Alors que la fête de la Tabaski s’approche à grands pas, l’affluence au niveau des ateliers de couture n’est plus celle des grands jours, comme ce fut le cas les années précédentes. Symbole de la morosité économique liée à la crise actuelle que traverse le pays, la timide sollicitation des clients, la faillite de certains ateliers voire la fermeture d’autres explique ainsi cette situation qui inquiète énormément les tailleurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.
À l’atelier DM Couture au quartier Recasement de Niamey, Ousmane Ibrahim, le patron dudit atelier est assis à la devanture, en train de surveiller sa tasse de thé sur le feu. Il attend impatiemment l’arrivée d’un probable client en cette fin de matinée.
À l’intérieur, ces deux apprentis sont assis devant leurs machines, tricotant quelques tissus, histoire de tuer le temps. ‹‹ En principe, à pareils moments, à quelques jours de la fête, c’est une grande affluence, mais comme vous le voyez vous-mêmes, il n’y a pas de travail. Mes apprentis et moi attendons qu’un client vienne pour se faire confectionner un habit ››, explique Ousmane Ibrahim.
Pour ce dernier, c’est le même scénario pendant la dernière fête du Ramadan où les clients se sont faits rares. ‹‹ Aujourd’hui, les gens pensent d’abord au manger, surtout avec le sac de 25 kilo du riz à 18.0000f, se faire confectionner un habit pour soi ou pour toute la famille, c’est le cadet des soucis ››, raconte-t-il.
Cette morosité n’est pas sans conséquence sur les entrées financières de la boîte, comme l’explique Ousmane Ibrahim de DM Couture. ‹‹ La crise actuelle dans le pays a vraiment impacté notre secteur d’activité. Dans les années précédentes, 10 jours avant la fête, je ne prends pas de commande au risque de ne pas pouvoir satisfaire le client, mais aujourd’hui, si on amène, je prends puisqu’il n’y a pas de travail ››, fait savoir le patron de DM Couture, ajoutant que face à cette timide sollicitation des clients, ils privilégient désormais le prêt-à-porter, confectionné pour la vente.
Au regard des difficultés actuelles que vivent les tailleurs, Ousmane Ibrahim en appelle à la clémence des autorités du pays pour qu’elles trouvent une solution à leur secteur d’activité, aujourd’hui à l’agonie. Car, insiste-t-il, ‹‹ la solution est avec elles ››.
À dire vrai, le ressenti de la situation actuelle n’épargne aucun tailleur, surtout ici à Niamey. Si d’aucuns arrivent à tirer leur épingle du jeu, avec de rares petites commandes, d’autres ont carrément fermé leurs ateliers. C’est le cas d’Abdoulaye Moumouni de AM Fashion au quartier Liberté de Niamey. ‹‹ Avec un loyer à 75.000f, j’étais obligé de fermer mon atelier, parce qu’on ne pouvait plus supporter les charges et puis les clients ne viennent plus comme auparavant ››, se justifie-t-il.
Des cas pareils, il y en existe plusieurs à Niamey
Malgré cette morosité économique, quelques tailleurs arrivent quand même à garder le cap. C’est le cas chez Abdoul Baki Oumarou de ABO Galadima Couture de Niamey. ‹‹ Moi, je garde espoir, c’est pourquoi chaque jour que Dieu fait, je viens ouvrir mon atelier pour que le client vienne me trouver ››, rassure-t-il.
Face à la crise actuelle, il s’est plutôt montré optimiste quant à un dénouement heureux. C’est pourquoi, il lance un appel à l’endroit des autorités pour soulager la souffrance des tailleurs qui ne savent plus où se donner la tête.
Koami Agbetiafa