Le samedi 6 avril dernier, le président de la République, chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou était face aux caméras de TéléSahel pour un entretien exclusif à l’occasion de l’an 3 de sa seconde mandature. C’est en substance le bilan de ses huit (8) années aux commandes du Niger que le président Issoufou a décliné à travers ce grand oral d’environ une heure d’horloge conduit par notre confrère Fogué Aboubacar de l’ORTN. Retour sur cette communication émaillée par des faits et des chiffres.
Cet entretien a révélé aux nigériens un président très à l’aise avec une très bonne maitrise des dossiers. La précision et la diversité des sujets abordés en disent long sur la qualité de la mémoire du chef de l’Etat qui a préféré le style magistral. Quel plaisir pour les téléspectateurs de suivre leur président aborder toutes les questions avec aise et assurance… sans papiers !
Dans un portrait politique du président Issoufou nous écrivions : « L’opposant historique d’hier, après huit ans d’exercice du pouvoir a mis en évidence son potentiel de faire du Niger un pays émergent. C’est comme qui dirait un coup d’essai qui vient de s’avérer un véritable coup de maître. Au lancement de son programme de Renaissance acte II, dans un exposé magistral, le président Issoufou a prouvé sa maîtrise des problèmes du Niger et il sait méthodiquement comment sortir le Niger de l’ornière. Il sait où il va et c’est pourquoi de manière apodictique il propose un programme chiffré et indique précisément comment il entend financer ce programme. Et lorsqu’il dit devant ses partisans et alliés « Le bon politique c’est celui qui sait gagner la guerre avant de la déclarer », cela traduit véritablement un leadership visionnaire ».
C’est justement sa rigueur, sa pertinence et sa concision qui donnent à cet entretien présidentiel de la prestance et de l’intérêt. C’est également cette approche programme des solutions aux problèmes du Niger qui a fait que le président Issoufou s’est illustré aux commandes du Niger comme un ingénieur sur un chantier. Et les Nigériens sont témoins que présentement tout le Niger ressemble à un vaste chantier très avancé. Et Issoufou fait rêver ses concitoyens plus que jamais de voir leur pays suivre le rythme des nations libres et prospères. D’ailleurs, c’est sans complaisance que le chef de l’Etat a mis en évidence les succès de la mise en œuvre de son programme depuis huit ans et les perspectives pour le Niger. Très méthodique, le président Issoufou au sommet de ses priorités la Renaissance culturelle car il est conscient que tous les efforts seront vains lorsque les mentalités résistent au changement, lorsque les bonnes attitudes ne prennent pas le dessus sur les mauvaises ou lorsque les valeurs ne supplantent pas les antivaleurs. « La Renaissance culturelle, je le rappelle, vise trois modernisations. La modernisation sociale, la modernisation politique et la modernisation économique. Ces trois chantiers visent également à créer les conditions du renforcement de l’action collective de l’ensemble du peuple nigérien sur le chemin de son développement économique et social. Il s’agit, en effet d’un chantier de longue haleine. »
Le sens de l’organisation et de la méthode du président l’a amené a identifié les priorités et les obstacles majeurs qui tirent la gouvernance vers le bas. Il en est ainsi par exemple de la croissance démographique qui doit suivre le rythme de la croissance économique et bien d’autres défis à relever. « Le gouvernement a également bien défini les enjeux autour desquels il faut travailler. Il s’agit par exemple de la transition démographique, la promotion de la scolarisation de la jeune fille, la lutte contre la mendicité et la mentalité d’assisté. C’est aussi la lutte pour la salubrité, la protection de l’environnement, l’unité nationale. Il y a aussi le renforcement, sur le plan politique, de la capacité de l’Etat à rendre justice, à lutter contre la corruption, à lever l’impôt, car sans impôt, on ne peut rien faire. Sur le plan économique, il y a d’autres enjeux sur lesquels nous travaillons, comme le développement de l’esprit d’entreprise, la promotion du travail », a déclaré le chef de l’Etat.
De sa traversée du désert dans une autre vie (opposant historique), le président Issoufou pour avoir été au contact des populations des villes et villages du Niger, il a réalisé que l’autosuffisance alimentaire est un défi majeur à relever au Niger. C’est ainsi que l’initiative 3N constitue une des charpentes du programme de la Renaissance qui découle de sa vision pour le Niger.
