Réduction du prix du ciment gris : À quand la baisse de prix du loyer à Niamey ?

C’est un truisme de dire que s’offrir une chambre ou une maison en location à Niamey relève d’un vrai casse-tête pour le citoyen lambda. Très onéreux et imposés d’après les humeurs du bailleur, les loyers emportent une bonne partie du revenu mensuel du locataire qui ne sait plus à quel saint se vouer. Maintenant que les autorités ont réduit le prix du ciment gris, alors, à quand la baisse de prix du loyer, longtemps attendue par les locataires ?

En premier lieu, la décision prise par le Chef de l’État, le 14 octobre dernier, de revoir à la baisse le prix de la tonne du ciment gris CEM 32.5 à 55.000Fcfa à Niamey contre 85.000Fcfa auparavant, vise à encourager les victimes des récentes inondations qu’a connues le pays, à améliorer leur cadre de vie, et à aller beaucoup plus, vers la construction d’habitats solides, susceptibles de tenir face aux intempéries liées au dérèglement climatique.

Toutefois, il n’en demeure pas moins vrai qu’il s’agit là d’une mesure qui va bénéficier au secteur de l’immobilier, pour ainsi dire à tous les citoyens. ‹‹ C’est une mesure sociale qui va profiter à tout le monde, une aubaine pour ceux qui le peuvent de finaliser leur construction à moindre coût ››, dira Malick, enseignant dans une école privée de la place.

C’est ainsi que les regards sont désormais tournés vers les bailleurs et propriétaires de maisons de location, eux qui décident et imposent, de manière unilatérale, le prix de location, selon leurs humeurs, pour qu’ils revoient le prix du loyer et alléger de ce fait, les charges des différents ménages qui croupissent déjà sous le poids de la flambée généralisée de prix des produits de grande consommation.

Pour Abdoul, taximan à Niamey, c’est aussi le droit pour les locataires d’avoir un habitat décent, à un prix raisonnable. ‹‹ Moi, je paye 30.000Fcfa chaque fin du mois dans une chambre-salon (cour commune) où l’hygiène des lieux laisse à désirer. À chaque saison pluvieuse, l’eau coule dans la chambre et le propriétaire ne veut pas sortir l’argent pour réparer quoi que ce soit ››, raconte t-il, visiblement désemparé. C’est un cas parmi tant d’autres que subissent les locataires, impuissants devant le diktat des propriétaires des maisons, en l’absence surtout d’une règlementation spécifique en la matière.

Sur la question, Sidi Fodi Hamidou du Réseau des Associations des Consommateurs du Niger (RASCONI) trouve qu’au Niger en général et à Niamey en particulier, ‹‹ les loyers sont extrêmement chers et dépassent le panier de la ménagère. Les gens fixent les prix comme ils veulent et il y a un laisser-aller, ce qui n’est pas du tout intéressant ››. Puis de renchérir, ‹‹ aujourd’hui, vous allez voir des chambres qui sont exiguës, il n’y a pas d’espace et avec la chaleur, les gens sont entassés on dirait des sardines et c’est extrêmement cher. Les gens font comme si on est dans une jungle où les grands écrasent les faibles ››. D’où la nécessité de réguler le secteur des baux et location, longtemps contrôlé par les propriétaires.

Nécessité de standardiser le secteur des baux et location

Pour mettre fin à ce laisser-aller qui ne garantit aucunement les droits du locataire, l’Etat se doit d’intervenir dans l’immobilier à Niamey, plus spécifiquement, dans le domaine des baux et location immobilière, afin d’y réguler.

Pour l’acteur de la société civile, Sidi Fodi Hamidou, fervent défenseur de la cause des consommateurs, avec la réduction du prix du ciment gris CEM 32.5, « il va de soi que les bailleurs fassent de même, en revoyant à la baisse le prix des loyers qui devient de plus en plus insupportable ».

Il faut dire qu’il existe une ordonnance en la matière, datant de 1996, mais qui peine à être mise en application. En effet, feu le président Ibrahim Baré Mainassara avait pris l’ordonnance n°96-16 du 18 avril 1996 portant code des baux à loyer, visant à réguler les prix des loyers.

Aujourd’hui, avec la décision de réduction du prix de la tonne du ciment gris, le bons sens voudra que les bailleurs et propriétaires de maisons en location fassent pareil pour soulager la souffrance des locataires, surtout dans un contexte de cherté de la vie. Au demeurant, cette baisse du prix du ciment gris offre un prétexte valable à l’Etat d’actualiser l’ordonnance de 1996 et la mettre en application. C’est aussi un avis que partage Sidi Fodi Hamidou du RASCONI qui exhorte l’Etat à prendre à bras le corps ce récurrent problème de cherté des loyers à Niamey. Cela y va du bien-être de tous.

Koami Agbetiafa