Dissolution des partis politiques Le CNSP a-t-il été piégé par les recalés des urnes ?

Sensées être une rencontre de citoyens résolument tournée vers l’avenir du pays, les assises nationales ont finalement été un procès contre la démocratie et une partie de ses acteurs. Après plusieurs jours de débats et autres jérémiades, notamment sur la démocratie, la sentence est tombée. Les partis politiques sont condamnés au cours d’un procès où juges et parties n’en faisaient qu’un. Les recalés des urnes les ont condamnés sans qu’ils aient reçu de convocation pour espérer plaider leur cause. Leur sentence, ils doivent disparaître. Chose curieuse, personne parmi les autres acteurs de la démocratie n’a pipé mot. Les syndicats et autres associations non politiques eux, s’en sortent miraculeusement.

Mieux, ces organisations dont l’existence est sou-tendue par l’existence d’un système démocratique, ne trouvent point dommageable que les organisations politiques disparaissent comme si le jeu démocratique pouvait exister sans eux.

Ainsi d’un trait, des recalés dans les urnes, se sont couverts d’oripeaux divers et abusés de la confiance en eux placée pour satisfaire leur vengeance sur ceux, face auxquels ils ont échoué dans des conditions de concurrence normale.

Les partis politiques sont essentiels au jeu démocratique

Les formations politiques jouent un rôle essentiel dans l’animation de la citoyenneté en servant de lien entre les citoyens et les institutions politiques. Ils sont des vecteurs d’éducation politique. Ils permettent aux citoyens de mieux comprendre les enjeux politiques, économiques et sociaux, et de se forger une opinion éclairée. En proposant des programmes politiques, des débats et des analyses, les formations politiques participent à l’éducation et à la sensibilisation à la démocratie et aux droits civiques, en rendant les citoyens plus conscients de leur rôle dans la société.

Ils ont un rôle crucial dans la mobilisation des citoyens pour les élections, mais aussi pour les activités de la vie politique en dehors des périodes électorales. Par l’organisation de campagnes, de réunions publiques ou de manifestations, ils incitent les individus à participer activement à la vie politique et à la prise de décision collective. Cela favorise l’implication des citoyens dans le processus démocratique et renforce la culture de la participation. Les formations politiques, en structurant les différents courants d’idées et les sensibilités, permettent à chaque groupe de la société de se faire entendre. Elles représentent les intérêts et les préoccupations des citoyens auprès des instances du pouvoir, contribuant ainsi à l’équité et à la diversité des opinions dans le processus décisionnel. Cela aide à garantir que les politiques publiques soient plus inclusives et en adéquation avec les besoins réels de la population.

Les partis politiques nourrissent le débat public en introduisant des idées et en offrant des perspectives variées. En participant à des débats, ils stimulent la réflexion collective sur des questions de société, permettant aux citoyens de se forger des avis et de s’engager de manière plus active dans la prise de décision politique. Ils sont des écoles de leadership. En offrant des formations et des opportunités de carrière politique, ils préparent les futurs dirigeants, qu’ils soient au niveau local ou national. Cette fonction de formation permet aussi d’assurer une continuité et une diversité dans la représentation politique.

En définitive, les formations politiques sont vitales pour la démocratie autant que les œufs le sont pour les omelettes. Il serait utopique de vouloir faire la démocratie sans les démocrates, en plus de l’injustice criarde que constitue la dissolution des associations que des citoyens ont bâti des décennies durant. Il n’est pas encore trop tard pour revoir la copie qui ne fait que le jeu des acteurs incapables de fédérer autour de leur personne même leurs propres femmes et enfants.

Oumou Gado