Dans la dynamique enclenchée par le Niger pour atteindre son autosuffisance alimentaire, la promotion de la culture de contre-saison constitue aujourd’hui, un levier important à ne pas négliger. Après une campagne pluviale agricole jugée globalement satisfaisante, cette année, cap sur les cultures de contre-saison, pour booster la production nationale et assurer une sécurité alimentaire durable aux populations.
En effet, face à une démographie galopante et une pluviométrie de plus en plus difficile à maitriser, en raison justement de l’effet néfaste du changement climatique, la culture de contre-saison semble s’imposer désormais, comme la meilleure alternative durable pour accroître le rendement agro-pastorale, sur le plan national et assurer, par conséquent, l’autosuffisance alimentaire tant souhaitée. Cela est d’autant important, compte tenu de la place qu’occupe l’agriculture dans le produit intérieur brut (PIB) dans le pays (estimée à plus de 40% du PIB).
Ainsi, en raison du dérèglement climatique, il s’est développé, au fil des années, au Niger, les cultures de contre-saison ou cultures irriguées, pour compléter les rendements pluviales agricoles, certes importants, mais souvent insuffisants, pour couvrir la demande interne, sans cesse croissante, en besoins alimentaires au cours de l’année, y compris pour le bétail.
Selon le Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA), la culture de contre-saison ou la culture irriguée qui consiste à cultiver des plantes, en dehors de la saison des pluies, occupe une place importante dans le rendement agricole, en ce sens qu’elle assure la continuité des productions, durant l’année.
Grâce à la culture maraîchère comme culture de contre saison, le consommateur a accès à une gamme de produits sur les marchés et qui ne sont pas forcément issus de la saison pluvieuse, à l’instar de l’oignon dont le Niger est un grand producteur, mais aussi l’ail, la culture du chou dans laquelle s’évertuent plusieurs coopératives de groupements féminins en milieu rural, comme l’indique le Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger (confère son bulletin RECA info 2010).
Ce n’est tout. Au nombre des productions maraîchères, l’on peut également citer la laitue, une denrée très abondante en période du froid, la tomate, le haricot vert ou encore le manioc et bien d’autres. Tous ces produits issus de la culture maraîchère, bien qu’ils soient encore insuffisants, arrivent, un tant soit peu, à couvrir une partie des besoins alimentaires nationaux, surtout pendant les périodes de soudures où les productions pluviales sont épuisées chez les paysans. D’où la nécessité d’intensifier et diversifier la production de cultures irriguées de contre-saison, pour assurer la sécurité alimentaire au Niger.
Le cas du moringa est illustratif. Cette feuille nutritive très prisée par les nigériens, est disponible sur le marché, tout au long de l’année, grâce justement à la culture de contre-saison. Toutefois, les deux productions couplées (production pluviale et culture maraîchère) n’arrivent toujours pas à satisfaire toute la demande nationale. C’est pourquoi l’on a recourt à l’importation.
D’après le RECA, le Niger importe du moringa en grande quantité du Nigéria voisin, car l’offre locale étant insuffisante. Ce qui constitue un manque à gagner pour les producteurs nigériens. Voilà qui appelle tout un chacun à plus d’ardeur et de volonté, afin de travailler sérieusement et améliorer la productivité des cultures maraîchères au Niger.
Le gouvernement, de son côté, est en train de mettre en œuvre, le Programme Grande Irrigation (PGI). Un programme très ambitieux initié par le Chef de l’Etat pour faire face aux défis liés au changement climatique. Il vise notamment, à promouvoir les cultures de contre-saison, à travers l’aménagement et la réhabilitation de milliers d’hectares de périmètres irrigués, ainsi que l’intensification des filières comme le riz, e maïs et le blé dans les huit régions du Niger. A terme, il s’agit de booster la production céréalière et garantir la souveraineté alimentaire du Niger.
Au regard de la recrudescence des phénomènes extrêmes liés au changement climatique, à l’image des graves inondations survenues cette année dans le pays, il est impératif d’opter pour une posture d’adaptation, permettant de transformer les défis en opportunité. Comme pour paraphraser le Chef de l’Etat dans son message à la nation, à l’occasion de la commémoration du 66ème anniversaire de la proclamation de la République, « dans un pays sahélien comme le Niger, les pluies ne doivent pas être synonymes d’inondation, de destruction, de désolation et de morts, mais plutôt une bénédiction du Créateur ». Une manière pour le Général de bridage Abdourahamane Tiani d’interpeller les uns et les autres, à saisir ces difficultés, les transformer en opportunités, pour le développement du pays. Seul gage pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et mettre fin à l’insécurité alimentaire.
Koami Agbetiafa