Interventions des ONG étrangères au Niger : Recadrer les actions et renforcer la collaboration avec l’État

 «Faire le bilan des activités des ONG étrangères et Associations de développement installées au Niger, partager les résultats des actions menées et de débattre des conditions de mise en œuvre de leurs projets », c’est l’objectif visé à travers la rencontre du 19 décembre dernier, ayant réuni autour du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, les représentants desdites organisations.

De façon plus spécifique, il s’est agi d’évaluer leurs interventions au Niger et surtout procéder à un recadrage de leurs actions afin qu’elles puissent répondre véritablement aux besoins des populations et aux priorités nationales.

L’occasion pour le Commissaire Général de Police nationale, Ayouba Abdourahamane, Secrétaire Général du Ministère l’Intérieur, de rappeler aux différentes organisations, les orientations nationales visant à harmoniser leurs actions avec les priorités du Niger. « À travers ces consultations, notre département ministériel se fixe comme objectif d’apprécier les résultats des interventions, d’échanger avec les ONG et de renforcer l’alignement de leurs actions sur les priorités nationales », a-t-il indiqué.

Une évaluation qui mérite absolument d’être faite au regard du nombre des ONGs étrangères et Associations de développement à vocation internationale exerçant au Niger. Selon les statistiques, de 2023 et 2024, il est signalé la présence de « 332 ONG étrangères sur un total de 4 122 organisations exerçant au Niger, soit 8,06 % », a souligné le Secrétaire Général du Ministère l’Intérieur qui a tenu à saluer « les contributions des ONG étrangères dans le développement du Niger ». Toutefois, le Commissaire Général de Police Ayouba Abdourahamane a soulevé quelques préoccupations en lien avec un certain nombre de manquements constatés dans la mise en œuvre des projets.

Ces manquements, a-t-il fait remarquer, concernent entre autres, « le faible respect des textes légaux » surtout quand on sait qu’en 2023, « seulement 97 ONG étrangères sur 319 éligibles, soit 30 à 40%, ont soumis leurs rapports d’activités aux autorités compétentes », ajouté au fait que « seuls 50 états financiers ont été déposés, soit 15,67 % ».

Au rang de ces manquements, il y a aussi l’absence  de « transparence financière », car certaines ONG acquièrent des fonds sans respecter les règles de transparence, en plus, elles ne collaborent pas avec les autorités nationales. S’y ajoute le non alignement des actions de certaines structures aux priorités locales. En effet, « peu d’ONGs intègrent leurs activités dans les Plans de Développement Communaux (PDC) et les Plans d’Investissement Annuel (PIA) », a dénoncé le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire.

A tous ces manquements, le Commissaire Général de Police Ayouba Abdourahamane a évoqué aussi des problèmes de gestion et de suivi. « L’octroi des marchés et l’identification des prestataires se font souvent sans respecter les textes en vigueur », rendant ainsi difficile l’implication des autorités administratives dans la planification et le suivi des projets.

Pour remédier à ces manquements, un certain nombre de recommandations ont été formulées à l’issue de cette rencontre. Au rang de ces recommandations, il a été suggéré entre autres « l’alignement sur les politiques nationales », c’est-à-dire que les interventions des ONG correspondent aux orientations et priorités sectorielles du Niger ; « implication accrue des autorités administratives », qu’elles doivent être associées à l’identification, la mise en œuvre et le suivi des projets. S’ajoute « le respect des consignes sécuritaires ». A ce niveau, il est demandé aux ONGs de se conformer strictement aux décisions sécuritaires émises par l’État. « La transparence financière », c’est à dire que « les sources de financement, l’utilisation des ressources et la réalisation des activités doivent faire preuve de transparence », puis « l’identification contrôlée des prestataires » qui signifie que l’État et ses structures doivent valider les prestataires choisis pour les projets.

Tirant la synthèse de la rencontre, le Secrétaire Général a appelé les ONG à adopter une démarche plus transparente dans leurs recherches et mobilisations de financements avant d’annoncer que des réflexions et réformes sont en cours pour adapter le cadre légal et réglementaire des ONG au contexte actuel du Niger.