Avec une voix posée et ferme, la Dynamique citoyenne pour une transition réussie (DCTR) a porté son discours de changement. C’était à la faveur de la célébration, le dimanche 20 octobre dernier, de l’an un de sa création. Née dans les décombres de l’embrasement de la société civile, la DCTR n’a pas été très visible sur les différents stands d’affiche pour une bonne raison. Elle n’a pas participé à la mise au sac du siège du PNDS Tarayya, le parti politique du Président renversé, Bazoum Mohamed. La DCTR n’a pas non plus participé à la surenchère des violences sur les carrefours et ronds-points de la capitale.
Dans les moments de gros troubles et d’incertitude qui ont succédé aux événements du 26 juillet 2023, les dirigeants de la DCTR ont estimé qu’il faut aller vite vers les masses populaires et porter le message du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Pour la DCTR aussi, il était impérieux à ce moment-là, de nouer le contact avec les masses populaires pour relancer l’espoir.
Et c’est dans cette dynamique que dès sa création, la DCTR s’est fixée comme cible privilégiée, le Niger profond, en mettant des structures de relais au niveau de toutes les régions du Niger. Cette vision de la DCTR, quoi qu’on puisse dire, a permis de démocratiser le débat issu du 26 juillet. L’idéal du CNSP a très vite été porté auprès des populations. Ce travail de la DCTR a permis aussi d’arrimer les régions à la capitale. Zancen kasa ou labusani a très vite fusionné l’ensemble des populations dans une démarche globale en faveur du soutien aux nouvelles autorités militaires.
Mais il faut dire que cela ne s’est pas passé sans violence. La DCTR est vite apparue comme une offre alternative en termes d’action de la société civile. La DCTR s’est refusée à rentrer dans le moule général, et cette singularité ou cette différence est apparue comme une menace qui lui a value les tirs groupés d’un clergé des activistes qui avaient dès le départ, affiché leur parti pris dans toutes les démarches.
Le clergé était dans la dynamique d’un règlement de compte politique quand la DCTR annonçait la fédération des nigériens sans distinction d’horizons politiques ou d’obédience. Le clash majeur entre la DCTR et les autres, c’est surtout dans la lecture du contenu de la transition.
Quand la DCTR colle de près au discours du président de la transition, le Général Tiani Abdourahamane sur son offre d’agenda de la transition au sujet notamment de la convocation du forum national inclusif et sur la durée de la transition et la tenue des élections, les courants adverses qui marchent vers une récupération de la transition eux, prennent le contre-pied du discours du président Tiani. Pour eux, il n’y a plus de durée de la transition, malgré le discours de Tiani. Ils disent aussi qu’il n’y a plus de retour à la démocratie, parce que la démocratie c’est la France, annoncent-ils de façon anarchique.
Ils soutiennent aussi qu’il n’y a plus besoin de forum parce que les futurs représentants des entités déconcentrées sont des militants du PNDS Tarayya, le parti renversé. Tout le problème de ces activistes, c’est leur basculement dans le champ politique à tel enseigne qu’ils prônent une sorte de clivage de la République. Et s’ils ont refusé le forum pour ne pas permettre aux entités déconcentrées de prendre la parole, c’est aussi un choix politique, celui de cantonner le débat à Niamey.
Et c’est en réaction à cette menace de fracture sociale que la DCTR s’est créée comme une offre alternative face à une organisation des activistes politiques qui veulent récupérer la transition pour d’autres agendas. Le débat porté par la DCTR, si jusqu’ici il n’est pas très audible, c’est lié à cette opposition, mais il est entrain de bousculer et de plus en plus, des acteurs de la société civile nouveaux commencent à émerger et à dénoncer cette dérive outrancière dans l’affairisme politique.
Ibrahim Elhadji dit Hima