Contrôle de qualité des produits alimentaires importés: Quid de la sécurité sanitaire du consommateur ?

Faut-il craindre pour tout ce que nous consommons, en particulier les produits alimentaires importés ? L’État se soucie-t-il vraiment de la sécurité sanitaire des consommateurs ? Voilà des questions qui taraudent quotidiennement l’esprit des citoyens, soucieux de leur bien-être. Il se pose alors avec acuité toute la  problématique de la qualité des produits qui nous viennent d’ailleurs. Quid de la sécurité sanitaire du consommateur ?

En effet, il est connu de tous que nos marchés sont inondés de produits alimentaires importés et le comble, beaucoup sommes-nous à ne guère nous préoccuper de la qualité de ces produits, pourvu qu’ils soient consommables.

Pendant ce temps, sur les marchés ou dans les boutiques du quartier, il en existe dont les dates sont arrivées à péremption, ou ne disposant d’aucune information sur les ingrédients dudit produit et donc de qualité douteuse. Malheureusement, c’est le consommateur qui en pâtit avec à la clé, des maladies cardiovasculaires aussi bien chez les adultes que chez les enfants.

Selon Sidi Fodi Hamidou du Réseau des Associations des Consommateurs du Niger (RASCONI), « protéger la santé du consommateur est un droit que l’État doit lui garantir puisqu’il s’agit là de la vie du consommateur ».

Le contrôle des produits importés est pourtant réglementé

D’aucuns pensent qu’il existe un vide juridique en matière de contrôle des produits alimentaires importés au Niger. Loin s’en faut, il existe bel et bien l’Ordonnance 93-13 du 2 mars 1993 portant code d’hygiène publique. Une disposition des pouvoirs publics pour réglementer l’hygiène et l’assainissement des produits alimentaires qui viennent d’ailleurs.

Mais la question est de savoir si les dispositions de cette ordonnance sont réellement appliquées dans le sens de garantir la sécurité sanitaire du consommateur. Ce qui fait dire à M. Sidi Fodi Hamidou qu’il y a des insuffisances notoires sur le contrôle des produits importés, puisque ‹‹ régulièrement, nous constatons sur les marchés des produits expirés qui sont vendus parce que le consommateur, du fait de son ignorance ou de sa pauvreté aiguë, pense qu’il n’a pas le choix que de consommer ces produits disponibles sur le marché ››.

D’après un cadre de la division Réglementation du ministère du commerce, l’ordonnance 93-13 du 2 mars 1993 vise justement à ‹‹ garantir le bien-être physique du consommateur et de contrôler les produits alimentaires ». À cet effet, souligne-t-il, « elle consacre des dispositions concernant l’hygiène sur les voies publiques, l’hygiène des habitations, l’hygiène des denrées alimentaires, de l’eau, des installations industrielles et commerciales, l’hygiène du milieu naturel, de la lutte contre le bruit ainsi que des contrôles sanitaires aux frontières ››.

Et Abarchi Soumana de la division du contrôle et contentieux au niveau du ministère du commerce, de témoigner que « le service de contrôle n’hésite pas à procéder à la destruction d’un produit importé s’il s’est avéré qu’il constitue une véritable menace à la sécurité sanitaire du consommateur ». Mieux, devait-il préciser, ‹‹ lorsqu’une denrée alimentaire importée est consignée, nous faisons un prélèvement, puis un examen approfondi dans un laboratoire. Si l’examen asserte que le produit est bon, on le laisse. Au cas contraire, ce sera la destruction ››, a-t-il fait savoir.

On le voit, il n’existe pas du tout de vide juridique ni absence de dispositifs sur la question du contrôle des produits importés. Seulement, il existe un grand fossé entre ce que l’on constate sur les marchés et ce que disent les textes.

À l’époque, rien qu’en évoquant le nom de service d’hygiène, cela fait trembler les commerçants et c’est tout le monde qui se met aux pas. Aujourd’hui, on est tenté de se demander si ces services d’hygiène fonctionnent encore comme de par le passé. Même si c’est le cas, comment les citoyens sauraient-ils, lorsque personne ne communique pas sur ce qui est fait pour leur bien-être. ‹‹ En toute honnêteté, même s’il y a des services sensés contrôler les produits sur le marché, ils ne font pas bien leur travail, peut-être par faute de bonne volonté ou ils sont corrompus. Sinon, en principe, rien ne doit échapper au contrôle de l’État ››, soutient Sidi Fodi Hamidou, fervent défenseur du consommateur.

En ce sens, il recommande la redynamisation du système de contrôle, tout en veillant sur tout produit suspecté d’être de mauvaise qualité. Enfin, Sidi Fodi Hamidou recommande de sanctionner tous les commerçants véreux qui veulent s’enrichir sur le dos de la population en leur vendant surtout des produits de mauvaise qualité ou avariés.

Et cela va de soi, le contrôle des produits alimentaires importés est un gage pour le bien-être du consommateur. Une seule fausse note met en danger toute une vie. Comme l’indique l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), « le contrôle des aliments joue un rôle important, en ce qu’il garantit une offre d’aliments sains, nutritifs et de haute qualité, dans l’intérêt de la santé de la population et des bénéfices économiques qui dérivent d’un commerce de produits alimentaires sains et de haute qualité ».

Koami Agbetiafa