Conduite de la transition : Mieux exploiter le potentiel du politique

L’arrivée au pouvoir des militaires au Niger en juillet 2023 a été très vite suivie par l’interdiction des activités politiques ayant entrainé une restriction de la pluralité d’opinions dans les débats nationaux. Aujourd’hui, il apparait clairement, après la publication de la vision du président du CNSP, Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani, que le chemin inverse devra être emprunté afin de permettre une mise en œuvre efficiente dudit programme comportant 4 axes stratégiques.

En effet, depuis le 26 juillet 2023, il est connu de tous que le monopole de l’expression n’est reconnu qu’à seulement quelques milieux (pas ceux des plus brillants), ce qui a conduit à un pourrissement de bien de situations qui pouvaient pourtant trouver de solutions amiables. Au sein de ces milieux où les principaux acteurs se revendiquaient des « patriotes », alors qu’ils ne le sont outre mesure, ils soufflaient tout de même le chaud et le froid en induisant, bien de fois, les militaires au pouvoir, à des choix peu ou pas du tout porteurs. Et à mesure que l’on avance dans le temps, il est apparu clairement que ces « soutiens » ne sont que très peu utiles pour la réussite de la transition.

Aujourd’hui, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avec la médiatisation de la vision du Chef de l’Etat pour le Niger, lève toute équivoque quant à la nature transitoire du pouvoir en place, rejetant ainsi l’offre d’une dictature à durée indéterminée. D’abord indiquée à plusieurs reprises dans les adresses à la nation du Chef de l’Etat, cette option vient trouver son expression la plus achevée dans l’axe 2 de la vision du Général Abdourahamane Tiani pour « un Niger véritablement indépendant et prospère ».

Dans la poursuite de tels objectifs, le musèlement dont les organisations politiques sérieuses font l’objet depuis les événements du 26 juillet 2023, constitue aujourd’hui un manque à gagner énorme pour le pays.

Les militaires ont fort besoin de l’accompagnement du politique. Ce politique, quoi qu’on dise, a une expérience qui ne peut être que bénéfique dans la situation actuelle et la dynamique impulsée sous la houlette du général Tiani.

Perdurer dans cette mise à l’écart du politique du débat national n’augure rien de bon à la bonne marche de la transition en cours. Les universitaires en sont absents déjà et ceux qui le font sont connus pour leurs positions girouettes. C’est dire que l’heure est venue d’engager un dialogue ou disons d’ouvrir des discussions afin que des échanges jaillissent la lumière dont le pays a grandement besoin. Fort heureusement, les dirigeants militaires en ont la pleine conscience !

Ce pluralisme de voix est le choix du peuple nigérien fait à la Conférence nationale souveraine et maintes fois réaffirmé dans les constitutions successives adoptées par référendum. Le peuple nigérien a fait le choix de la démocratie comme mode de gouvernance de la chose publique. Ce choix, même s’il est tempéré par l’acceptation des transitions, ne souffre d’aucune ambiguïté. Du reste, les transitions n’interviennent que pour réguler un dysfonctionnement, puis remettre le pays sur les rails de la démocratie lorsqu’à la suite d’un événement exceptionnel il les a quittés.

Autoriser l’exercice des activités des partis politiques est porteur de bien d’avantages pour la sortie de crise. Les autorités militaires du CNSP y trouveront ainsi des partenaires pour une démarche plus inclusive.

L’élargissement de l’espace politique passera par celui de la libération des responsables politiques du défunt pouvoir en détention sans que des charges suffisantes soient retenues contre eux. Ce sera sans nul doute un coup décisif que le CNSP assénera à tous les nervis qui ne cessent de vouloir le pousser à une gouvernance faite d’exclusion et surtout de vengeance.

Oumou Gado