Face à l’épidémie de choléra qui continue de gagner du terrain depuis trois mois dans la région de Maradi, le gouverneur interdit la vente de nourritures dans les cours des écoles qui ouvrent leurs portes le 1er octobre prochain.
La vente de nourritures dans les cours des écoles de la ville de Maradi est interdite jusqu’en fin octobre. C’est la décision prise par le gouverneur de la région, Zakari Oumarou, face à l’épidémie de choléra qui sévit dans cette partie du territoire national frontalier avec le Nigeria. « L’hivernage n’est pas à son terme, l’épidémie va continuer jusqu’à la fin de la saison », avance-t-il.
À la reprise des cours prévue pour le lundi 1er octobre prochain, les enfants achètent des petits aliments dans la cour de récréation que proposent les vendeurs. Seulement, « ceux qui amènent ces aliments ne nous donnent aucune garantie de propriété », a déclaré le gouverneur de la région de Maradi contacté par nos confrères du Studio Kalangou. « C’est pourquoi nous avons décidé d’interdire la vente des aliments dans les cours de toutes les écoles de la ville de Maradi jusqu’à fin octobre », a déclaré Zakari Oumarou, qui a saisi l’occasion pour lancer un appel aux parents d’élèves. « Nous demandons aux parents d’observer strictement cette décision, de prendre toutes les dispositions pour que les enfants soient mis dans les conditions de ne pas vouloir chercher à manger ailleurs qu’à la maison », a-t-il lancé.
Pour mémoire, la région de Maradi est confrontée depuis le mois de juillet dernier à une épidémie de choléra. Selon le dernier bilan établi par la Direction régionale de la santé publique de Maradi, 54 décès ont été enregistrés sur 3133 malades. Pour la seule journée du mercredi 19 septembre, 34 admissions ont été enregistrées.
Partie de la commune de Madarounfa, frontalière avec l’Etat de Katsina au Nigeria, considérée comme une zone source de cette maladie, l’épidémie a ensuite touché la commune de Maradi où à la date du 19 septembre 16 nouveaux cas ont été enregistrés.
Aux dernières nouvelles, on apprend que de nouveaux cas de choléra ont été diagnostiqués dans deux districts sanitaires de la région de Zinder, située à environ 300 km de Maradi où 14 cas ont été confirmés la semaine dernière.
Au Niger, le choléra est apparu pour la première fois en 1971. Depuis 1990, des épidémies importantes ont été enregistrées en 1991, 1996, 2004 et 2010-2012. Selon l’UICEF, la tendance générale montre une augmentation annuelle de la fréquence et de la taille des épidémies.
Entre 1994 et 2013, la surveillance épidémiologique a rapporté 21 538 cas avec 978 décès, soit un taux de létalité élevé de 4,5 %1. Les principales épidémies ont été enregistrées dans la région de Tillabéry le long du fleuve Niger et dans les régions de Tahoua, Maradi et Zinder à la frontière avec le Nigeria. Le Niger est touché par des épidémies transfrontalières, en particulier le long de ses frontières avec le Nigeria et le Tchad.
A noter que le choléra est une infection bactérienne diarrhéique aiguë provoquée par le bacille de Gram négatif Vibrio cholerae, qui produit une toxine responsable des symptômes associés à la maladie. Le choléra sévit de façon endémique dans les zones tropicales humides d’Afrique et d’Asie. L’Afrique est le continent le plus touché : les cas signalés représentent chaque année entre 95 et 99% du total mondial. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a 3 à 5 millions de cas de choléra, avec 100.000 à 120.000 morts, chaque année dans le monde.
Almostapha Aboubacar