« ‘’Sécheresse ne sera plus synonyme de famine’’, telle était la promesse que j’ai faite aux Nigériens. Grâce à la mise en œuvre de l’Initiative 3N, je pense avoir tenu cette promesse. A travers la mobilisation des eaux, l’approvisionnement des producteurs en intrants, la défense et la restauration des terres, nous avons ainsi pu créer les conditions de l’augmentation de la culture pluviale ainsi que des cultures irriguées. Entre 2011 et 2018, la production des cultures pluviales a augmenté de 71% et celle des cultures irriguées a augmenté de 300%. Cela a permis de faire en sorte que sécheresse ne soit plus synonyme de famine », a soutenu le président Issoufou.
Et comme pour joindre l’utile à l’agréable, le chef de l’Etat a rassuré sur le tournant décisif de la réalisation du programme Kandadji. « Ce projet qui a des buts multiples, permettra, entre autres de produire de l’électricité, de régénérer l’écosystème du fleuve mais aussi de créer les conditions du développement, non seulement pour la région de Tillabéri, mais aussi pour l’ensemble du pays. Je pense que cette fois-ci, les choses sont bien engagées, et la réalisation de ce barrage sera une réalité, dans quelques mois ou années», a rassuré le président Issoufou.
L’autre versant de la stratégie de développement du Niger du programme de la Renaissance c’est bel et bien les Infrastructures. Et à ce niveau, le président Issoufou a entrepris de moderniser les villes du Niger, du moins les capitales régionales en leur dotant des commodités et tout ce qui permet d’accueillir les grands événements sportifs ou culturels. Et dans ce sens, le chef de l’Etat a été très précis : « En matière de télécommunications, nous avons renforcé la fibre optique et mis en place la TNT. Nous avons par ailleurs développé l’électrification rurale, modernisé des infrastructures aéroportuaires de villes comme Niamey, Tahoua, Maradi, Zinder et Agadez. En fait, nous avons modernisé les villes. D’ailleurs, Niamey, la capitale, avec ses échangeurs, son 3ème pont, ses travaux de voiries, notamment la voie express, constitue un véritable exemple de cette modernisation des villes de notre pays. Ici, j’ai quand même un regret de taille : c’est le blocage, pour des raisons indépendantes de notre volonté du projet de chemin de fer. Les Nigériens savent effectivement que cela ne dépend pas de nous. Je ne développerai pas ici les raisons pour lesquelles ce projet est bloqué »
Sur le plan des relations extérieures, la diplomatie d’avant-garde du président Issoufou force l’admiration : « Quand vous lisez le Programme de Renaissance, vous verrez que les objectifs du programme vont au-delà du cadre national. Tout le monde connait nos ambitions en matière d’intégration régionale et continentale. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis très fortement engagé, notamment dans le processus de la mise en place de la monnaie unique au sein de la CEDEAO. Mais je me suis aussi engagé dans la mise en place de la Zone de libre-échange continentale parce que je suis convaincu que c’est la voie de l’avenir pour l’Afrique, et que les 84.000 kms de frontière qui existent entre les pays africains entravent le développement de l’Afrique. Il nous faut donc sortir de ces frontières en mettant résolument en œuvre tous les programmes de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, notamment la Zone de libre-échange continentale, le plan de développement industriel de l’Afrique qui permettra notamment de transformer nos matières premières, le plan du développement agricole de l’Afrique et celui du développement des infrastructures en Afrique. Si on met en place la ZLECAf, il faut que les pays africains aient des choses à échanger. C’est donc pour cela qu’il faut promouvoir l’industrie. Il faut également qu’il ait des voies de communication entre ces pays, d’où la nécessité de prévoir les infrastructures », a martelé le chef de l’Etat.
