• Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
• Monsieur le Premier Ministre,
• Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Députés,
• Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,
• Distingués Invités,
• Mesdames et Messieurs,
Ces dernières semaines, le terrorisme a encore frappé des populations civiles innocentes. Plusieurs dizaines de nos concitoyens ont ainsi été sauvagement assassinés par des éléments des groupes armés terroristes et criminels dans les régions de Tahoua et Tillabéri. En leur mémoire et à celles de toutes les victimes du terrorisme, je vous demande d’observer une minute de silence pour le repos de leur âme. (Je vous remercie).
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de féliciter mon camarade, mon ami et frère, le Président Mohamed Bazoum pour sa brillante victoire au 2ème tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier. Je lui souhaite beaucoup de succès dans la mise en œuvre de son programme, le Programme de Renaissance acte 3, « consolider et avancer ». Ce succès, que j’appelle de tous mes vœux, sera celui du peuple Nigérien. Il sera celui d’un modèle de démocratie, un modèle qui vise la consolidation d’institutions démocratiques fortes et stables, des institutions aptes à nous mettre à l’abri de la dictature et de l’anarchie, des institutions capables d’asseoir de manière solide l’alliance de l’ordre et de la liberté. La dictature et l’anarchie sont comme charybde et scylla. Voilà les deux monstres qu’il nous faudra combattre avec fermeté, sans concession.
Le passage de témoin, le 02 avril prochain, est un grand pas que nous accomplirons dans cette direction. Ce jour-là, dans moins d’une semaine, j’entamerai une nouvelle vie, une vie différente, mais une vie qui sera caractérisée par la permanence de mes convictions c’est-à-dire des valeurs auxquelles j’ai toujours cru. J’ai porté ces valeurs dans l’opposition pendant vingt ans. J’ai tenté de les mettre en œuvre pendant dix ans d’exercice du pouvoir. Ces valeurs, je peux m’en servir autrement que je ne l’ai fait jusqu’ici. J’ai décidé de m’en servir pour animer une fondation, la Fondation Issoufou Mahamadou (FIM). La présente rencontre a pour objectif d’en donner l’information, le dossier de reconnaissance, en cours de préparation, devant être transmis au Ministère de l’Intérieur le 05 avril prochain.
Mesdames et Messieurs,
La Fondation Issoufou Mahamadou est un cadre de réflexion et d’action. « Penser pour agir » est sa devise. Son but est de promouvoir la paix, les idéaux démocratiques et le panafricanisme par le débat et la recherche et de mener des actions de développement durable dans les domaines économique, politique, social, culturel et environnemental.
La quête de la paix est une préoccupation permanente pour toutes les sociétés. Les temps que nous vivons, caractérisés par le défi sécuritaire que constituent pour le terrorisme et le crime organisé, nous en prouvent l’importance. La paix est nécessaire pour bâtir, pour construire et offrir un avenir radieux aux citoyens. C’est un bien précieux qu’il faut promouvoir aussi bien entre les États qu’entre les individus. Dans nos traditions, on considère que la paix est préférable à l’exercice du pouvoir. La paix est une façon de vivre en société, une manière d’être et de faire qui s’apprend, se développe et se cultive. La Fondation Issoufou Mahamadou peut contribuer à la transformation des comportements en mettant l’accent sur la reconnaissance de la dignité humaine, la justice et l’équité, la tolérance, la solidarité et l’hospitalité, la préférence pour le bien commun, le rejet de la violence sous toutes ses formes, la prévention et la résolution pacifiques des conflits, la promotion du dialogue, le combat contre l’exclusion, la pauvreté et les inégalités économiques du genre, le combat contre la dégradation de l’environnement, la promotion du vivre ensemble.
Pour ce faire, la FIM aura recours à l’éducation à travers la sensibilisation et la transmission des connaissances dans le domaine de la paix, à la mobilisation des individus et à leur participation à la définition et à la mise en œuvre des pratiques responsables, à la prévention des rivalités à travers l’information.
Mesdames et Messieurs,
La paix, la démocratie et le panafricanisme sont intimement liés. L’Afrique s’émancipera à condition qu’elle s’unisse. Pour s’unir, il faut partager les mêmes valeurs. La démocratie et le panafricanisme sont les valeurs communes dont l’Afrique a grand besoin. Le panafricanisme c’est le patriotisme non pas à l’échelle d’un pays mais à l’échelle continentale. Comme le patriotisme, et contrairement au nationalisme, il est l’amour des siens et non la haine des autres. La diffusion de ces valeurs est une tâche essentielle pour la construction de l’Afrique que nous voulons, une Afrique en paix, prospère et dirigée par ses propres enfants. La Fondation Issoufou Mahamadou a pour ambition d’y contribuer à travers la mise en place d’un centre de documentation et d’archives, l’organisation de colloques, de séminaires, de stages de formation, l’édition et la diffusion de textes historiques ou de contributions originales, la conduite des études et recherches.
