Interdiction d’exportation de certaines céréales : Une décision salutaire pour assurer l’autosuffisance alimentaire

Le ministre du commerce et de l’industrie, Seydou Asman a pris, le 24 septembre 2024, un arrêté modifiant et complétant celui préalablement pris en juin dernier, portant interdiction de l’exportation des céréales, telles que le riz paddy, le riz blanchi, le mil et le sorgho. Cette fois-ci, les pays de la Confédération de l’AES sont exempts de cette décision qui constitue, sans doute, un pas vers l’autosuffisance alimentaire au Niger.

Cette décision prise par le gouvernement nigérien (confère l’arrêté n°0054 MCI/SG/DCI/LCVC/DL du 26 juin 2024) vise avant tout, à assurer l’approvisionnement régulier du marché national, puis celui de l’espace AES que partagent désormais le Niger avec le Mali et le Burkina Faso.

Il est surtout question de protéger les consommateurs nigériens contre toute tentative de spéculation  venant des commerçants qui n’hésitent pas, un seul instant, à créer une situation de rupture de produits, pour ensuite augmenter les prix, au moment où les récoltes viennent  juste de commencer.

C’est à ce titre et en vue de faciliter l’exécution stricte dudit arrêté, que le ministre du commerce n’a pas hésité à mettre à contribution les agents de son ministère, mais aussi ceux des ministères concernés que sont les finances, la sécurité et la défense. Une synergie d’action qui pourra freiner la boulimie des opérateurs économiques.

Prenant l’exemple de la filière riz local, la majeure partie de la production locale du riz paddy est plutôt destinée à l’exportation, alors qu’elle s’avère même insuffisante pour la demande nationale. Ce sont notamment des opérateurs économiques nigérians qui viennent l’acheter auprès des producteurs locaux, pour ensuite les valoriser au Nigéria. Cela représente un manque à gagner pour l’État qui s’évertue à promouvoir cette filière afin de pouvoir répondre à la demande du marché local.

Le riz, le mil et le sorgho étant des céréales prisées, ils constituent de ce fait des aliments de base  de la plupart des ménages nigériens. Selon le Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA), l’approvisionnement du pays en riz est assurée à 80% par les importations, tandis qu’en 2013, la production rizicole locale est seulement estimée à 80.000 tonnes dont 85% proviennent des aménagements hydro-agricoles. Une situation qui crée du coup, un déficit commercial considérable que n’arrive pas encore à combler l’État.

C’est pour cette raison qu’il est essentiel de produire suffisamment de riz local qui pourra répondre convenablement au besoin de consommation locale.

Le programme Grande Irrigation (PGI 2024-2027) lancé en mars dernier par le ministre de l’agriculture répond à cela. Il vise à aménager plusieurs périmètres d’irrigation pour produire suffisamment des céréales de base et assurer une sécurité alimentaire au Niger.

En effet, ce programme prévoit, à travers tout le pays, l’aménagement de milliers d’hectares de périmètres irrigués ainsi que l’intensification des cultures irriguées telles que le riz, le blé et d’autres céréales de base. A termes, grâce à la promotion des cultures de contre saison, cet ambitieux programme d’irrigation du gouvernement nigérien sous la houlette du CNSP, entend booster la production céréalière et par conséquent, induire sur le prix des produits et soulager la souffrance des consommateurs qui subissent déjà l’effet de l’inflation sur les marchés.

Cette année, à la faveur d’une pluviométrie normale à excédentaire par endroits, la campagne agricole s’annonce déjà bien prometteuse. A cet effet, il est important de capitaliser sur les acquis et se projeter sur l’avenir avec des actions concrètes, pouvant permettre de lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire qui arrive généralement dans les périodes de soudure. Comme pour ainsi dire, agir pour anticiper.

Koami Agbetiafa