S’agit du volet sécuritaire, le président Issoufou est fier de nos forces et de sécurité : « Notre armée est la 3ème de la CEDEAO, et j’en suis fier. Nous continuerons à fournir des efforts de recrutement, de formation et aussi d’équipement pour renforcer les capacités de notre armée. De la même façon que nous continuerons également la mutualisation des capacités avec les pays voisins, aussi bien au niveau de la Force mixte multinationale qui se bat contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad qu’au niveau de la Force conjointe du G5 Sahel. J’espère que, très prochainement, il aura une restauration de l’Etat en Libye, ce qui permettra d’améliorer la sécurité sur l’ensemble de la région, aussi bien au niveau du Bassin du Lac Tchad qu’au niveau du Sahel. »
‘’…..nous avons pu investir, en 8 ans, 10.000 milliards FCFA dans la mise en œuvre du Programme de renaissance’’
En termes de bilan, le chef de l’Etat, loin des spéculations stériles et en bon mathématicien, a donné des chiffres vérifiables : « Avec la grande mobilisation des ressources internes et externes, nous avons pu investir, en 8 ans, 10.000 milliards FCFA dans la mise en œuvre du Programme de renaissance. Je disais que dans le seul secteur de l’éducation, entre 19 et 22% de ces ressources y ont été investis. » Et d’ajouter : « Quand on fait le bilan des infrastructures réalisées entre 2011 et 2018, on se rend compte qu’on a réalisé autant que ce qui a été fait dans ce pays en 50 ans, soit de 1960 à 2010. Durant ces huit ans, nous avons recruté du personnel, nous avons construit des salles de classe, nous avons imposé la fréquentation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans. »
Et ces prouesses n’ont d’autres secrets qu’une vision et des réformes économiques courageuses mais surtout nécessaires : « Aujourd’hui, l’économie nigérienne fait partie des 10 premières économies les plus dynamiques de l’Afrique au sud du Sahara grâce à ces réformes. C’est la raison pour laquelle ces réformes doivent se poursuivre et se renforcer. Je dois dire ici que pendant ces huit dernières années, nous avons accru les revenus par habitant. La richesse par habitant a augmenté et la pauvreté a reculé. A titre d’exemple, rien que pour le salaire que paie le gouvernement, la masse salariale annuelle est passée de 103 milliards en 2010 à plus de 273 milliards en 2018. Tout ça, révèle les bienfaits des réformes que nous sommes en train de mettre en œuvre depuis huit ans. Aujourd’hui l’économie nigérienne est sur la bonne voie », a déclaré le chef de l’Etat.
A propos des élections, le président Issoufou a interpellé toute la classe politique sur le caractère impératif de la tenue de ces élections. Ceux qui trainent le pied ou feignent de ne pas prendre au sérieux le processus électoral en cours, vous êtes avertis par la voix la plus autorisée : « C’est pour cela que je vous dis que nous avons des contraintes constitutionnelles. Ces contraintes sont là, je dois partir le 2 Avril 2021. Tous les acteurs doivent comprendre cela. Et tous les acteurs doivent se mobiliser afin que ces contraintes constitutionnelles soient respectées. En tout cas, de mon côté je ferai tout pour qu’il n’ait pas de retard dans l’organisation des élections. Et le gouvernement mobilisera tous les moyens pour que les élections puissent se tenir pour que le 2 Avril comme je l’ai dit, je puisse passer le relai à un Président démocratiquement élu. Ça sera une première dans l’histoire du Niger. Et le jour où je le ferai, je serai l’homme le plus heureux. »
Et à l’endroit de ceux qui ont tendance à ne voir la politique que sous le prisme du tribalisme et bien d’autres antivaleurs sur le choix de Bazoum Mohamed comme candidat investi du PNDS, le chef de l’Etat a rétorqué en ces termes : « Notre ultime combat, comme je l’ai déjà dit, c’est de moderniser la vie politique au Niger, de détribaliser la politique et les pratiques politiques. Aussi, pour cela, il faut qu’on donne l’exemple. Et donc je rassure ceux qui doutent, et dont je comprends le doute, que ce choix qui a été fait par le congrès du PNDS est irréversible, irrévocable ! »
Malgré les prouesses de son bilan, le président Issoufou a également fait montre du sens de la répartie et d’humilité en déclarant : « Mais, ceci étant dit, je n’ai guère la prétention d’avoir réglé tous les problèmes du Niger. Comme vous le savez, le Niger revenait de loin, tout était à reconstruire, et on s’était attelé du mieux qu’on le pouvait pour faire le maximum. Du reste, on n’a jamais promis de régler tous les problèmes du Niger. Le processus de construction d’une nation est long. Nous avons posé notre pierre, comme d’autres l’ont fait avant nous, et comme d’autres le feront après nous. A la postérité d’en juger ! »
Et l’on s’en souvient, Issoufou Mahamadou disait dans son discours d’investiture que son fil conducteur n’est rien d’autre que l’intérêt général. Et c’est incontestablement ce sens de l’intérêt général qui a fait que jamais les fonds propres de l’Etat du Niger n’ont été utilement investis ces dernières années que sous le mandat du président Issoufou. A preuve : 10 000 milliards mobilisés ! Et c’est une fierté pour les Nigériens de constater que les principales réalisations qui changent aujourd’hui le visage du pays et font rêver les nigériens sont acquises sur fonds propres du Niger. Une première dans la gouvernance sous l’ère démocratique dans notre pays.
Elh. M. Souleymane