Depuis les évènements du 26 juillet dernier, le Niger était devenu quasiment la risée du monde sur le plan diplomatique. Cette situation, sans doute peu envieuse pour un pays comme le nôtre et ayant marqué de sa forte empreinte sur ce plan, semble évoluer favorablement. En effet, la présence de S.E.M. Lamine Zeine Ali Mahamane, Premier ministre, n’est pas passée inaperçue à Riyad. Et pour de nombreux observateurs, ce déplacement confirmerait le retour du pays sur la scène internationale. Ce qui serait plutôt de bon augure pour la suite des négociations afin de sortir le pays de l’impasse, même si les sanctions infligées par la CEDEAO et certains partenaires continuent d’asphyxier le pays.
Sortie remarquable pour le Premier ministre
Alors que le Conseil National pour la Sauvegarde
de la Patrie (CNSP) peine à s’extraire de l’étau des sanctions économiques, le Premier ministre a réussi à briser, comme évoqué précédemment, l’isolement diplomatique qui frappe le Niger. Riyad a constitué ainsi son tout premier déplacement hors du Continent, plus de trois mois après les événements du 26 juillet 2023. Le moins que l’on puisse dire, ce déplacement a été l’occasion pour lui de tenir un discours de « vérité », dénonçant à nouveau « les sanctions iniques et illégitimes » infligées « injustement » au Niger et montrer au monde que les relations internationales s’orientent vers une multipolarité. Il a également « invité tous les pays et partenaires épris de paix à venir investir au Niger et développer des partenariats mutuellement avantageux » (l’intégralité de son discours est à retrouver via ce lien : https://www.lesahel.org/discours-du-premier-ministre-lamine-zeine-ali-mahaman-au-sommet-saoudo-africain-a-riyad-arabie-saoudite-jinvite-tous-les-partenaires-a-venir-partager-avec-nous-les-perspective/).
L’Arabie Saoudite, un partenaire économique pour l’Afrique en puissance
Après le sommet Russie-Afrique organisé par Vladimir Poutine qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, les 27 et 28 juillet derniers, c’est autour de l’Arabie Saoudite, nouveau membre des BRICS, de tenir à son tour, son sommet avec l’Afrique. Traditionnellement, ce pays, la puissance wahhabite distille principalement un soft power mâtiné de diplomatie religieuse sur le continent africain en général et au Niger en particulier. Une influence organisée autour de constructions des mosquées, de formations d’imams et de délivrance de visas pour le pèlerinage à La Mecque. Ce rôle n’a cessé, toutefois, d’évoluer ces dernières années à la faveur de la stratégie de diversification de l’économie du pays, adoptée par les autorités saoudiennes. En effet, la diversification est au cœur de la stratégie du royaume et exposée dans l’agenda Vision 2030, lancé il y a cinq ans.
Il s’agit de sortir de la rente pétrolière, considérée comme un « cadeau empoisonné » par maints économistes, et de préparer l’après pétrole. Moins par crainte d’épuisement des réserves locales, estimées officiellement à 250 ans de production actuelle, que pour anticiper le jour où le pétrole serait supplanté par des énergies alternatives. C’est dans ce cadre, entre autres, que le roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud et le prince héritier du royaume, Mohammed Ben Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, ont en effet accueilli le vendredi 10 novembre 2023 à Riyad, plusieurs chefs d’État africains pour échanger autour d’un thème « multidimensionnel » : « Développement et prospérité : agriculture, éducation, santé et aide humanitaire ».
Sur le plan symbolique, les dirigeants africains et saoudiens réunis « se sont déclarés satisfaits de l’ambiance de dialogue fructueux qui a prévalu lors du sommet et du consensus atteint en termes de vues et de visions et pour avancer sur un certain nombre de questions régionales et internationales actuelles », selon une déclaration finale relayée par l’Agence de presse saoudienne (SPA).
Arabie Saoudite – Niger : un partenariat à développer davantage
Les relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et le Niger sont excellentes. Quant aux échanges commerciaux, ils sont difficilement quantifiables, preuve de leur faiblesse, comparés avec des pays comme la France. Toutefois, le blocus économique qui pèse actuellement sur le Niger, qui doit inciter les nouvelles autorités à faire davantage d’imagination pour élaborer plusieurs stratégies devant permettre de contrecarrer les sanctions économiques à court terme, peut être une occasion pour les booster. Ce n’est un mystère pour personne, le Niger a de nombreux atouts à faire valoir. Cela tombe bien puisque le Royaume nourrit beaucoup d’ambitions pour le développement en Afrique et envisage d’investir sur la décennie 2023-2033, un montant de 4 milliards de riyals saoudiens, plus d’un milliard de dollars américains. C’est une initiative qui devrait contribuer à faire avancer le processus de développement dans le continent africain.
Au-delà des aides « classiques » évoquées précédemment, et que le Niger vient de bénéficier à nouveau pour 105 millions de Riyal Saoudien (SAR), soit près de 16,5 milliards de FCFA, les autorités doivent poursuivre les efforts visant à redorer l’image du pays, renforcer son attractivité pour espérer attirer les investisseurs saoudiens qui s’intéressent davantage à d’autres contrées considérées comme des terres pleines de promesses. Les capitaux pourraient, par exemple, servir à financer des projets de développement relevant, entre autres, du secteur agricole, du secteur de l’éducation, de promouvoir la santé publique, mais aussi des nouvelles technologies qui suscitent un fort engouement auprès de la jeunesse nigérienne.
Adamou louché Ibrahim
Economiste