Révision du premier axe de la DPG: Le projet de texte adopté par la majorité des députés

Le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou à la tête de son équipe gouvernementale, s’est livré ce vendredi 22 avril 2022, au sein de l’hémicycle, à un exercice d’exposé des motifs portant relecture de la Déclaration de Politique Générale (DPG), sur l’axe numéro un, relatif à la sécurité et la quiétude sociale. Le projet de texte modifiant et complétant l’axe 1 de la DPG a reçu l’approbation de la majorité des élus du peuple, à travers un vote massif de 131 voix sur les 162 députés ayant voté. 
La démarche du gouvernement s’inscrit dans la conformité avec les articles 107 et 108 de la Constitution du Niger. L’article 107 alinéa1 précise que ‹‹ la responsabilité du gouvernement peut être engagée devant l’Assemblée Nationale soit par le vote d’une motion de censure, soit par un vote de défiance ›› ; et l’article 108 qui dispose que ‹‹ lorsque l’Assemblée Nationale adopte une motion de censure, désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du gouvernement ou lui refuse sa confiance à l’occasion du vote d’un texte, le Premier Ministre remet au Président de la République, la démission du gouvernement ››.
Après les mots introductifs du Président de l’Assemblée Nationale  SEM Seini Oumarou, place à la présentation faite par le Premier Ministre sur l’exposé des motifs portant projet de texte modifiant et complétant l’axe 1 de la DPG, Déclaration de Politique Générale du gouvernement, en présence des membres du gouvernement et des honorables députés.
Dans son exposé des motifs, le Chef du gouvernement a dressé le tableau de la situation sécuritaire de façon générale, avant de mettre en relief le bien fondé d’un partenariat avec les forces étrangères sur le territoire nigérien.
La situation d’insécurité que vit le Niger, est née de la crise survenue en Libye, explique Ouhoumoudou Mahamadou aux députés nationaux. À partir de là, a t-il précisé, notre pays est confronté à quatre foyers actifs de tensions sécuritaires au Nord à la frontière avec la Libye, à l’est au niveau du bassin du lac Tchad, à la frontière avec le Nigéria et la zone des trois frontières considérée comme la plus  dangereuse et d’où les groupes terroristes affiliés à Al Qaida et à l’État islamique sèment la désolation au sein des populations, volent leur bétail, brûlent les greniers en dépit de la mauvaise campagne agricole de l’année dernière, tuent et assassinent civils et militaires à la fois.
À titre illustratif, le Premier Ministre a annoncé qu’en 2021, on compte plus de 800 victimes civiles et militaires. Dans l’ensemble du pays, poursuit-il, on dénombre à la date du 30 janvier 2022, 758 écoles fermées avec 72981 élèves qui ne vont pas à l’école.
D’autres facteurs aggravants tels que la défaite de l’État islamique et Daesh en Irak et en Syrie ainsi que le retrait de Barkhane et Takouba du Mali, avec qui le Niger partage 800 km de frontière et les coups d’État militaires survenus au Mali et récemment au Burkina-Faso, comme  souligné par le Premier Ministre dans l’exposé des motifs.
Au regard de ce tableau dressé sur la situation sécuritaire à la représentation nationale, le PM a expliqué la pertinence de l’initiative prise en accord avec le Président de la République, en vue de réviser l’axe 1 de la DPG, aux fins de l’adopter au nouveau contexte et d’en engager le débat au sein de l’hémicycle.
Aussi le Premier Ministre  a exprimé la disponibilité du gouvernement à collaborer avec tous ceux qui veulent aider notre pays à éradiquer le terrorisme et le crime organisé. Et de poursuivre que ‹‹ nouer de nouveaux partenariats  ne remet nullement en cause notre souveraineté sur le territoire national ››.
Le texte soumis à l’appréciation des députés nationaux est composé de trois paragraphes et vise à compléter les dispositions de l’axe 1 de la DPG, en indiquant la possibilité de nouer des alliances des plus larges possibles pour lutter contre le terrorisme, d’accueillir sur le sol nigérien, les forces alliées et les faire participer aux opérations militaires conjointes.
Ainsi, le texte soumis à l’appréciation des députés est libellé comme suit : ‹‹ l’évolution de la situation sécuritaire requiert un engagement commun du gouvernement de notre pays et d’autres nations pour une nette efficace contre le terrorisme, dans le cadre d’accords de coopération bilatéraux ou multilatéraux existant ou futur. Du reste, notre pays a toujours plaidé pour une coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et pour la pérennité du financement de cette lutte, vu son poids sur le budget des États sahéliens qui font par ailleurs face à de nombreux autres défis.
La prise de conscience de pays européens par rapport à la dimension internationale de la lutte contre le terrorisme nous reconforte. Nous apprécions positivement les décisions du sommet de l’Union Africaine avec l’Union Européenne tenu le 17 février 2022 à Bruxelles qui marque un engagement très fort de pays européens au côté des pays africains. C’est ainsi que la France, l’UA et la CEDEAO ont convenu de poursuivre leur action conjointe de lutte contre le terrorisme, à travers une réarticulation du dispositif actuel et d’en arrêter les paramètres d’ici juin 2022. Dans le cadre de notre lutte commune contre les groupes armés terroristes opérant en Afrique de l’ouest, les forces spéciales des pays amis seront déployées et installées sur les territoires des pays membres de la CEDEAO affectés par les menaces, notamment le Bénin, le Ghana, le Niger et la Côte d’Ivoire. Notre pays abrite déjà des bases logistiques et de transit de certaines forces spéciales européennes, dans le cadre de leur opération de lutte contre les groupes armés terroristes au Mali, au niveau de l’aéroport de Niamey. De nouvelles implantations seront créées plus près des théâtres d’opérations. Ces implantations des forces concernées et les règles de leur engagement feront l’objet d’accord conforme aux dispositions constitutionnelles et légales de notre pays ››, a exposé le Chef du gouvernement devant la représentation.
Après l’exposé par le PM des motifs du projet de texte modifiant et complétant l’axe 1 de la DPG, il s’en est suivi un débat au cours duquel le Chef du gouvernement a été interpellé sur plusieurs points. Les questions ont surtout porté sur le contenu de l’accord de coopération, les causes du terrorisme, l’efficacité du partenariat avec les forces étrangères, sans oublier la problématique du changement climatique.
Suite aux explications du Premier Ministre sur les différentes interventions des honorables députés,  place à l’exercice  d’explication des votes auquel se sont livrés les sept groupes parlementaires présents à l’hémicycle.
Tour à tour,  les groupes parlementaires les Républicains, MPR Jamuhuriya et  apparentés, PNDS Tarayya, Rassemblement des Démocrates, Union pour la République (UPR) et le groupe parlementaire Lumana Africa se sont succédés pour approuver ou rejeter le projet de texte du gouvernement.
Au terme du vote, le projet de texte modifiant et complétant l’axe 1 de la DPG a reçu l’approbation de la représentation nationale, au travers d’un vote massif de 131 pour, 31 contre et zéro abstention. Le Premier Ministre a saisi l’occasion pour féliciter les honorables députés pour leur confiance renouvelée.
Koami Agbetiafa