé par un avis d’appel d’offre international. Selon nos sources M. Oscar Daaga a honoré son engagement sur les 23 000 tonnes dont la livraison des 20 000 tonnes sur financement ETAT/KFW est effective (15331 T réceptionnées et le reliquat en cours d’acheminement). Et il importe de préciser que si la partie allemande a été payée à M. Oscar la quote-part du Niger à savoir les 3000 tonnes n’ont pas été payées.
Dans la même lancée, apprend-on, l’entreprise Elhadji Ali Hachimou qui a bénéficié d’une commande de 18 000 tonnes d’engrais UREE (dont 15 000 T sur financement ETAT/KFW et 3 000 sur Etat du Niger) a effectivement honoré son engagement à 100% mais n’a reçu que 24,8% de payement. C’est dire que ces gens qu’on accuse de voler le Niger ont plutôt pris le risque pour livrer de l’engrais à notre pays en temps opportun en engageant des milliards pour lesquels ils attendent le solde. Il n’y a pas à s’attarder sur le ressentiment des anciens fournisseurs qui ont toujours surfacturé la CAIMA du moment où dans ce processus c’est la performance qui avait pris le dessus sur la médiocrité.
La pomme de discorde autour des 420 tonnes…
Le diable est dans le détail, dit-on. Il y a bel et bien eu tentative d’exportation vers le Togo de 420 tonnes d’engrais UREE à partir du Niger. En effet, M. Oscar avait violé l’engagement qui le lie à la CAIMA en vendant de l’engrais à un autre opérateur qui a voulu le revendre au Togo. Ce dernier n’ayant pas acheté lui-même des engrais auprès de la CAIMA a tenté d’exporter dans un premier temps 420 tonnes UREE au Togo. C’est quand il était venu à la douane faire les formalités que les douaniers de service ont voulu savoir s’il est permis d’exporter de l’engrais du Niger vers une autre destination. Les douaniers ont contacté leur Direction générale qui a bien voulu contacter également le DG de la CAIMA. Ce dernier avait répondu au DG des douanes qu’il n’est pas permis d’exporter de l’engrais de la CAIMA à un autre pays. C’est ainsi que la douane a confisqué les 420 T d’engrais UREE à Niamey Route et bloqué de ce fait cette tentative d’exportation d’engrais au Togo. En dehors des sanctions de la douane, nous apprenons que M. Oscar est retiré de la liste des distributeurs agréés de l’engrais de la CAIMA.
Il faut préciser que dans la même foulée la société avait émis un bon d’achat de 5000 T d’engrais UREE dans lesquelles 681 T lui ont été livrées mais immédiatement récupérées par la CAIMA dès qu’elle a eu connaissance de la tentative d’exportation des 420 T. Il s’agit donc d’une responsabilité d’un individu en lieu et place de la CAIMA contrairement à ce qui a été propagé via les réseaux sociaux, nous a confié le Directeur général de la CAIMA.
De l’audition des agents de la CAIMA
De prime abord, en regardant la liste des personnes auditionnées par la police judiciaire, il est assez curieux de voir que le nom du DG de la CAIMA n’y figure pas. Il s’agit plutôt des personnes intervenant dans la chaine de la livraison des engrais à la suite d’une plainte des chauffeurs qui voudraient que leurs véhicules soient déchargés pour vaquer à leurs occupations. Il ne s’agit nullement pas pour des impairs que ces personnes ont été entendues par la PJ. C’était juste une formalité dans le cadre de leur investigation sur la plainte des chauffeurs. D’après notre fatcheking, il faut dire qu’il s’agit plus de la responsabilité d’une personne qui doit répondre de sa turpitude car comme disent les juristes nul ne doit se prévaloir de sa propre turpitude. Sous l’impulsion de l’actuel Directeur général, M. Mahamadou Harouna la CAIMA se crédibilise davantage en renonçant aux mauvaises pratiques et en optant pour la transparence dans sa gestion. Pour réussir cette réforme, la Direction de la CAIMA avec ses partenaires est en train de mettre en place des outils d’une gestion moderne où désormais on peut éviter les fraudes comptables. D’ailleurs, ce qui s’est passé à propos de l’erreur sur les comptes de la CAIMA à la Bagri n’est rien d’autre qu’une erreur par le manque de vigilance à la Bagri. On aurait pu éviter cette erreur matérielle, nous a confié une source.
Par ailleurs, les propos sur le recrutement du responsable de passation des marchés à la CAIMA sont de la pure diffamation dont les personnes citées se réservent le droit de porter plainte auprès des juridictions compétentes, a rétorqué un responsable de la CAIMA.
Pour le reste, l’on comprend aisément certaines manipulations au regard de l’enjeu de taille que représente la CAIMA dans le dispositif national en matière du développement agricole. D’aucuns envisagent purement et simplement la disparition de la CAIMA, apprend-on. Face aux enjeux de sécurité alimentaire le Président de la République porteur d’une politique innovante acceptera-t-il ce choix suicidaire pour notre pays ?
Tiemago Bizo