A Niamey, comme partout au Niger, les compagnies d’assurance poussent comme des champignons. Les agences sont implantées un peu partout dans différents quartiers de la capitale. La visibilité est là, le marché des assurances enregistre un grand succès au Niger, a-t-on appris auprès d’un assureur M. Abdoul wahab. Malgré ce progrès, ce secteur est très mal vu par bon nombre des nigériens. Les assurés se plaignent toujours du retard dans le règlement du sinistre. Constat du Républicain.
En effet, le code des assurances, dénommée Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance, en abrégé CIMA, en son article 11, dit ceci : ‘’ Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l’assuré sont à la charge de l’assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue dans la police. Toutefois, l’assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d’une faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré. La charge de la preuve du caractère intentionnel de la faute appartient à l’assureur’’.
Au Niger, depuis de nombreuses années, le problème du délai de règlement en cas de sinistre, reste toujours d’actualité.
A la question de savoir, pour quelles raisons y a-t-il toujours du retard pour les indemnisations, la plupart des assureurs interrogés n’ont pas voulu qu’on cite leurs noms. Mais nous ont répondu que le code CIMA a tout prévu. Il s’agit tout seulement de la mauvaise foi des assurés. Mais d’autres ont eu le courage de situer la responsabilité. « Nous devons améliorer la qualité de nos services. Pourquoi pas signer une convention avec la police pour qu’elle nous délivre le PV à temps, afin de constater à qui incombe la responsibilité et procéder à l’indemnisation de l’assuré dans un court délai », a suggéré A. Wahab, Assureur dans une société de la place.
A notre arrivée sur le site des taxis grand marché, nous avons rencontré Abdoul Aziz, jeune taximan, victime de l’abus des assureurs. Il marchait sans destination précise. Il se retourne à chaque deux pas, manifestement en colère. « Depuis le jour de mon accident, le propriétaire m’a dit qu’il n’a pas d’argent pour réparer le véhicule. Je suis obligé de le garer. Ça fait quatre semaines que je suis au chômage. Chaque jour il faudrait que je travaille pour faire manger ma famille », a-t-il raconté. Et d’ajouter : « j’attends toujours ma maison d’assurance pour les frais de dédommagement pour enfin reprendre mon travail ».
« Nos maisons d’assurance nous négligent ! », claironne Moussa Diori, président du syndicat national des conducteurs et propriétaires des taxis urbains et périurbains du Niger. « L’assurance nous sert tout simplement à éviter la police de circulation. Avoir le PV c’est un problème. Une fois le PV obtenu c’est le règlement qui va te faire trainer. Pour un accident dont le devis ne dépasse pas 60 mille FCFA, on te traine pendant trois mois, voire plus ? Même les premiers soins du blessé ne sont pas réglés à temps. Regarde ce dossier d’un devis de 100 000 FCFA, il date de février 2017. Jusque-là le PV n’est pas sorti, à plus forte raison penser à un quelconque règlement », regrette-t-il. Moussa Diori dénonce aussi le fait que les assurés soient exploités par les assureurs.
Un week-end, à une fada du quartier Wadata, j’ai trouvé des amis en pleine discussion. Leur conversation animée portait immanquablement sur les accidents de circulation. J’ai approché le personnage central du groupe. Il s’agissait du docteur Ada Ismaël, médecin à l’Hôpital de Référence de Niamey. Il nous confie avoir subi un sinistre en 2017. Après plusieurs allers et retours entre la compagnie d’assurance et la police, il fut obligé d’abandonner le dossier.
A l’épreuve des faits, on constate qu’il est difficile de se fixer quant à qui incombe la faute concernant les règlements des frais d’assurance faisant suite à n’importe quel sinistre. Autant les compagnies d’assurance mettent du temps à les payer, autant aussi les assurés paraissent trop pressés dans leur attente d’être dédommagés.
Azahi Souleymane