Les soutiens au régime militaire burkinabè sont en train de célébrer le coup de force du capitaine Ibrahim Traoré. Ils n’arrêtent plus d’exprimer leur joie aux termes des travaux des assises nationales qui ont adopté une nouvelle charte de la transition burkinabè et qui a prolongé la durée de la transition de trois ans et demie. Cela à compter du 2 juillet 2024. Dans le timing initial, la transition burkinabè devrait prendre fin le 1er juillet 2024. Globalement, la transition burkinabè va alors s’étaler sur 60 mois, soit 5 ans.
Les travaux des assises nationales du Burkina Faso, convoquées le samedi 25 mai dernier, devaient se tenir sur deux jours, mais ont finalement été écourtés en une seule journée. Ils ont réuni chefs traditionnels, acteurs de la société civile, cadres et personnalités politiques, entre autres. Même s’il faut le rappeler, beaucoup de partis politiques ont refusé d’envoyer des représentants parce que ces rencontres interviennent alors qu’ils sont suspendus de toute activité politique. Autre élément des conclusions des assises, l’homme fort de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré est autorisé à se présenter aux prochaines élections présidentielles.
Ces assises du Burkina interviennent quelques jours après le dialogue inter-malien qui s’est tenu le 10 mai dernier et qui a prononcé la rallonge de la durée de la transition. Le dialogue inter-malien a aussi stipulé que le président de la transition, Assimi Goïta puisse se présenter aux prochaines élections présidentielles et a appelé à élever au grade des généraux, les cinq colonels, actuellement à la tête de la transition malienne.
Globalement au Burkina comme au Mali, le débat n’est pas encore en faveur de la démocratie
« Le code a été validé pour 5 ans. La veille citoyenne se poursuivra durant cette période pour la protection des intérêts du peuple souverain », a publié sur sa page Facebook, Ibrahima Maïga, un activiste de la société civile, et fervent soutien au président de la transition burkinabè. Les indicateurs sociaux sont très clairs dans ce sens, une large frange des activistes de la société civile est en train de prendre la place des partis politiques dans une sorte de jeu de connivence avec les pouvoirs militaires. C’est d’ailleurs en misant dans cette concurrence entre les partis politiques et les acteurs de la société civile que les patrons des transitions militaires ont pris l’initiative de suspendre les partis politiques. Ils se sont ménagé la proximité avec les acteurs de la société civile qui prennent ainsi leur revanche dans l’accompagnement du pouvoir sur des durées illimitées.
Du côté du Niger, on suit les débats au Mali et récemment au Burkina avec intérêt. Le Niger va-t-il s’aligner sur ses frères du Burkina et du Mali ? L’AES va-t-elle être le vaste cimetière de la démocratie ? Pour l’instant, rien n’est encore sûr. Aucune indication claire que le Niger va se jeter dans les méandres de cette arithmétique d’addition continue des tranches de durée de la transition. Aucune durée n’a encore été retenue au Niger.
Les consultations nationales qui devaient adopter souverainement la durée de la transition n’ont pas encore été convoquées même si elles avaient été annoncées en début de la transition. « C’est de façon consensuelle entre acteurs venus de divers horizons que la durée de la transition sera arrêtée », a affirmé sans ambages, le Chef de l’État du Niger. Le Général Tiani Abdourahmane a toutefois précisé, lors d’une allocution solennelle, que la durée de la transition ne saurait dépasser 3 ans.
L’exception nigérienne va-t-elle encore jouer? Attendons de voir
De tout le temps, le Niger a eu une gestion administrative et politique très différente du Mali et du Burkina Faso. Le Niger a eu un modèle d’intégration qui a toujours été différent de celui malien et burkinabè. Ce qui a au Niger de résister mieux aux crises sécuritaires là où le Mali et le Burkina se sont littéralement effondrés. Sur les solutions aux crises des rébellions, le Niger a eu une meilleure offre de solution.
Dans ces ébullitions sociopolitiques que connait la région du Sahel, la solution de sortie de crise du Niger est vivement attendue. Va-t-elle s’aligner sur les deux pays de l’AES, le Mali et le Burkina Faso ou va-t-elle confirmer encore une fois l’exception nigérienne ?
Ibrahim Elhadji dit Hima