Mohamed Bazoum : Deux ans de sacrifice

Le 26 juillet dernier, alors que dans toutes les contrées du Niger, on célébrait l’an deux de la nouvelle indépendance retrouvée, loin des projecteurs des caméras, l’ancien Président de la République Mohamed comptait ses deux années d’attente d’un hypothétique retour au pouvoir. Deux ans à attendre que la France et la communauté internationale officialisent la promesse : sa restauration dans ses fonctions. S’il n’est pas encore dans les fauteuils de son cabinet de la Présidence, il est pour l’instant dans une pièce de la présidence sous bonne garde des éléments de la garde présidentielle qui l’a renversé sous la férule du Général Tiani Abdourahamane. Deux ans après, Bazoum fait figure de grand sacrifié. Sacrifié par la France qui en a fait un totem ou un symbole d’une présence ruineuse pour les Etats de son giron. Si Bazoum est encore entre les mains des militaires qui l’ont renversé, c’est parce que la France lui a demandé d’attendre, de résister. Qu’elle fera tout pour le rétablir dans ses fonctions, y compris par une intervention armée. Deux ans après, Mohamed Bazoum attend toujours.

Bazoum, le dossier français

Quand toute la population au Niger a fait chorus pour saluer la chute du régime Bazoum, ami de la France et des bandes terroristes du JNIM, la résistance au coup d’État va tout de suite s’organiser autour de l’ambassadeur de la France au Niger. La carrière plus ou moins diplomatique de Sylvain Itté restera longtemps marquée par ce bras de fer perdu avec les autorités militaires à Niamey au lendemain du coup d’État contre Bazoum. Une des premières mesures prises par les nouvelles autorités au pouvoir était de mettre un terme à la présence de l’armée française basée à Niamey. L’ambassadeur de France, sur instruction de son gouvernement, refuse de reconnaître les autorités militaires issues du coup d’État, et l’armée française refuse de quitter avant de finir par lâcher, plusieurs semaines après, pour faire une sortie sans honneur par la petite porte, suivie d’un ambassadeur traumatisé par des semaines de réclusion dans sa résidence, vivant des maigres rations alimentaires. Le Président français Emmanuel Macron organise la résistance et demande à Bazoum de tenir bon. Dans toutes les rencontres internationales et les chancelleries, Macron plaide pour le rétablissement de son ami Bazoum Mohamed. L’entourage du président renversé y croit et participe à la campagne. Une majorité des soutiens à Bazoum s’échappent du pays et s’installent en France pour certains et dans les capitales francophiles, Abidjan en Côte d’Ivoire, Abuja au Nigeria, pour d’autres. Et tous se mettent à attendre le retour triomphal. Bazoum le courageux, Bazoum le démocrate ne doit pas donner sa démission, il doit résister soutient Macron qui, dans une lancée lyrique, va jusqu’à proclamer que même si Bazoum démissionne, la France ne va jamais accepter une démission obtenue sous la pression. C’était aux premières heures de l’illusion. La France était sûre qu’elle réussira à rétablir Bazoum dans ses fonctions présidentielles.

 « Les sorcières blanches »

Elles ont pour noms Geneviève Goetzinger et Marie Luce Skraburski. Deux femmes qui, dans l’ombre, gèrent tout le tapage médiatique autour du Président renversé Mohamed Bazoum. L’une, Marie Luce Skraburski basée à Paris et Geneviève Goetzinger au pays d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, sont à la manœuvre depuis le putsch du 26 juillet 2023. Ce sont elles qui sont censées avoir le génie de sortir Mohamed Bazoum de la mauvaise passe dans laquelle il se trouve. Marie Luce était déjà aux côtés de Bazoum président, elle a dirigé sa communication avec sous sa tutelle tous les membres de la cellule Communication, Abdou Pagoui, Hamid N’Gadé, Waziri Idrissa, Abdoukader Maidalili, etc. Française d’origine russe, Marie Luce a ses entrées dans les milieux des médias français même si elle n’est pas journaliste. Membre de la direction de l’Agence Image Sept qui fait la communication politique aux Chefs d’Etat africains, elle était déjà au Sénégal avec le président Abdouaye Wade, puis avec le candidat Karim Wade avant de jeter l’éponge pour rejoindre un autre ami de la France, Mohamed Bazoum. Marie Luce Skraburski, comme une sorcière de la com, a imposé sa ligne à toute l’équipe de la cellule présidentielle, les déclarations osées de Bazoum, ses propos à l’emporte-pièce portent tous la marque de sa « sorcière blanche ».

Dans les médias de l’hexagone, elle gère un portefeuille de médias partenaires de l’agence Image Sept. C’est elle qui écrit les articles qu’elle fait passer dans les journaux français, le Figaro, MondAfrique, Jeune Afrique, etc.

Deux ans après son départ du pouvoir, le destin de Bazoum est entre les mains de ces deux grandes égéries de la communication politique qui font du business pour plusieurs milliards de francs CFA avec Bazoum. Même déchu du pouvoir, Mohamed Bazoum n’a pas fini de nourrir les intérêts de certains milieux d’affaires français.

 Ibrahim Elhadj dit Hima