Dans la région de Tillabéri au Niger, le 18 janvier 2024, aux environs de 09h10mn, un véhicule FDS a sauté sur un Engins Explosifs Improvisés (EEI) à Niakatiré sur l’axe menant de Torodi à Makalondi, à la hauteur des deux antennes des réseaux de téléphonie mobile de la place. D’après Infos Militaires, une source proche des Forces de Défense et de Sécurité qui a rapporté l’information, deux (2) militaires sont tombés à cette occasion et 5 autres ont été blessés.
De telles informations sont courantes dans cette zone depuis des années. Bien que celles-ci soient de moins en moins relayées par des sources sécuritaires crédibles, elles ne provoquent pas moins de sérieuses inquiétudes chez les populations nigériennes.
Plusieurs fois, des habitants de cette zone font état des incursions des groupes terroristes et les victimes qui vont avec sans que ça ne fasse l’objet d’un communiqué quelconque de la part des officiels nigériens. Cela ne voudrait pas dire, outre mesure, que les autorités et les forces de défense et de sécurité n’accomplissent pas assez d’efforts sur le terrain dans le combat contre le terrorisme et la sécurisation des populations et leurs biens.
De grandes prouesses sont, d’ailleurs, à mettre à leur actif, des victoires retentissantes ont par elles été remportées et pourtant, ça fait près de dix ans que le terrorisme perdure sans qu’on en voit un semblant d’issue. Le moins qu’on puisse dire est que le terrorisme perdure et tend à s’exacerber malgré la mobilisation plusieurs années durant des armées classiques des plus puissantes auprès de celles des pays du Sahel.
Face à une telle situation, une rupture de confiance s’est installée de manière crescendo entre les pays impactés par l’insécurité terroriste et les armées étrangères présentes au Sahel.
Ce qui a conduit les autorités militaires qui sont à la tête des pays sahéliens à prendre des mesures qui vont de la dénonciation des accords de défense à l’exigence d’un départ définitifs desdites armées de leur sol.
Ces mesures ont beaucoup plus visé les forces françaises qui étaient les premières à être sur le terrain de la lutte contre le terrorisme au Sahel sans remporter, par contre, un succès significatif.
Au Niger, ce départ définitif des soldats français s’est produit le 22 décembre 2023 en même temps que leur pays, la France, annonçait la fermeture de son ambassade à Niamey.
Cette rupture de relations diplomatiques et militaires entre la France et le Niger profite à d’autres acteurs, anciens et nouveaux.
L’Allemagne et les USA, deux des partenaires traditionnels dans la lutte contre le terrorisme restent, pour leur part, sur place auprès bien évidemment des russes qui, de plus en plus, deviennent très actifs dans le renforcement de leur coopération avec le Niger dans de nombreux domaines.
Ce renforcement des relations entre le Niger et la Russie a été suffisamment raffermies suite à la visite menée la semaine dernière par le Premier Ministre nigérien, Mahamane Lamine Zeine.
Ce dernier, à la tête d’une importante délégation, était à cette occasion accompagné notamment du Ministre de la Défense Nationale, le Général de Division Salifou Modi, et ceux de l’Énergie, des Mines et du Commerce.
Sur place à Niamey, des sources proches de la primature font savoir que le déplacement de Lamine Zeine à Moscou entre dans le cadre de la diversification des partenaires du Niger sur le plan de la défense, de l’énergie et des infrastructures. Bien avant cette rencontre du Chef de Gouvernement nigérien et sa délégation avec les autorités russes, des entrevues ont réunis à plusieurs reprises le Ministre de la Défense Nationale, le Général de Division Modi, et des diplomates russes, notamment au Mali.
Le Niger et la Russie ont, d’ailleurs, au début du mois de décembre, signé des accords jusque-là maintenus secrets. Ce rapprochement de Niamey avec Moscou provoque des grincement de dents en Occident, notamment aux Etats-Unis dont la Secrétaire d’État Chargée des Affaires africaines, Molly Phee, a laissé entendre que le Gouvernement américain n’a pas « d’objection à ce que des pays diversifient leurs partenariats, évidemment s’ils choisissent d’avoir un partenariat avec un pays comme la Russie, ce sera compliqué. Je pense que s’ils regardent juste à l’ouest au Mali et qu’ils voient l’augmentation du nombre de victimes civiles et qu’ils voient l’augmentation des attaques depuis que la junte au pouvoir a invité le groupe Wagner et expulser les français, c’est un exemple que je ne voudrais pas suivre et que la plupart des gens ne voudrait pas suivre pour gouverner un pays ».
Ce qui laisse entrevoir l’état d’esprit dans lequel les nouvelles relations du Niger avec le pays de Valdimir Poutine plonge Washington.
Bassirou Baki