Mesdames et Messieurs,
La paix et la sécurité supposent non seulement la démocratie mais aussi le développement. Nos pays ont besoin à la fois de régimes politiques stables mais aussi d’une forte croissance économique inclusive. Cette croissance ne peut rendre possible l’éradication de la pauvreté que si nous nous engageons dans un processus résolu de capture du dividende démographique, ce qui suppose la maîtrise de la croissance démographique, l’investissement dans le capital humain et la création de nombreux emplois notamment pour les jeunes. Investir dans l’éducation notamment dans la scolarisation de la jeune fille, dans la santé, notamment dans la santé de la reproduction, dans l’accès à l’eau, dans l’autonomisation de la femme et la lutte des violences basées sur les genres feront partie des priorités de la Fondation Issoufou Mahamadou qui fera partie des acteurs de première ligne dans la sensibilisation afin que notre pays en particulier et les pays africains en général tirent des avantages de leurs pyramides des âges, afin qu’ils puissent transformer leurs actifs démographiques en dividendes économiques.
Mesdames et Messieurs,
La question climatique est aussi aujourd’hui une question centrale, parce qu’elle conditionne le développement et même la viabilité de nos pays et de nombreuses autres régions du monde. Le changement climatique est une menace pour notre sécurité collective comme l’illustre la situation dans les régions du Sahel et du bassin du Lac Tchad. Au Niger, le phénomène des changements climatiques se caractérise par des catastrophes naturelles comme les inondations et les sécheresses. Ces catastrophes sont aussi à l’origine de l’exacerbation de la pauvreté. Elles sont une des causes principales de la vulnérabilité des populations.
La lutte contre le changement climatique est donc une priorité de premier ordre. Notre Fondation apportera sa contribution dans la maîtrise de cette question par des initiatives diverses notamment par la restauration et la défense des terres, par la reforestation, la protection des écosystèmes et de la biodiversité. De manière générale elle contribuera à la mise en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation en vue de limiter la hausse de température à 1,5°C d’ici la fin du siècle.
J’ai l’habitude de rappeler que nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. Il est indispensable de préserver la terre pour les générations futures, c’est-à-dire répondre à nos besoins présents sans compromettre la capacité de ces générations à satisfaire leurs propres besoins. La Fondation Issoufou Mahamadou s’efforcera d’apporter sa contribution en vue d’une véritable prise de conscience écologique. Cette prise de conscience est indispensable dans un pays aussi écologiquement fragile que le nôtre.
Mesdames et Messieurs,
La Fondation Issoufou Mahamadou sera une institution non partisane. Elle tentera, sur tous les secteurs que je viens d’évoquer, d’apporter sa modeste contribution dans le combat pour l’émergence de notre continent. Ce combat sera long et prendra plusieurs décennies. Notre continent le gagnera si ses enfants sont unis. « Si tous les enfants du pays venaient, par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays sera sauvé », disait le roi Ghézo. Avec l’Agenda 2063, l’Afrique a bien assimilé le message de ce sage roi du Benin.
Pour ma part, je tiens à réaffirmer ici ma foi en cette Afrique maîtresse de son destin, en cette Afrique qui gagne, en cette Afrique qui émerge, une Afrique prospère, en paix, une Afrique débarrassée du terrorisme et du crime organisé. La Fondation Issoufou Mahamadou participera à la réalisation de cet idéal par la réflexion et l’action. Les revenus tirés du prix Mo Ibrahim serviront, entre autres, au financement des activités de la Fondation. C’est le lieu de renouveler mes remerciements à la Fondation Mo Ibrahim pour l’honneur qu’elle me fait et à travers moi au peule Nigérien.
Je salue et remercie tous les amis qui ont décidé de se joindre à moi afin de continuer à être au service de la paix, de la démocratie, du panafricanisme, du capital humain et du climat. Je vous salue, vous tous, de votre présence à cette rencontre d’information sur le projet de création de la Fondation Issoufou Mahamadou.
Je vous remercie.