La France a son Jean Marie LE PEN, le Niger a son Hama Amadou, comme quoi le Niger n’est pas en reste par rapport à la France s’il s’agit de descendre dans les égouts nauséabonds de la xénophobie, du racisme et du « tribalisme ». En matière de provocation, notre Hama national n’a rien à envier au Français qui parlait de l’Equipe Internationale de France, en guise de récompense à l’équipe nationale « multiraciale » qui venait de donner à la France sa première coupe du Monde de Football en 1998. D’aucuns diront que la comparaison est un peu osée. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années », Hama peut mériter cette comparaison, tant il est vrai qu’il est hors pair pour semer la haine tribale et raciale, son sport favori.
A peine a-t-il fini de purger une peine d’emprisonnement pour supposition d’enfants, achetés dans le cadre d’un réseau international de trafic de bébés, il a l’impudence d’accuser à mots, presque découverts, Bazoum de pratiques esclavagistes et de demander aux Nigériens de barrer la route à sa candidature présentée comme étant totalement « illégitime ».
La candidature légitime, c’est la sienne malgré sa condamnation par la justice à une peine de prison d’un an. Il l’a fait valider à l’occasion du congrès de son parti dont il ne peut plus être président à cause de sa déchéance induite par sa condamnation justement. Voilà en effet quelqu’un qui ne peut plus diriger légalement un parti qui prétend diriger tout un pays. Un véritable retournement de situation digne d’une comédie Dell’ arte où les acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la ruse, la naïveté, l’ingéniosité…
La haine de l’ancien Poujadiste, Jean Marie le Pen, « le Français au sang bleu », issu de Vercingétorix et d’autres histoires mythiques des Gaulois de « Astérix et Obélix » contre les nationalistes jaunes du Viêt-Cong et arabes qu’il a combattus dans les campagnes d’Indochine et d’Algérie peut s’expliquer : ils sont coupables de vouloir s’affranchir du joug de la France impériale de l’époque.
Mais malheureusement, au Niger, il n’y a pas de Jaunes mais seulement des Arabes, dont un en particulier, Bazoum Mohamed ! Notre le Pen peut s’acharner sur lui, le vilipender, le traiter d’esclavagiste et profiter de l’occasion pour stigmatiser tous les Arabes en les accusant de trafic de drogue et de terrorisme. Dans son envolée lyrique du 29 aout Hama ne manquera pas de blasphémer en appelant à « aider », Allah, le miséricordieux pour qu’il l’aide à extirper Bazoum et les siens afin de préserver, les autres nigériens de l’esclavage.
Diantre ! comment peut-on être aussi odieux et prétendre gouverner tous les Nigériens ?! Malgré cela, certains de ses « amis » de la presse et des réseaux sociaux ont le courage de l’applaudir.
C’est triste et c’est très grave ! On doit réfléchir, sur ce qu’on voudrait que ce pays soit. Si celui qui parle, débite des paroles insensées et sans limites, l’interlocuteur, doit avoir le sens de la jugeote dit un proverbe de chez nous.
Nous ne voulons point accabler Hama Amadou ou le vouer aux gémonies, un art que lui affectionne. Nous avons tout le respect pour lui et ses partisans avec lesquels nous vivons en convivialité. Mais, certaines paroles ne doivent pas sortir « de la bouche » d’un responsable. Ce n’est point des accusations que nous portons. En Occident on dit que l’écrit demeure, la parole s’envole… Ici, en pays de l’oralité, les « paroles » survivent et s’oublient rarement…
Nous nous souvenons déjà que Hama s’était présenté comme « Seul Représentant de l’Ouest » au conseil de défense. A une autre époque on se souvient des insultes qu’il avait proférées à l’adresse des populations de Zinder.
Pour Jean Marie le PEN, il est loisible de remonter dans sa généalogie jusqu’au moment où l’histoire se confond avec la légende. Mais, Hama Amadou, de quelle histoire peut-il se prévaloir, lui, dont les plus proches ignorent l’origine, à plus forte raison la généalogie ?
Je voudrais lui dire que son racisme est politiquement contreproductif et qu’il ne peut abuser que ceux qui ont envie de le croire sans que ni eux ni lui a fortiori ça ne leur rapporte quoi que ce soit.
Lui qui dénie sa nationalité d’origine à Bazoum a-t-il jamais lu un seul livre sur l’histoire de notre pays ? A-t-il lu le livre de Djibo Hamani intitulé « le sultanat touareg de l’Ayar» (Éditions Harmatan)? A-t-il lu le livre de Jean-Claude Zeltner intitulé » Histoire des Arabes sur les rives du lac Tchad » (Éditions Karthala)? S’il avait lu ces auteurs et en particulier le livre de Djibo Hamani qui est à sa portée il aurait beaucoup appris sur la tribu de Bazoum, les Awlad Slayman. Il y aurait lu notamment à la page 393 que » l’attaque Awlad Sulayman qui semble avoir été la plus importante, celle en tout cas qui allait déclencher la grande riposte des Kel Ayar, eut lieu à Bilma le vendredi 16 du mois Zul Hijja de l’année 1265 ( 3 novembre 1849). Novembre 1849 ! Il aurait appris beaucoup de choses sur la guerre que cette tribu a mené contre les Touaregs de l’Aïr au point d’être parvenue en 1857 à tuer le grand de l’Ahyar Annur ag-Adodé et Al-Haj Annur des Kel Tadaq. Il aurait pris connaissance des récits faits par les explorateurs Natchigal et Barth sur les Awlad Slayman et leur histoire dans le Kanem au 19 e siècle, le Kanem qui est cet espace qui s’étend de l’est du massif de Termit au Niger aux confins du Bahr El Ghazal au Tchad.
En lisant cette histoire, M Hama aurait alors pu repérer un nom: celui de Cherfeddine Mohamed. Eh bien qu’il sache que ce Cherfeddine qui a été assassiné par le chef de guerre touareg Khanjar Ag Talha près de Tanout alors qu’il était venu en médiateur au nom de sa tribu dont il était le chef n’est autre que l’arrière-grand-père de la femme de Bazoum, Khadija Mabrouk Ben Adham Ben Waheda Ben Cherfeddine justement, par ailleurs cousin de l’arrière-grand-père de Bazoum, Salem Belhaj. Il a été assassiné par Khanjar quelques mois seulement après la rencontre de Cherfeddine en février 1900 avec le capitaine français Lamy à Baroua ( dans le département actuel de Bosso) à la tête d’une délégation de notables de sa tribu comprenant notamment Salem Belhaj, l’arrière-grand-père de Bazoum, Boussada Dougli, l’arrière-grand-père de feu Mohamed Ben Omar et Yahaya Ben Abdallah, l’arrière-grand-père de feu Ali Saad( l’ami du Général Baré mort avec lui le 9 avril 1999). Les archives de la préfecture de Nguigmi contiennent le document de l’accord passé entre le capitaine français et la délégation des notables Awlad Slayman.
Je mets au défi Hama Amadou de m’indiquer le nom d’un seul de ses grands parents qui figure dans des archives officielles ou dans un livre relatif à l’histoire du Niger.
Etre né à Youri de parents nés à Youri et à Niamey ne fait pas de Hama Amadou plus nigérien d’origine que Bazoum né de parents et de grands parents nés à Ngourti.
Ali R. SEKOU (Historien)