Point de presse du CCL Boukata : Du chantage à la défiance vis-à-vis du pouvoir !

Le président du CCL BOUKATA, une organisation de la société civile nigérienne, Anas Djibrilla pour ne pas le nommer, a animé un point de presse en fin de semaine dernière. Cette sortie qui a touché plusieurs sujets d’actualité n’a pas manqué de susciter des réactions au sein de l’opinion et surtout des esprits avertis.

D’entrée, Anas Djibrilla a tenu à préciser qu’il n’est animé par aucune haine contre qui que soit, afin, estime-t-il, de se prémunir contre les éventuels procès que ne manqueraient pas de lui faire d’autres citoyens. Une fausse note qui aurait pu être évitée. En effet, s’il n’était animé par aucune haine, pourquoi avoir senti le besoin de s’en défendre si maladroitement ?

Parlant de la libération d’une cinquante de nigériens par les autorités dans leurs efforts de décrispation pour ramener la quiétude dans la conduite des affaires publiques, le patron du CCL Boukata a estimé que le Chef de l’Etat, Abdourahmane TIANI n’a pas agi conformément aux désirs du « peuple ». Nous ignorons l’acception qu’a le président du CCL de la notion du peuple, mais nous avons été témoin de l’expression de la joie qui a inondé les familles de ces nigériens ayant recouvré leur liberté. Une joie qui s’est aussi répandue au sein de la société. N’est-ce pas le but recherché par cette vague de libération ?

Les assises nationales ont recommandé la mise en liberté des prisonniers politiques, en prenant le soin d’ajouter « civils et militaires ». Sans préjudice de la définition de « prisonnier politique », les nigériens remis en liberté dans ce cadre sont ceux qui gardaient prison pour raison de leur activisme politique. Cet activisme a revêtu pour certains le caractère d’infraction à la loi pénale ; certains ont été jugés et condamnés par les tribunaux compétents…

Toutefois, la libération ne pose de problème à nos illuminés du CCL Boukata. Ce qui dérange, en vérité, c’est la liberté accordée à des acteurs politiques dont le seul tort a été et demeure d’être dans le camp qui ne mérite que la potence. Pour le CCL et ses condisciples, les Nigériens sont de deux catégories, ceux qui méritent tous les honneurs, toutes les chances et les autres. Ces autres sont fautifs ; fautifs d’être nés tels ou tels, et ont eu l’outrecuidance de diriger ce pays ; le rôle qui n’est point le leur ! Et pour cela, ils méritent une sanction exemplaire afin que plus jamais, ils ne soient en mesure d’empêcher au « fleuve de retrouver son lit » que « la nature reprenne son droit ».

On est en présence d’une situation de défiance vis-à-vis du pouvoir. Cette défiance longtemps demeurée sous forme de chantage vient de franchir un palier pour s’afficher au grand jour.

Oumou Gado