Une épidémie de méningite à méningocoques C sévit depuis quelques mois dans la région de Zinder où plusieurs décès ont été enregistrés. Tout en mettant en garde contre les risques de propagation de la maladie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la mise en œuvre des campagnes de vaccination.
Entre le 1er novembre 2022 au 27 janvier 2023, un total de 559 cas de méningite à méningocoques ont été signalés dans la région de Zinder. De ces 559 cas dont 111 sont confirmés en laboratoire, 18 décès ont déjà été enregistrés.
Selon l’OMS, le district sanitaire le plus touché de la région est Dungass avec 324 cas dont 6 décès. Il est suivi des départements de Matamèye avec 98 cas dont 3 décès ; de Mirriah avec 72 cas dont 3 décès ; Magaria 38 cas dont 5 décès ; Gouré 2 cas, 0 décès ; et de la ville de Zinder avec 7 cas dont 1 décès.
La même source, rapportant le Centre de recherche médical et sanitaire (CERMES) de Niamey, indique que la majorité des cas confirmés en laboratoire, soit 104 sur 111 (soit 93,7%) sont dus à Neisseria meningitidis du sérogroupe C (NmC).
La situation est en augmentation par rapport aux 231 cas signalés pour la même période de 2022. « Cependant, l’épidémie en cours montre à la fois un nombre accru de cas et un taux de croissance accru par rapport aux saisons précédentes », rapporte l’OMS.
Laquelle indique que la région de Zinder partage une frontière internationale avec l’État de Jigawa au Nigeria où une épidémie de méningite à Méningocoque C est également en cours, confirmant le risque de propagation internationale. « (…) L’apparition simultanée d’autres épidémies, l’insécurité et les déplacements de population, le tout dans le contexte d’une crise humanitaire prolongée, sont susceptibles de contribuer à la propagation de la flambée dans d’autres pays de la sous-région ouest-africaine », ajoute l’OMS qui rappelle que le Niger est régulièrement frappé par des épidémies de méningite en raison de sa position au sein de la « ceinture africaine de la méningite », s’étirant sur tout le continent, du Sénégal à l’ouest jusqu’à l’Ethiopie à l’est, avec des épidémies récurrentes chaque année.
La même source souligne que des campagnes de vaccination avec le vaccin antiméningococcique polyosidique trivalent ACW ont été mises en œuvre.
Causes, symptômes et épidémiologie
L’Institut Pasteur définit la méningite comme une infection des enveloppes entourant le cerveau, les méninges. Elle est causée par plusieurs types de virus, de bactéries et de champignons. Selon la même source, les méningocoques (autre nom de la bactérie Neisseria meningitidis) constituent les causes majeures de méningites aiguës. Les infections à méningocoques ont un taux de mortalité élevé, malgré le traitement, à 10%, et un fort potentiel épidémique. Selon l’OMS, les infections méningococciques touchent 500 000 personnes par an dans le monde.
L’Institut Pasteur distingue les causes des méningites d’origine virale à celles des méningites d’origine bactérienne. Ainsi, les méningites d’origine virale sont généralement bénignes chez les patients ne souffrant pas d’un déficit immunitaire, le rétablissement étant le plus souvent spontané : le malade guérit sans séquelles au bout de quelques jours. Les méningites d’origine bactérienne peuvent être graves, et les espèces responsables de méningites aiguës sont variables selon l’âge.
Ainsi, chez le nouveau-né (les 28 premiers jours), les bactéries redoutées sont les streptocoques du groupe b, Escherichia coli et listeria monocytogenes. Chez le jeune enfant, jusqu’a 5 ans, les trois principales espèces en cause sont haemophilus influenzae, neisseria meningitidis (meningocoque) et streptococcus pneumonie (pneumocoque).
Après 5 ans, les deux espèces bactériennes les plus fréquemment rencontrées sont neisseria meningitidis et streptococcus pneumoniae. Cependant, la vaccination infantile contre h. Influenzae de type b a abouti pratiquement à l’élimination de cet agent de méningites.
Les symptômes de la méningite sont multiples. en effet, la méningite àméningocoques survient généralement dans la première enfance (maximum d’incidence chez les moins d’un an) et chez l’adolescent et l’adulte jeune (entre 16 et 24 ans). La maladie associe un syndrome infectieux (fièvre, maux de tête violents, vomissements) et un syndrome méninge (raideur de la nuque, léthargie, troubles de la conscience, voire coma).
Chez le nouveau-né et le nourrisson, ces symptômes sont moins marqués en ce sens que l’excès brutal de fièvre est parfois accompagné de convulsions ou vomissements. L’apparition de taches hémorragiques sous la peau, s’étendant progressivement est un critère de gravité de l’infection et une menace de choc septique, imposant le traitement antibiotique et l’hospitalisation d’urgence.
Les méningocoques se transmettent par contact étroit (moins d’un mètre), direct et prolongé (plus d’une heure) avec les secrétions rhinopharyngées. Les infections méningococciques sont endémiques dans le monde (500 000 cas par an selon l’OMS). Les méningocoques sont les seules espèces bactériennes, capables de provoquer des épidémies de méningites.
En somme, douze sérogroupes de neisseria meningitidis sont actuellement décrits selon la composition de la capsule bactérienne. Mais les sérogroupes a, b, c, w, x et y sont à l’origine de la quasi-totalité des cas d’infection invasive. Lors des épidémies, c’est la même souche qui se répand, la dissémination est dite « clonale ».
Almoustapha Aboubacar