A l’annonce de la levée des sanctions qui frappent le Niger par la conférence des chefs d’État de la CEDEAO et de l’UEMOA qui s’est tenue le 24 février 2024 à Abuja au Nigeria, les réactions des citoyens ouest-africains sont divergentes. Si chacun est allé de son avis pour approuver la mesure, la rejeter ou avoir une posture mi-figue mi-raisin, d’autres ont mis très tôt, la charrue avant les bœufs. C’est ce que l’on peut dire de la réaction de cet homme qui, avant que les militaires au pouvoir au Niger n’autorisent la réouverture de la frontière qui sépare le pays du Bénin, a cru bon de la franchir.
Plusieurs sources ont, à ce propos, rapporté que l’homme qui voulait traverser la frontière depuis le Bénin pour se rendre en territoire nigérien avait ignoré les sommations des militaires qui veillent au respect de la fermeture de ladite frontière du côté du Niger.
D’après le Premier Adjoint au Maire de Malanville, une ville frontalière située en territoire béninois, rapporté par un confrère nigérien et qu’une source sécuritaire (Infos Militaires) a relayé, des témoins lui ont rapporté avoir « entendu deux (2) coups de feu et les cris d’alerte des militaires nigériens ».
Ils lui ont dit avoir « aperçu un homme qui avançait vers les militaires nigériens » positionnés à la limite de la frontière. Selon toujours les mêmes témoins, « l’homme a quitté Malanville en direction de Gaya [Ndlr: ville frontalière située au Niger] et a voulu forcer le passage sur le pont ».
Ils ajoutent que »malgré les tirs et les cris » de sommations, »il ne s’est pas arrêté » et les militaires nigériens »ont finalement tiré sur lui », a précisé le Premier Adjoint au Maire de Malanville.
Depuis l’adoption des sanctions contre le Niger par la CEDEAO et l’UEMOA, plusieurs pays membres de ces organisations ont fermé leurs frontières, notamment le Bénin et le Nigéria. Malgré les pressions populaires, Nigeria et Bénin ont gardé des postures des plus dures à l’endroit du pays.
Avec le temps, autorités béninoises et nigérianes n’ont que constaté que les sanctions contre le Niger n’ont pas produit les effets escomptés.
Une réouverture mutuellement bénéfique
Plus le temps passe, plus les populations béninoises se rendent compte que le transit des marchandises vers le Niger contribue fortement à faire tourner le port de Cotonou duquel dépend une grande partie de l’économie.
Ce ralentissement des activités du port de Cotonou fait l’affaire de celui de Lomé au Togo, port vers lequel le Niger s’est tourné pour assurer l’approvisionnement de ses populations en produits pharmaceutiques et de consommation courante.
Aux dernières nouvelles, une délégation de douaniers nigériens est au Bénin. Ce qui provoque de réels espoirs chez les populations et un ouf de soulagement pour les économies des deux pays.
En dépit du mea-culpa des autorités béninoises et des appels pour une éventuelle réconciliation, le Niger semble hésiter à ouvrir la frontière de son côté.
Principale voie du Niger pour son approvisionnement et l’exportation de toute sorte de produits, notamment l’uranium, le pétrole, l’oignon…, le Bénin reste un corridor naturel et vital au Niger.
Ce qui laisse présager que la frontière entre les deux pays finira par s’ouvrir surtout que les populations n’attendant que cela pour renouer avec leurs activités d’échanges qui, pendant longtemps, leur ont fait nouer des liens d’amitié et de fraternité.
D’ores et déjà, le 2 mars 2024, le Niger a procédé au lancement officiel de l’exportation de son pétrole via un pipeline long de plus de 2000 km et qui traverse littéralement le territoire béninois jusqu’au terminal pétrolier situé dans le pays.
Bassirou Baki