Paludisme au Niger: Un véritable problème de santé publique

Au Niger, la saison pluvieuse rime avec beaucoup de maladies, notamment le paludisme qui demeure l’endémie majeure et la première cause de morbidité et de mortalité dans les groupes les plus vulnérables (couple mère-enfant), notamment au niveau des enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Provoquée par des parasites du genre Plasmodium qui développent des résistances aux molécules antipaludiques, ces derniers sont de moins en moins sensibles aux insecticides, surtout les moustiques. En plus des pertes en vies humaines, le paludisme, en réduisant les personnes affectées à l’inactivité durant plusieurs jours, affecte l’économie en diminuant le Produit National Brut (PNB) et en entravant la scolarité des enfants et le développement social. Il est ainsi considéré comme une maladie de la pauvreté et une cause de pauvreté.

Le paludisme est transmis à l’être humain par la piqûre d’un moustique du genre Anopheles, lui-même infecté par le parasite du genre Plasmodium après avoir piqué un humain impaludé. La femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les mâles eux, ne piquent pas. La transmission de Plasmodium d’un humain à un autre se fait par l’intermédiaire du moustique qui est la cause principale. Quant à la contamination interhumaine, elle est possible d’une femme enceinte infectée à son enfant par voie transplacentaire ou par transfusion sanguine.

Le cycle de Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles, à savoir une phase asexuée chez l’être humain et une phase sexuée chez le moustique. C’est d’abord la femelle moustique qui pique l’humain et lui injecte le parasite sous forme de sporozoïte et celui-ci migre via la circulation sanguine, puis vers le foie pour enfin s’y diviser. Les parasites ainsi produits (les mérozoïtes) ont une forme différente qui leur permet d’infecter les globules rouges et continuer leur multiplication. Ceux-ci seront ingérés par un nouveau moustique lors d’une piqûre et le cycle recommence.

Quels sont les symptômes ? 

Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. 8 à 30 jours après l’infection, une fièvre se déclare. Elle peut s’accompagner d’un affaiblissement, de maux de tête, des douleurs musculaires, vomissements, diarrhées et/ou toux. Une fièvre accompagnée de tremblements, de sueurs froides et de transpiration intense peut survenir cycliquement, dues aux différentes phases du cycle parasitaire. Des symptômes plus graves peuvent avoir lieu tels qu’une difficulté respiratoire, des saignements, une jaunisse, une fatigue extrême et des convulsions.  Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent obstruer les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, ce qui peut être mortel.

Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie des individus portent en eux le parasite sans être symptomatique. A la suite de nombreuses années d’infection chronique, certains individus tolèrent la présence du parasite et développent une immunité naturelle face à lui.

Diagnostique de l’infection et les traitements 

La prise de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic en laboratoire. Un diagnostic basé sur la recherche des plasmodies (par microscopie ou test diagnostique rapide) confirme le paludisme. Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme réduisent la morbidité et préviennent la mortalité palustre (qui concerne le paludisme) et ils contribuent aussi à réduire la transmission.

Plusieurs molécules antipaludiques peuvent être utilisées en prévention sur le court terme (voyage en zone endémique), ou bien administrées comme médicaments par voie orale ou sanguine (les médicaments injectables sont administrés à l’hôpital). Les médicaments les plus courants contre le paludisme sont entre autres, « les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine contre le paludisme » ; « la chloroquine pour le traitement de l’infection » ; «  la primaquine, en plus du traitement principal, peut aider à prévenir les rechutes de l’infection »

Comment prévenir la maladie ? 

Aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale. Même si un traitement adapté a été suivi, il reste possible de faire une crise de paludisme, parfois d’apparition tardive. Toute fièvre même légère, nausées, maux de tête, courbatures ou fatigue au cours du séjour ou dans les mois qui suivent le retour des tropiques doit être considérée a priori comme un paludisme jusqu’à preuve du contraire, et mener à une consultation en urgence.

La prévention passe par la lutte antimoustique, avec des moustiquaires et des produits antimoustiques. Il existe également des traitements préventifs prescrits par un médecin avant un voyage, qui tiennent compte des zones visitées (risque, existence ou non de résistance), de la durée du voyage et aussi de la personne. L’âge, une grossesse en cours, des antécédents pathologiques, une intolérance aux antipaludiques ou encore une possible interaction médicamenteuse, sont des facteurs à prendre en compte chez la personne traitée. Toutefois, aucun médicament antipaludique ne garantit une protection absolue contre l’infection.

Aujourd’hui, le seul vaccin disponible contre le paludisme est le « RTS,S». Il montre cependant une efficacité modérée et cible seulement le parasite P. falciparum. Son utilisation reste recommandée en complément d’autres mesures afin de prévenir les formes graves de la maladie.

Le paludisme est présent dans une centaine de pays, principalement dans les zones tropicales défavorisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. La région africaine est de loin la plus touchée, avec 94% des cas de paludisme recensés dans cette région. Des épidémies peuvent survenir lors de mouvements de populations vers des zones hautement endémiques. Les personnes qui voyagent dans ces régions peuvent, elles aussi, être touchés.

Oumar Issoufa

Source : la fiche maladie de l’OMS/Juillet 2024