Lors du 9e sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) qui s’est tenu en septembre 2024 à Beijing, la modernisation du continent avait largement occupé les échanges. À l’issue de la rencontre, la Chine a pris l’engagement d’accompagner l’Afrique sur la voie de sa modernisation à travers dix actions de partenariat. À l’occasion du 38e sommet des chefs d’États de l’Union africaine (UA) qui a eu lieu à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, la Chine a réitéré sa volonté d’être aux côtés de l’Afrique dans les défis auxquels elle fait face.
Dans un message adressé au 38e sommet de l’UA, le président chinois Xi Jinping a salué le développement du Sud global représenté majoritairement par la Chine et l’Afrique face à la conjoncture internationale actuelle complexe et entremêlée. Sous le leadership de l’UA, les pays africains font progresser vigoureusement l’intégration, répondent activement aux défis régionaux et mondiaux, et parlent à l’unisson en tant que « voix de l’Afrique ». Le président chinois a souhaité sincèrement aux pays africains et aux Africains un succès encore plus grand sur la voie de l’indépendance, de l’autosuffisance et du développement.
Au moment où s’est tenu le 38e sommet des chefs d’États de l’UA, le continent est confronté à un défi de la paix avec un conflit au Soudan, le terrorisme qui sévit en Afrique de l’Ouest et l’aggravation de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). En dépit de ces menaces, le continent tente tant bien que mal de répondre aux préoccupations de développement dans divers domaines. C’est dans cette perspective que Xi Jinping a appelé dans son message adressé au 38 sommet de l’UA à une solidarité agissante dans la construction d’une communauté d’avenir partagée Chine-Afrique. Pour lui, le succès du dernier FOCAC dénote que les deux parties ont entamé une nouvelle phase dans la réalisation de cette noble ambition. C’est pourquoi il a réaffirmé son soutien à la mise en œuvre des six propositions de l’UA et des dix actions de partenariat de la Chine pour que la modernisation du continent se réalise de manière conséquente.
Le Sud global a véritablement amorcé une dynamique pour que la gouvernance mondiale soit inclusive et respectueuse des intérêts de toutes les parties. Dans ce grand ensemble, la Chine et l’Afrique totalisent 2,8 milliards d’habitants. L’impératif de travailler ensemble pour la défense des intérêts de ces populations s’impose. Il est plus que jamais nécessaire de « penser comme un et d’agir ensemble » pour répondre aux défis de la modernisation, du changement climatique et des technologies qui induisent des changements énormes, notamment avec l’intelligence artificielle.
Dans un contexte où le protectionnisme, l’absence de concertation et le repli sur soi sont brandis par certains comme mode de gouvernance, l’Afrique, qui concentre le plus grand nombre de pays en développement, et la Chine doivent renforcer leur compréhension mutuelle, leur confiance et leur solidarité pour que des projets majeurs comme la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) puisse se concrétiser. L’opérationnalisation de la ZLECAf va non seulement faciliter les échanges entre États africains, mais aussi booster les échanges économiques et commerciaux entre la Chine et l’Afrique.
Pour que la voix de l’Afrique porte au sein des instances internationales, la Chine a œuvré de manière significative en faveur de l’adhésion de l’UA au G20 et de l’acceptation de nouveaux pays africains dans le mécanisme des BRICS. C’est dire que le continent a un allié de taille prêt à faire avancer sa cause sur l’échiquier international. Toutefois, il appartient aux chefs d’États africains de renforcer les pouvoirs de l’UA pour qu’elle puisse agir efficacement dans la représentation du continent à l’échelle mondiale et qu’elle s’investisse pleinement dans les initiatives en faveur de la paix et du développement sur le continent. Le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf qui a succédé à Moussa Faki Mahamat en tant que nouveau président de la Commission de l’Union africaine à l’issue du sommet devra travailler à ce que l’Afrique renforce son unité.
Karim Badolo